
Aujourd'hui je vais vous parler du concerto pour violon de Sibélius, œuvre qui se trouve sur la première marche de mes œuvres préférées, cela pour différentes raisons, l’œuvre par elle même, les circonstances qui m'ont conduit à sa découverte et aussi qu'il en existe une interprétation par une violoniste à qui je voue une grande admiration.
C'est une œuvre magnifique et austère, mystérieuse et sombre comme les forêts de Finlande, pays du compositeur, tourmentée et agitée comme son climat, mais tellement aboutie. Le premier mouvement est une succession de moments calmes qui s'agitent de plus en plus avec une tension grandissante qui explose arrivée au paroxysme, pour retomber dans une calme béatitude...
Le deuxième mouvement, très beau aussi, prolonge idéalement le premier.
Le troisième est une danse qui nous emmène dans un tourbillon très scandé.
J'ai quelques versions que je vais vous présenter.
A tous seigneur tout honneur, le premier à l'avoir gravé me semble être Heifetz, mais je peux me tromper, il l'a gravé deux fois, une première fois avant guerre avec Beecham, ma préférée, et une seconde fois avec Hendl en stéréo, très belle version également, les deux chez RCA.
J'ai également une autre vieille version enregistrée en 1943 lors d'un concert à Berlin. Georges Kulenpkamff, qui vivait en Suisse et n'était pas un ami des nazis, était venu spécialement pour le jouer avec Furtwängler dans ce qui fait parti des premiers enregistrement sur bande dont les allemands avaient mis au point la technique. La prise de son est excellente.
C'est une version que j’apprécie énormément, une vision lente que la technique des deux interprètes permet, avec, il faut l'avouer, un coté assez "flippant". Ces tempos lents, liées à quelques imprécisions du soliste, sont peut être un peu moins convaincants dans le dernier mouvement.
Tout de suite après guerre, il y à eu quelques enregistrements, dont mon préféré, par Ginette Neveu. C'est une vision incandescente de l’œuvre, un jeu sans faille grâce à une virtuosité qui est toute entière destinée à se faire oublier pour transmettre de l’émotion. La encore la prise de son est excellente. A l'heure actuelle le meilleur report est celui du label Dutton, pas cher. Le report officiel EMI en CD est un scandale, la version du coffret vinyle EMI de Ginette Neveu est meilleur.
Les années cinquante ont vu pas mal d'interprétations. Camilla Wicks pour commencer, un jeu plus tourné sur la virtuosité pure mais une version très attachante. Peut être un peu moins chassé maintenant, ce disque a été très recherché à une époque et atteint des prix relativement élevés, c'est un Capitol qui se lie avec la courbe AES. Il existe en CD.
Ivry Gitlis l'a enregistré ensuite chez VOX, il Bénéficiait d'un chef extraordinaire, selon moi, en la personne de Jascha Horenstein. L'écoute de ce disque avec une Clément permet de se rendre compte de toute la richesse sonore que Gitlis est capable d'extraire de son violon, c'est ma deuxième version préférée.
Le violoniste ruse Julian Sitkovetsky l'enregistrait à la même époque en Tchékoslovaquie pour Supraphon, la encore une version extraordinaire exécutée par un violoniste trop tôt disparu.