Faisant un ménage de printemps, et me décidant alors à me séparer de quelques bricoles, je réalise n’avoir toujours pas présenté mes Wharfedale W15/CS, sur lesquels pourtant j’ai accumulé pas mal de documentation, et m’étais pas mal renseigné.
Aussi, je m’y attèle. Voici le W15/CS :
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Remarquons d’emblée que la puissance de son aimant l’amène à jouer dans la cour des Altec 803, 416 et JBL D130, pour ne parler que de ceux qui me viennent à l’esprit.
Reste que s’il joue dans la même cour par la puissance de son aimantation, et est à cet égard semblable à ses concurrents, le W15/CS s’en distingue par sa suspension en feutre de laine. Pour comprendre pourquoi celui-ci en est équipé, retraçons sa genèse.
Le haut-parleur W15 a été commercialisé dans les années 40. Il était alors identique à celui présenté ici, à ceci près de la suspension, qui ne formait qu’un avec la membrane de papier, et à ceci près (à confirmer) du spider, qui était en bakélite.
Dans cette décade, Gilbert Briggs décide de s’inspirer des haut-parleurs d’avant la Seconde Guerre Mondiale (Rice-Kellogs, BTH, Magnavox, Bakers-Sellhurst, Hartley Turner, Voigt, et d’autres) équipés de suspensions en cuir ou en tissu, et de revenir aux suspensions souples.
Pour cause, si le cône d’une seule pièce avec une suspension petit pli est moins onéreux à produire et permet une production de masse, il présente trois inconvénients :
- il est difficile d’obtenir une complainte suffisante pour donner une résonance basse sans rendre les bords trop fins. Et les bords trop fins ne permettent pas de maintenir la bobine centrée dans l’entrefer, ni dans son excursion.
- les plis ont classiquement des résonances qui produisent des irrégularités avec une coloration audible.
- les plis sans traitement ne possèdent pas l’impédance mécanique appropriée pour absorber l’énergie des hautes fréquences qui atteint les bords du cône ; elles sont alors renvoyées derrière le cône et produisent des ondes stationnaires.
Ces problèmes peuvent être surmontés (notamment) en remplaçant la suspension en papier par une suspension en tissu.
Dès lors, en 1946, Gilbert Briggs prend le parti de décliner un modèle 10 pouces de la marque, le W10, en l’équipant d’une suspension en feutre de laine. Dans les années qui suivent, l’idée sera appliquée également aux autres hauts-parleurs de la marque, dont le W15/CS présenté ici.
Ce n’est qu’en mai 1956 que la technique sera abandonnée au profit de suspensions en mousse, Gilbert Briggs ayant découvert avec son fabricant de cônes les effets de celles-ci en fin d’année 1955. Le W15/FS (foam surround) sera alors commercialisé, lequel bénéficie d’une fréquence de résonance fondamentale encore plus basse. Remarquez que l’on peut voir parfois sur eBay des W15/FS avec une suspension en feutre de laine et non en mousse. En effet, la mousse ne tenait pas dans le temps, et Wharfedale assurait la réfection en installant les anciennes suspensions en feutre de laine.
En juin 1961, les suspensions en mousse seront abandonnées au profit de suspensions en polyuréthane expansé. Le modèle W15/FS sera alors remplacé par le W15/RS (roll surround).
Revenons en au W15/CS, et sa suspension en feutre de laine. Elle présente principalement deux avantages ; celui de baisser la fréquence de résonance fondamentale, et celui d’améliorer la réponse transitoire du haut-parleur (en comparaison d’une suspension classique).
S’agissant de la fréquence de résonance, l’effet est immédiat : quand le Wharfedale W15 a pour fréquence de résonance 60 htz, celle du W15/CS descend à 25/30 htz. C’est dire qu’il reproduira infiniment mieux les basses fréquences, pourvu qu’il soit monté dans une caisse adaptée. Gilbert Briggs publiera les plans d’une caisse idéale, et les calculs permettant de déterminer la taille de l’évent. J'en dirai plus dans de prochains messages.
Quant à l'amélioration de la réponse transitoire, Gilbert Briggs en apporte la preuve par l'expérience dans son ouvrage « Sound Reproduction ». Il réalise des tests entre deux hauts-parleurs ne se distinguant que par la suspension ; le premier a une suspension en papier petit pli, et le second en feutre de laine. Le second aura une meilleure réponse transitoire, c’est dire que sa membrane reviendra plus rapidement à sa position 0 (incursions et excursions en moins grand nombre, et plus rapides).
A noter tout de même que la suspension en feutre de laine ne permet pas une étanchéité parfaite à l’air, et qu’il y a une légère fuite d’air, cela entraînant une légère perte de rendement par rapport à une suspension en papier. Gilbert Briggs proposait dans ces livres à ceux qui souhaitaient une membrane étanche d’appliquer une solution de polyisobutylene, étant précisé que ce n’était pas une solution qu’il avait personnellement adopté.
Vous savez à peu près tout ce que j’ai appris en lisant « Sound Reproduction » et « Loudspeakers » de Gilbert Briggs, et « A Pair of Wharfedale » de David Briggs (dont le grand-père était le cousin du père de Wharfedale, vous suivez ?).
Qu’en est-il de l’écoute ? Je ne peux pas vous répondre, je ne les ai jamais essayés montés dans une caisse adaptée avec un filtrage adapté et de pair avec un médium aigu adapté.
Vous trouverez après quelques documentations d'époque, une première de 1948, et une seconde de 1952.
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