CHARLES BROWN
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Depuis l'école du cool,à la dérive sans fun
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CHARLES BROWN est l'homme qui reprit le flambeau des mains de "Nat King Cole" en 1945, lorsque les rythmes de ce dernier s'adoucirent
et se ramollirent pour lui ouvrir le chemin de la gloire. A l'instar de Cole, Brown était un personnage de grande classe, un pianiste et
un chanteur dont le style associait canaille et élégance.
Mose et Mattie Brown donnèrent le jour à Charles Mose Brown le 13 septembre 1922 dans une cabane derrière une église de Texas City,
pas très loin au sud de Houston (Texas).
Mattie mourut quand Charles avait à peine six mois; elle n'en avait que vingt et un. Sur son lit de mort, elle demanda que l'enfant soit élevé
par ses parents à elle, Swannie et Conquest Simpson. Swannie dirigeait le chœur et la chorale de l'église baptiste de la chapelle de Barbous,
et ce fut elle qui initia son petit-fils à l'art de jouer du piano et d'imiter le son d'Art Tatum, de Fats Waller et de tous ces gens qui menaient
de l'exaltation dans l'air et faisaient bouger les touches comme par magie quand il actionnait inlassablement les rouleaux du piano
mécanique. Elle lui fit connaitre non seulement le gospel et le jazz, mais aussi la musique classique. Il suivit les leçons de Mme Wallace,
qu'il n'aimait pas parce qu'elle lui tapait sur les doigts quand il faisait une faute; puis celles de Mlle Janice Felder et de Cora Gamble,
à Galveston, une ville toute proche.
Il jouait du piano à l'église et, dès qu'il eut quatorze ans, alors qu'il était encore élève au lycée Central High de Galveston, il se produisit
dnns les boites de nuit de Galveston Beach avec le chef de l'orchestre du Central High, Fleming Huff, et le professeur de physique Costello James.
Il entrait furtivement dans d'autres boites pour écouter des musiciens tels qu'lvory Joe Hunter - des hommes qui insufflaient une nouvelle vie,
pleine de force, au vieux blues du Texas. Il se mit à écrire ses propres blues.
Après avoir obtenu ses diplômes et travaillé durant l'été comme planton à l'hôpital John Sealy, Charles Brown fit ce qu'aucun chanteur
de blues texan n'avait fait avant lui: il s'inscrivit à l'Université.
Il suivit les cours de l'université de Prairie View pendant quatre ans, étudiant la chimie, les mathématiques et les sciences de l'éducation.
Pendant cenc période, il perdit son grand-père Conquest, faillit mourir de la malaria, et la chanson de Louis Jordan "Knock me a kiss" modifia
sa façon d'entendre le monde. Pendant l'été 1943, il obtint son diplôme de licencié ès sciences et devint enseignant au lycée Carver, à Baytown.
Il effectua son service civil en tanl que chimiste au Pine Bluff Arsenal, dans l'Arkansas. Après s'être engagé comme volontaire dans le service actif
et avoir été reformé pour cause d'asthme, il se rendit à Los Angeles. Au Lincoln Theatre, sur Central Avenue, il remporta un concours d'artistes
amateurs en jouant le Concerto de Varsovie et une version boogie-woogie de St. Louis blues, et obtint un engagement dans l'orchestre du Lincoln,
dirigé par Bardu-Ali. (Le batteur de l'orchestre, à cette époque, était un Grec de vingt et un ans, John Veliotes, qui se faisait passer pour un Noir
répondant au nom de Johnny Otis et devint par la suite, sous ce pseudonyme, une vedette du rock'n'roll.)
Après le Lincoln, il fut engagé pour distraire la clientèle des dineurs de l'lvie's Chicken Shack, ""le Poulailler d'Ivie"". (Cet Ivie n'était autre
qu'Ivie Anderson, qui chantait dans "I got it bad and that ain't good" - "Je l'ai mal pris et c'est pas bien" - et dans beaucoup d'autres morceaux
enregistrés par Duke Ellington de 1931 à 1942.)
