
Acquis en 2017 à un italien, ce DAC produit en 1994 s’est imposé comme une source principale dans mon système (edit 2022 : après un an passé à m'intéresser au vinyle, ce n'est pas absolument plus le cas, le DAC est remisé / ce qui ne contredit pas les qualités que j'évoque plus loin...). En effet, plusieurs To de musique en format .AIFF sur un disque dur externe , une interface Hiface et un bon logiciel, un DAC qui fait de la musique a du sens dans tout ce bazard

Dans un état collection, livré dans son emballage d’origine avec étiquette du magasin, toute la documentation est présente, les « accessoires » aussi, avec trois adapteurs RCA vers cinch, le tournevis pour le réglage en façade ; point assez mystérieux pour moi, j’en parlerai. Et bien-sûr le très essentiel stylo Counterpoint pour remplir fièrement sa demande d'adhésion à la newsletter… demande d'adhésion présente mais vierge. Ps : je prendrai le temps de scanner et joindre le manuel utilisateur et les manuels qui accompagnent les cartes DAC supplémentaires ultérieurement.
Il s’agit a priori de la première version, reconnaissable à son PCB, bleu sur les version suivantes. Il semble exister des DA-10 A / E / U.
Ce DAC a été présenté par Mike ELLIOTT, son concepteur, comme une sorte de « carte mère » embarquant un DAC évolutif. Il faisait le pari de l’évolution des sources numériques, faisant du DAC une carte enfichable et permettant le changement facile d’autres éléments de la carte comme le filtre numérique ou le récepteur SPDIF, respectivement Burr Brown DF1700 et Cristal Semiconductor CS8412. Suivant les recommandations de Mike ELLIOTT, j'ai commandé les puces DF1704 et CS8414 qui devraient arriver prochainement.
Le PCB est très bien repéré et ses sections sont identifiées : digital section, dac, analog section A, B, analog négative supply etc etc… L’exagération est assumée et plutôt plaisante allant jusqu'à mentionner l'utilité du connecteur naple "to control board" et s'offrant la dispendieuse inutilité d'inscrire cette belle citation de Stravinsky.
Ces très sudbjectives considérations ont le mérite de prouver la passion de Mike ELLIOTT et son intarissable volonté d'offrir des appareils soignés, aussi agréables à observer de l'intérieur qu'à écouter de l'extérieur. Et n'est-ce pas ce que l'on apprécie tous dans ces appareils anciens ?
Deux transformateurs, un pour les sections digitales et un pour les sections analogiques (voie A, voie B et le "Intensity to Voltage converter"). Remarquons aussi la présence de 44 condensateurs de filtrage pour un total de 44 470µF (info trouvée sur le web, je viendrai corriger quand j'aurais démonté et contrôlé à l'occasion d'un futur recapage)... Justifiés par un objectif de réduction maximal de l'ESR.
Selon la carte DAC installée, tout ou partie de la carte mère peut être bypassée : Certaines cartes ont leur propre convertisseur courant-tension et l'étage correspondant sur la carte mère peut aussi être desactivé avec l'interrupteur "I/V" situé sur la section analogique. Je n'ai pas identifié les trajets du circuit, mais il semble qu'une grande partie de la carte mère peut être activée/désactivée selon les cartes.
Enfin, le tout fonctionne selon un principe cher à son concepteur : la recherche de l'absence de contre-réaction.
Le COUNTERPOINT DA-10 E que nous étudions ici est équipé d'origine de :
=> la carte "AD20" et sa puce Analog Devices 1862 (20 bits). Vendue 259$ à sa sortie.
Et j'ai acquis deux cartes supplémentaires par pure curiosité (et opportunité car bradées par un magasin canadien) et peut-être un peu par collectionnite :
=> le dac Crystal Semiconductors 1 bit, avec sa puce CS4328 Sigma Delta. Vendue 355$ à sa sortie.
=> le dac Phillips avec son DAC SAA7350 format CMOS (20 bits). Prix inconnu.
D'époque, il en existe deux de plus que j'aimerais beaucoup croiser, la Ultra Analog (995$ à sa sortie) et la PCM69 par Burr Brown (595$).
Toutes les cartes DAC présentent des instructions pour leur adaptation en actionnant sur la carte mère certains switch sur l’audio control et sur les parties analogiques comme un interrupteur « I/V ».
En matière d’upgrade justement, il demeure conseillé sur le DA-10 embarquant la carte ici présente de :
- ponter l’interrupteur I/V (pas fait)
- remplacer les condensateurs par des Elna Silmic II (pas fait)
- remplacer le receveur Spdif CS8412 par le CS8414 (fait)
- remplacer le filtre numérique DF1700 par le DF1704 (fait)
Mike Elliott a crée Altavista Audio à la suite de la disparition de Counterpoint et a continué de vendre des upgrade dont on lit beaucoup de bien mais qui sont désormais introuvables et de réaliser le SAV de ses produits. L’activité a été fermée il y a quelques années et le site devenu inaccessible. Un couteux upgrade consistait en les modifications sus-citées, l'installation d'une carte Rapture dont je ne sais rien et le remplacement des transformateurs par des modèles toroïdaux. La carte Rapture proposé dans les années 2000 embarque son filtre numérique (désactivable sur la carte mère avec les interrupteurs "audio control") et sa propre section analogique permettant un trajet direct du DAC aux sorties RCA. Cette configuration ne m'intéresse pas car, finalement, il ne reste plus grand chose du DA-10 original

