Merci pour ce magnifique sujet et le partage de vos expériences!
6336A, j'envie tes connaissances!
Je n'ai que quelques expériences d'écoutes uniquement (longues...) chez Triode, et HP Système. Single chez le premier, et Push chez le second.
Boulevard de l'Yser, on passait la porte de la quatrième dimension, vu le contraste entre le quartier sursaturé d'informations sonores de la Porte Champeret (Et le pot au lait...), l'ambition fantasmagorique de trouver un système hors normes, et la discrétion absolue de la devanture ainsi que du cadre! Là, pontifient quelques mini-centrales dont une qui alimentait selon les calendes lunaires, des Avant-garde Uno, Duo et Trio (jamais en même temps, il n'étaient pas fan du THX Dolby Digital...

) J'ai eu aussi l'heureuse expérience d'écouter les AN/E, assez formidables pour deux hp à la surface émissive modeste! D'ailleurs je n'ai jamais entendu meilleurs 20cm...
Je ne parlerai que de l'expérience Triode&Compagnie. Les blocs étaient les Conquest. Depuis cette expérience, je n'écoute plus la musique chez moi de la même façon. Monsieur Heitz disait: "il ne faut pas avoir une approche trop hifiste"...

Je suis bien de cet avis.
J'avais rapporté entre autres mon joli coffret Vinyles des concertos pour piano de Mozart (moi ce que j'aime chez Mozart, c'est le Boléro de Ravel... disait Desproges!) par Barenboïm chez Emi (Lijoli)... un enregistrement que je qualifie de "pas facile" pour les systèmes, comme beaucoup d'anciens chez Emi-(Livanily). Mais tout de même meilleurs en analogique que les premières éditions de CD où on ne reconnaissait même pas la voix de Berganza dans l'Enlèvement à l'Eunuque au Sérail (ça devait être dans une reprise de "Tata Yoyo"ou "mes chaussettes rouges et jaunes à petits poids, je ne sais plus...).
Trèves de balivernes, je me souviendrai à jamais de ces toutes premières notes (et évidemment de tout cet espace sémantique Mozartien) du second mouvement du n°17... l'une des plus grandes émotions hors direct, si ce n'est pas plus (car une place de concert a AUSSI ses défauts!).
La grande et ultime différence dans cette expérience, c'est la perception permanente de l'ambiance de la scène retranscrite, et celle de la vie de chacune des notes, ainsi que de l'harmonisation entre elles... Une seule note jouée sur un piano n'a quasiment jamais tout à fait la même ondulation, la même histoire, la même vie. Elle dépend de l'impulsion donnée par le doigt de l'artiste, (à condition qu'il ne soit pas l'opposé d'un maestro... même belge) qui sait lui-même quelle sera la dynamique et l'ampleur que son instrument reproduira sous sa volonté... Ca, une 300B le retranscrit bien plus naturellement que d'autres...
La focalisation n'a rien à voir avec celle dite parfaite décrite dans les revues 'spécialisées' (au fait, c'est quoi un spécialiste?). C'est
mieux qu'une focalisation car une image reproduite de façon "réaliste" fait que l'on ne se concentre pas à savoir qui joue où. La "focalisation" est un problème! Celui de L'auditeur qui, sur un système approximatif ou caricaturale, focalise lui même son cerveau et ses petites oreilles par un travail laborieux et neuropsychologique, sur la question de savoir où ce petit monde est situé. Sur ce système, l'ampleur imposait l'atmosphère entière du lieu d'enregistrement sans que ces perceptions ne soient syncopées.
Les timbres avec ces 300b vivent comme jamais on n'en trouvera dans les plus belles collections de philatélistes. Car sont diffusés le souffle et les vibrations sonores. Si ce n'est pas ça, la musique, alors je n'y connais rien!
Le seul défaut que j'avais trouvé, certainement lié à la petite taille de l'audi-(pas celle de Michèle Mouton)-torium, c'était une "projection" trop grande.
Evidemment, nous n'entendions pas uniquement une double paire de triodes, mais tout un ensemble... dans ce salon un peu sombre, comme pour trancher sur la lumière qu'apportait ce genre de système à très haut rendement et très haute distorsion!
En fait, en une seule phrase, le côté subjectivement ultime et absolument souverain de la 300B, c'est la retranscription bien plus avérée et tangible des harmoniques et des nuances... Tout le contraire de ce que font les trois-quarts des appareils qui font des "sons"...
Mille excuses de m'être exprimé comme une parenthèse dans votre sujet des plus intéressants! (Merci Thierry de l'avoir lancé!)
Sur ce soliloque un peu long, je laisse place à ceux qui ont la chance d'en écouter quotidiennement!
Bonne soirée messieurs et bonne musique!