Il quitta le poulailler pour faire équipe avec deux musiciens qui cherchaient un nouveau pianiste pour leur trio.
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Les deux gars étaient, tout comme Charles, originaires du Texas: le guitariste Johnny Moore (37 ans) et le bassiste Eddie Williams (31 ans) avaient
tous deux assisté à la prestation de Brown dans le concours d'amateurs du Lincoln. Leur trio, fondé en 1942 et conçu comme un groupe dont tous
les membres étaient égaux, s'appelait" Johnny Moore's Three Blazers" ,"les Trois Costards de Johnny Moore".
Le pianiste originel du groupe, Garland Finney - qui était tuberculeux - était parti rejoindre Erskine Hawkins."
Bien des années plus tard, Eddie Williams se rappelait leurs débuts:"
- En ce temps-là, le jeu de Charles n'était pas encore tout à fait professionnel, mais il avait une bonne technique et il était suffisamment rodé
pour que nous soyons certains qu'il arriverait facilement à la perfection. Nous lui avons appris à attacher sa main gauche derrière son dos
et à s'entraîner en jouant seulement de la main droite. Tu vois, nous ne voulions pas que sa main gauche joue les lignes de basse, parce que
c'était mon territoire. Les sons graves étaient à moi. Charles ne devait travailler qu'avec sa main droite, en se donnant à lui-même la réplique,
comme ça : il chantait un vers, puis il se répondait au piano. Lui et Johnny travaillaient des figures ensemble. Johnny attendait de voir ce que
Charles allait faire, et il complétait le tout avec la guitare. Une fois toutes ces choses mises en place, Charles a utilisé de nouveau sa main
gauche, mais seulement pour équilibrer ce que faisait la main droite en jouant les accords fondamentaux.
C'est pour ça que notre trio sonnait si bien. Nous avions travaillé tout ça.
Le frère cadet de Johnny, Oscar Moore, était le guitariste du Nat King Cole Trio depuis 1937· Cole venait de graver deux disques pour la petite
firme de Robert Scherman, Premier (plus tard rebaptisée Atlas), quand Johnny, Eddie et Charles entrèrent à leur tour dans le studio de Scherman
sur Sunset Boulevard. Avec l'aide d'Oscar, qui s'était joint à eux, ils enregistrèrent Tell me you'll wait for me (""Dis-moi que tu m'attendras""),
chanson écrite par Oscar et Charles, et plusieurs autres morceaux. Frankie Laine, qui habitait à cette époque dans sa voiture, était également
présent ce soir-là. Il chanta à la place de Charles sur deux chansons: Melancholy Madeline (""Mélancolique Madeleine""), écrite par Scherman,
et Maureen.
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Au printemps 1945, les Johnny Moore's Three Blazers enregistrèrent pour Exclusive, firme dirigée par Leon René, un Créole de Louisiane dont
le frère aîné, Otis, possédait sa propre firme, Excelsior -pour laquelle Leon avait produit le King Cole Trio et d'autres artistes -, depuis 1942,
c'est-à-dire l'année précédant la naissance d'Exclusive. (Les deux frères avaient décroché la timbale en 1944 avec Mexico Joe - "Joe de Mexico",
interprété par l'ancien employeur de Brown, Ivie Anderson, le disque étant sorti à la fois chez Excelsior et Exclusive.) Le premier disque des "Blazers pour Exclusive, You taught me to love (""Tu m'as appris à aimer""),
couplé avec Johnny's boogie (""Le boogie de Johnny""), parut en juillet et passa inaperçu, comme leur précédent disque chez Debut. Il ressortit
en novembre, couplé avec Blues at sunrise (""Blues à l'aube""), sur lequel le groupe accompagnait celui qui avait été le mentor de Brown
au Texas, Ivory Joe Hunter. Blues at sunrise, paru sous le nom de Hunter, devint son premier tube dans le classement rhythm 'n'blues, et par
la même occasion le premier succès des Blazers.