Et le trimmer en façade ? En bon français, un découpeur. Voici ce que l'on en lit : le trimmer permet d'ajuster le "MSB" (most significant BIT) de bas niveau. Ce qui logiquement n'est pas requis pour les DAC 1bit mais uniquement pour les multi-bits. Selon Mike ELLIOT, l'ajustement du MSB de bas niveau joue sur l'alignement et est critique pour la musicalité de l'appareil. Or, toujours selon lui, les concepteurs de DAC ont l'habitude de fixer le MSB à l'usine alors qu'il dérive avec le vieillissement des composants et avec la température de fonctionnement. Un réglage fin manuel et simple lui a semblé être nécessaire. S'il serait préférable de régler le trimmer à l'aide d'appareils de mesure, il recommande dans le mannuel d'apprendre à le faire à l'oreille, faisant le parallèle avec le VTA d'une cellule phono... En matière technique, il m'est impossible de critiquer le caractère judicieux ou non de ce choix. Il y a tout un laïus sur le sujet dans le manuel technique que je vous joindrai plus tard.
Enfin, la façade emporte un élément so 90', un serpent de mer qui observe, amusé, mon disque dur externe de 5To rempli à ras-bord de musique format sans perte : l'indicateur SCMS. Cette fonctionnalité détecte la présence dans le signal numérique du drapeau "Serial Copy Management System" (SCMS) créé afin d'éviter la copie digitale de bandes originales. Impulsé par le combat de RIAA contre la menace de la généralisation de la copie pirate, mais massivement rejetté par la communauté artistique (l'acronyme SCMS y étant prononcé "SCUMS"), le SCMS est aujourd'hui totalement disparu.
Ecoutes, since 2017 :
J'ai bien-sûr longuement essayé les deux autres cartes. La Crystal offre un médium et un aigu tout à fait remarquables, sûrement une des plus poétiques restitutions que j'ai entendue dans le registre, un rendu "spectral", crystalin sans mauvais jeu de mots. Mais l'ensemble, d'une ouverture formidable et d'une légerté surprenante, manque justement de matière et le grave ne s'exprime pas assez pour me satisfaire pleinement. C'est beau, très beau, mais trop beau pour être vrai

La Phillips offre m'a globalement déçue donc mes explications s'arrêteront là.

Avec la carte Analog Devices 1862) dans l'appareil, le plaisir de l'analogique déboule immédiatement. Et justement, ce n'est pas tant la critique détaillée de la restitution que l'impression vive et vivante d'écouter une et une seule scène, une seule image cohérente, aérée et ouverte, qui m'amène à tant aimer cet appareil. Cette sensation d'ouverture contraste immédiatement avec la sensation d'une musique unie et tenue par l'intention musicale en premier lieu. Etrangement, le grave peut à la fois être à l'origine de la principale critique et de l'une des plus grande qualité de cette source. Il porte un aspect "dégraissé" qui peut lui ôter une assise que l'on serait en droit d'attendre mais amène une tension et une vitesse qui selon moi contribue énormément à la sensation d'une unique scène, unie et liée, et dôtée d'un sens de la musique à couper le souffle. Attention, disant cela, je n'oublie pas que nous parlons d'une source numérique.
Donc qu'il en soit ainsi, dans le vaste monde du numérique et avec un système haut rendement, je prends les défauts de cet appareil avec un certain plaisir !!
Et pour revenir à l'ajustement du trimmer, et bien en effet, ne sachant réellement expliquer ce qui change en le manipulant, il existe bien une position précise où la restitution offre tout le naturel qu'elle peut offrir. Allez savoir pourquoi, c'est peut-être bien un "psycho-trimmer" et si c'est le cas, tant-pis-tant-mieux, du moment que ça marche.