Les ventes se portent bien mais depuis 2 ans et le départ de Saul Marantz et son équipe, l' image de la marque perd doucement mais surement de son éclat.
L' ère du tube électronique est passée et clients, vendeurs et distributeurs trouvent, à juste titre, les productions transistorisées qualitativement en retrait par rapport à leurs prestigieux aînés.
Et la concurrence est là ... les firmes américaines Crown avec le DC-300, SAE avec son Mark III, McIntosh et son MC2105, Dynaco et le Stéréo 120 ... tous tiennent la dragée haute aux amplificateurs model 16 et model 32 produits encore aux US alors que, par la volonté des frères Tuchinsky propriétaires de la marque et importateurs de Sony, la quasi totalité de la production des model 22 au model 29 est confiée à l' industrie Japonaise.
C' est ainsi que pour reprendre sa place de leader en audio, le staf Marantz va décider de l' étude d' un produit de très haut de gamme qui devra dépasser en puissance, en performances et en qualité de restitution tout ce que la concurrence propose et prépare.
Cette gestation prendra environ 2 ans et se fera en étroite collaboration avec le fabricant de composants Motorola. Les premiers prototypes tourneront dès 1971 et la présentation au public d' un exemplaire au Festival du son de Paris en Mars 1972.
De gauche à droite le model 500, le receiver model 19, le préampli model 3300 et l' ampli model 250.
Revue du Son Avril 1972
""" Admirablement mis en valeur dans des écrins de luxe la gamme Marantz d' amplificateurs, préamplificateur et combiné ..... Une maquette de l' amplificateur de puissance model 500 de 2 X 250 W de puissance continue figurait en bonne place """
L' équipe d' ingénieurs dirigée par Bob Hovland développa sur un chassis aux dimensions imposantes (18 H x 42 L x 38 P) une alimentation surdimensionnée avec un transformateur de 2,2 KVA et un filtrage de 4 x 21000 µF capable de délivrer un courant de 10 ampères sous 180 volts !.
Ils demandèrent à Motorola de produire une série de transistors complémentaire symétrique NPN/PNP dans une configuration émetteur-suiveur se répartissant chacun une moitié d' alternance pour reproduire un signal complet.
Les mesures et performances sont à la hauteur des moyens déployés .... 250 watts par canal de 20 Hz à 20KHz les 2 canaux en fonction le tout avec un niveau de distorsion harmonique et d' intermodulation inférieur à 0,05%, un rapport signal/bruit de -106 db à puissance maxi et un facteur d' amortissement de 400 ....
Tout ceci est bien banal de nos jours mais en 1971 c' était inédit !.
Les reviewer's de l' époque se sont alors interrogés : ... mais comment sonne t' il ? .
Il suffit de lire leurs commentaires ... Popular Electronics, Audio Scene et l' article très intéressant de TAS ((The Absolute Sound) qui met en avant la fragilité de certains composants passifs et actifs utilisés.
Beaucoup de model 500 retournèrent en usine pour un "update" complet ou localisé .... c' est le cas de mon exemplaire.
Malgré une taille et des caractéristiques imposantes, le model 500 ne pèse que 38 Kgs sur la balance. Ceci est du au système de refroidissement employé qui permet de se passer de massifs refroidisseurs. Un tunnel constitué d' ailettes en aluminium et abritant les 20 transistors de puissance et les 4 drivers traverse latéralement l' appareil ... un ventilateur se charge d' évacuer les calories.
Le model 500 a été produit jusqu' en 1976 à un peu moins de 1000 exemplaires ... son prix, 1200 US$ en 1972 et 1650 US$ en 1976 a quelque peu freiné les exportations hors USA. En comparaison le model 250 de 2 x 125 watts était proposé à 465 US$ ... une somme à l' époque.
Au début des années 80, m' intéressant aux productions de ce constructeur, je connaissais quelques personnes de la société Marantz France à Asnières dont le directeur commercial et le responsable du SAV. J' appris que seulement 5 exemplaires de model 500 avaient trouvé acquéreurs en France ... dont 2 pour un certain Johnny Hallyday .... je serai curieux de savoir ce qu' ils sont devenus ! .
Jusqu' à ce que je découvre les articles à son sujet, j' étais assez sceptique sur la qualité des produits de cette série ... j' avais fait les frais d' un model 250 qui avait pris feu tout en grillant les haut-parleurs qu' il alimentait ...

Pour en avoir eu plusieurs, j' ai toujours trouvé que le model 250 procurait un son assez "bouché", peu défini et manquant de clarté... la version "M" est un peu meilleure mais pas suffisamment pour être intéressante.
Le model 500 ... c' est autre chose .. une autre monde à l' écoute et je comprends tout à fait la surprise des journalistes du début des années 70.
J' y reviendrai après analyse interne du model 500.