Entre-temps, le groupe avait trouvé un emploi régulier dans un club appelé Talk of the Town ""Toute la ville en parle"". Charles avait écrit
une chanson intitulée Drifting blues, ""le blues de la dérive"" - une lancinante tragédie mâtinée d'ivresse mélancolique , et le groupe était
parti s'installer au Copa Club. Brown et ses acolytes avaient perfectionné la chanson. Elle devint légendaire en ville et attirait toujours plus
de gens aux concerts des Johnny Moore's Three Blazers à mesure que l'année 1945 avançait. Parmi ces gens se trouvait Ed Mesner, qui venait
de fonder avec son frère Leo la firme Philo, et le producteur Sammy ""The Black Jew"" (""le Juif Noir"") Goldberg - à propos de ce dernier,
Eddie Williams se rappelait qu'il n'arrêtait pas de jeter en l'air un dollar chaque fois que nous jouions Drifting blues .
Goldberg dit à Mesner que Drifting blues était un chèque en blanc.
Mesner fit entrer les Blazers en studio, accompagnés par le batteur Johnny Otis, le 14 septembre 1945· Huit chansons furent enregistrées
ce soir-là , des standards revisités, tels que Till the real thing comes along (""Jusqu'à ce que le grand truc arrive""), qui datait de 1931,
et des originaux du trio, tels que Blazer's boogie (""Le boogie du costard"") et Race-track blues (""Le blues du champ de courses"").
Mais le principal événement de la soirée fut l'enregistrement du Drifting blues de Charles. (Ils se crurent malins , après tout, il n'existait pas
de droits d'auteurs pour les Blazers du monde entier en ce temps-là, mais seulement un forfait versé au moment des séances d'enregistrement,
assorti de belles promesses , en enregistrant une version abrégée de la chanson, puis en allant chez Modern, la firme de Joe Bihari, enregistrer
les parties restantes sous le nom de Travelin' blues (""Le blues du voyage ""). Ils apaisèrent la colère de Mesner en disant qu'ils avaient fait
cet enregistrement pour Modern avant d'avoir signé avec Philo.)
Drifting blues entra dans le classement rhythm'n'blues à la fin du mois de février 1946 et y resta jusqu 'en août. Même s'il n'atteignit jamais
la première place, mais seulement la deuxième (il n'y eut en tête du classement rhythm'n'blues, pendant toute cette année, que trois artistes :
Louis Jordan, qui s'y maintint avec cinq disques pour une durée totale de trente-huit semaines; Lionel Hampton et Dinah Washington, avec
Hey! Ba-ba-re-bop; et les lnk Spots - ""les Taches d'Encre"" - avec The Gypsy, ""La gitane""), Drifting blues fit l'effet d'un cataclysme.
Jamais plus on n'associerait le blues avec un ramassis de paumés tellement bourrés qu'ils n'arrivaient même pas à pisser debout.
Charles Brown avait rendu le blues cool, peignant un désespoir aussi épuré qu'une Buick noire étincelante roulant sur l'autoroute à la tombée
de la nuit.
Après la séance chez Philo, qui avait concrétisé la prophétie du chèque en blanc faite par le Juif Noir, le groupe retourna chez Exclusive, pour
qui les affaires marchaient très bien grâce au succès de The Honeydripper (""L'égouttoir à miel ""), par Joe Liggins.
Sorti l'été précédent, quelques jours à peine après le premier disque des Blazers pour Exclusive, celui de Liggins prit la première place du
classement rhythm'n'blues, resta classé pendant plus de six mois et devint la meilleure vente rhythm 'n'blues de la décennie.
Pendant les quatre années qui suivirent, les Blazers enregistrèrent aussi bien pour Exclusive que pour la firme Modern des frères Bihari.
Lorsque le frère de Johnny, Oscar, quitta Cole en 1947, il se joignit au groupe. (Mais ils ne s'appelèrent pas pour autant ""les Quatre Costards"",
une nouvelle carte de visite, ça coûte cher.) Leur son était incontestablement singulier. Défini par les lignes brillamment entrelacées des guitares
amplifiées des frères Moore - en particulier la grosse Super 400 de Johnny - et du piano de Brown, et surtout par la voix de ce dernier, leur son
possédait les insaisissables qualités du vent nocturne, tantôt violent et tantôt doux, tantôt apaisant et tantôt sinistre.
Il y eut encore des tubes : Sunny road (""La route ensoleillée"")"et So long (""Adieu""), à la fin de l'année 1946; en 1947, New Orleans blues
(""Le blues de la Nouvelle-Orléans""), écrit par René, Changeable woman blues (""Le blues de la femme versatile"") et Merry Christmas baby
(""Joyeux Noël, poupée"") - cette dernière chanson redevint un tube la saison suivante et reste l'une des grandes réussites du rock'n'roll - ;
en 1948, Groovy movie blues (""Le blues du film dans le vent""), Jilted blues (""Le blues de ceux qui se font plaquer""), More than you know
(""Plus que tu ne crois"") et Lonesome blues (""Le blues solitaire"").
Mais il n'y eut pas un second Drifting blues.
Fin 1948, des problèmes apparurent. Quelques années plus tôt, Eddie Williams et son frère Leo, qui jouait du trombone, s'étaient produits avec
Billy Eckstine aux îles Hawaï. Ecoutons Williams:"
- Un jour, un diseur de bonne aventure indien se pointe dans un dancing où on jouait. Il me fait signe de venir le voir et me dit: "J'aimerais vous parler."
Alors on s'est assis et on a causé. Il m'a dit : "Vous allez rencontrer un homme aux yeux de serpent, un serpent aux yeux gris; vous allez devenir
de grands amis et vous gagnerez beaucoup d'argent . Mais, à la fin, vous serez mordu par le serpent.
Peu après, Williams et Johnny Moore, qui avait les yeux gris, se liaient d'amitié.
Les Blazers avaient toujours tout partagé, divisant leurs revenus en trois parties égales. Mais depuis qu'Oscar était entré dans le groupe, il y avait
de la tension dans l'air dès que de l'argent se trouvait sur la table. Plus tard, Williams devait déclarer :
- Vous connaissez le proverbe qui dit : "le sang est plus épais que l'eau." Je pense qu'à cause d'Oscar, Johnny a commencé à se poser des questions
sur notre manière de fonctionner - tous pour un, un pour tous-. Il a dû se dire que, puisque son nom était plus connu que celui des autres membres
du groupe, il serait normal qu'il gagne davantage. Il fut question de rompre l'ancien accord et de nous salarier, Charles et moi.
Aucun d'entre eux n'était en de bonnes mains, ce qui n'arrangeait rien. La célébrité leur avait très vite fait des avances et ils avaient plongé à
l'aveuglette sous sa jupe, dilapidant tout l'argent qu'ils gagnaient en se foutant pas mal du reste et en se faisant avoir par tous les
"Juifs Noirs" et tous les pauvres Blancs au sourire onctueux qui se présentaient . Et, pour couronner le tout, Johnny jouait comme un malade.
Ils étaient tous joueurs - ""Le blues du champ de courses"", qu'ils avaient écrit tous les trois en 1945, était pour eux davantage qu'une
simple chanson -, mais cette fois les choses allaient un peu trop loin, surtout pour Johnny, qui commençait à emprunter de l'argent en
hypothéquant les gains à venir et à céder ses droits de publication. Son cas était désespéré, selon les propres termes de Williams:
- Il se laissait embobiner par ces Juifs qui lui disaient : "Des contrebassistes, on en trouve tant qu'on veut. File-lui seulement deux cents
dollars par semaine.""
Le coup de tonnerre éclata à New York. Après y avoir joué, Johnny retourna en Californie pour se faire retirer un rein. Oscar quitta la ville
à son tour, bientôt suivi par Charles. Williams resta à New York. Un jour, dans les bureaux de l'Agence William Morris, qui gérait la carrière
des Blazers, ""un petit con""prit Williams à part."
- Il m'entraîna jusqu'au balcon donnant sur la rue. Il voulait que je signe un nouveau contrat qui me privait de mon tiers des bénéfices.
Il me fit savoir que si je refusais, il se pourrait bien que je tombe du balcon.
Williams baissa les yeux et signa le contrat qui le condamnait à un salaire de mercenaire, passant de mille dollars environ par semaine
à deux cents dollars.
Il quitta les Blazers peu de temps après; sa colère contre Moore finit par se transformer en sympathie, puis de nouveau en amitié.
Il créa son propre groupe, découvrit et engagea un nouveau Texan de Los Angeles - un pianiste de vingt-deux ans nommé Floyd Dixon -
et repartit de zéro, décrochant la timbale dans le classement rhythm'n'blues fin 1949 avec Broken hearted (""Le cœur brisé ""), enregistré
pour la firme Supreme.
Charles Brown ne tarda pas, lui non plus, à voler de ses propres ailes, laissant Moore enregistrer et jouer en public avec son frère
et d'autres sous le nom des Blazers, qui était sa propriété. Moore fit appel à Billy Valentine, qui chantait exactement comme Brown
puis à diverses chanteuses. Après avoir signé un contrat chez Aladdin (ex-Philo : Mesner avait dû changer le nom pour des raisons juridiques
début 1946, juste après Drifting blues), Brown enregistra d'abord sous le nom de Charles Brown & his Smarties - ""Charles Brown et ses Frimeurs"" -
puis, plus judicieusement, de Charles Brown Trio, avec Herman ""Tiny"" - ""Maigrichon"" - Mitchell à la guitare et l'ancien acolyte de Nat Cole,
Wesley Prince, à la basse. Il fit un tube en février 1949 avec une chanson pleine de mauvais sentiments, Get yourself another foot
(""Trouve-toi un autre imbécile"")."
Au printemps de cette même année, Brown fit à lui tout seul ce que les Blazers n'avaient pas réussi à faire. Il surpassa Drifting blues en puissance
et en succès avec un nouveau morceau rentrededans, Trouble blues (""Le blues des ennuis""), qui resta numéro un pendant tout l'été.
Les années qui suivirent furent des années de gloire pour Charles Brown . Les tubes se succédèrent : ln the evening when the sun goes down
(""Le soir, quand le soleil se couche"") et Homesick blues (""Le blues du mal du pays"") en 1949, puis, au printemps 1950, My baby's gone
(""Ma chérie est partie""). Enfin, au début de l'année 1951, par un temps glacial, il acheva la sombre trilogie commencée avec Drifting blues
et Trouble blues. Quand le frissonnant février céda la place à l'insouciant mars, son enregistrement de Black night (""Nuit noire""), une chanson
écrite par Jessie Mae Robinson, chassa de la première place la chanson d'Amos Milburn - autre pianiste du Texas appartenant, comme lui,
à l'écurie Aladdin - Bad, bad whiskey (""Méchant, méchant whisky"") et s'y installa pendant plus de trois mois."
Jamais Brown ne laissa son art entraver l'épanouissement de sa sexualité - et bien lui en prit car, comme l'a dit le sage de Tyr, "l'art de
l'homme est éternel, mais les saisons de sa bite son comptées". Brown me confia :"
-J'ai eu quelques belles histoires d'amour. Avec qui ? demanderez-vous. Pas de problème.
- Voilà les noms: Espanola Flournoy [une fille de Houston qui avait inspiré la première chanson de Brown, Lost in the night" ("Perdu dans la nuit"),
qu'il écrivit lorsqu'il apprit qu'elle allait en épouser un autre), Zola Scott, Arlene Young, Fannie Willie........"... et ainsi de suite.
Mais ce fut avec la chanteuse Mabel Scott, de plusieurs années son aînée, que Charles Brown se maria. Ce mariage dura de 1949, l'année
de Trouble blues, à 1951, celle de Black night. Puis, comme tant d'autres mariages, il finit en eau de boudin . La carrière de Brown suivit
la même pente. Il fit encore quelques tubes; mais le titre du dernier, Hard times (""Les temps sont durs""), sorti au début de l'année 1952,
n'était pas seulement une pose de chanteur. Il resta chez Aladdin pendant presque cinq ans, grava des disques - certains bons, d'autres moins -,
et le monde oublia son existence."
Il partit en tournée dans le Sud en 1954, avec le spectacle ambulant de Johnny Ace. En septembre 1957, à New York, il fit un disque pour East-West,
une filiale d'Atlantic qui ne vécut pas longtemps. En 1959, il enregistra à la NouvelleOrléans, pour la firme Ace, en compagnie d'un autre exilé
du rock'n'roll : Amos Milburn. En septembre 1960, à Cincinnati, ils enregistrèrent chacun une face d'un disque de Noël pour la firme King.
Celle de Brown, Please come home for Christmas (""S'il te plaît, rentre à la maison pour Noël""), se classa brièvement fin décembre; ce fut
un tube mineur, qui devait être le dernier. Il resta chez King pendant tout l'été 1968; perdu à Cincinnati en plein mois d'août, il enregistra
une nouvelle version de ""Joyeux Noël, poupée"" (Merry Christmas baby). Entre-temps, Imperial, qui avait racheté le fonds Aladdin, avait réédité
en 1962-1963 des versions remasterisées de certains de ses enregistrements classiques; et Brown avait gravé de nouveaux albums pour
Mainstream - ""Grand Public"" -, l'un à San Francisco en 1963, l'autre à New York à la fin de l'année suivante. Le dernier, Ballads my way
(""Ballades à ma façon""), comprenait notamment de surprenantes versions de Pledging my love (""Mon gage d'amour""), Blueberry hill
(""La colline aux myrtilles"") et Night life (""Vie nocturne"").
L'album de Sam Cooke ,Night beat - ""Battement nocturne"" -, paru en 1963, bien qu'il surpassât, et de loin, ceux de Brown, n'en évoquait
pas moins ouvertement le style de ce dernier.
Bizarrement, Cooke ne mentionna pas le nom de celui auquel il rendait ainsi hommage . De même, rares sont ceux qui ont remarqué
que le tube de Cooke ,Bring it on home to me - ""Ramène-le moi à la maison"" -, paru en 1962, faisait référence à I want to go home -
"Je veux rentrer à la maison" -, chanson enregistrée par Brown en 1959, pour Ace, en duo avec Amos Milburn.)
Brown enregistra des 45-tours à Los Angeles pour les firmes Lilly, Kent, Galaxy, Cenco (avec Johnny Moore) et Jewel ; des albums pour
Bluesway et Jewel, en 1969 (l'année de la mort de Johnny) et en 1970. En 1973, il revint chez King pour y graver un dernier simple,
une version de ,For the good times (""Pour le bon temps""). Il enregistra encore d'autres albums, chez Blues Spectrum en 1974,
chez Big Town en 1977, chez Jefferson en 1978.
Pendant l'été 1986, alors que tout le monde le croyait mort, Charles Brown grava l'un des albums les plus remarquables
- un disque compact, s'il vous plaît - de cette décennie merdique : One more for the road (""Un petit dernier pour la route""), réédité
en 1989 par Alligator. Fin 1990, il referma la décennie en question avec un disque compact encore plus étonnant intitulé ,All my life
("Toute ma vie"), chez Rounder . Quarante-cinq ans après Drifting blues, Charles Mose Brown avait encore ça dans le sang; et il l'a toujours.
Sa moumoute n'est pas mal non plus. Ce gars-là devrait vivre éternellement, en continuant de faire ce qu'il fait.
Depuis que ces mots ont été écrits, le cœur de Charles Brown a cessé de battre et sa voix s'est éteinte: il est mort le 21 janvier 1999.
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6-Les oubliés du R'n'R "Charles BROWN"
- hencot
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