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26- Les oubliés du R'n'R : " Wanda JACKSON"

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hencot
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26- Les oubliés du R'n'R : " Wanda JACKSON"

Message par hencot »

WANDA JACKSON

Lacée par Satan, délacée par le Seigneur

WANDA LAVONNE JACKSON fut, tout simplement et sans contestation possible, la plus grande chanteuse de rock'n'roll menstruée que le
monde ait jamais connu. Née à Maud (Oklahoma) le 20 octobre 1937, la fille chérie de Tome et Nellie Jackson était une enfant-prodige à plus
d'un titre. A l'âge de neuf ans, elle fut encouragée à jouer du piano par son père, un travailleur indigent qui avait lui-même, au temps où il avait
davantage de loisirs, laissé traîner ses mains, avec une habileté mâtinée de rudesse, sur les touches de cet instrument. Mais bientôt, de son propre
chef, elle se tourna vers la guitare. Comme le raconta un jour sa mère (dans un article de Hoedown -""Bal populaire", l'un des meilleurs périodiques
illettrés de cette exceptionnelle époque illettrée - paru en janvier 1966), "Wanda a cessé d'être pareille aux autres enfants quand la guitare est
entrée dans sa vie." Certes, elle n'était pas pareille aux autres enfants. A l'âge de treize ans, un an après l'installation de sa famille à Oklahoma City,
où son père avait trouvé un emploi de vendeur de voitures d'occasion, Wanda portait déjà des bas nylon, un soutien-gorge, et animait une émission
de radio quotidienne diffusée par KLPR, une station située à deux pâtés de maison du lycée de Capitol Hill, où elle assistait aux cours en croisant
les jambes.
Fin 1953 et début 1954, Wanda, qui avait seize ans, non contente d'avoir vu son émission de radio quotidienne passer de quinze minutes à une
demi-heure, chantait dans un groupe local, l'orchestre de Merle Lindsay. Puis, au printemps 1954, la fortune vint tirer sur son jupon . Hank Thompson,
qui jouait dans le groupe de western swing le plus populaire du moment, les Brazos Valley Boys, entendit Wanda sur KLPR et l'invita par téléphone
à partir en tournée avec lui et ses Garçons.
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w1.jpg (19.55 Kio) Vu 9495 fois
Thompson présenta Wanda à son arrangeur, qui était aussi le chef du groupe et s'appelait Billy Gray. Ce printemps-là, Wanda enregistra son premier
disque, en duo avec Gray - qui en était le co-auteur avec Hank Thompson et d'autres -, intitulé You can't have my love ("Tu n'auras pas mon amour")
Decca le sortit en juin, quelques jours avant que Wanda n'achève sa troisième année de lycée. Elle fit une tournée dans le Nord-Est avec Hank Thompson pendant l'été suivant et enregistra de nouvelles chansons pour Decca.
Ses disques Decca-il y en eut sept en tout, de juin 1954 à décembre 1956-étaient essentiellement des chansons d'amour country (Lovin',country style - "L'amour façon country" -, The Right to love - "Le droit d'aimer" -, et ainsi de suite) avec, de temps en temps, une plongée abyssale dans la
guimauve, comme par exemple Tears at the Grand Ole Opry ("Des larmes au Grand Ole Opry") en 1955 et Wasted ("Raté"), qu'elle écrivit en 1956 avec son père. Aucun de ces disques ne contribua à la gloire de Wanda, si ce n'est qu'ils lui valurent de figurer en tête d'affiche du spectacle de fin
d'année donné par son lycée.
En septembre 1955, quelques mois après avoir eu son bac, Wanda se produisit régulièrement dans Ozark jubilee - "La fiesta des Ozark" -, une
émission hebdomadaire d'ABC-TV diffusée depuis Springfield (Missouri) . (Pendant plusieurs années, on put voir Wanda par intermittence dans ce
spectacle, rebaptisé en 1957 Country music jubilee - "La fiesta de la country music" - et en 1958 Jubilee USA -"Fiesta USA". L'émission fut supprimée
du jour au lendemain en 1960 quand son animateur, le chanteur de country Red Foley, fut arrêté pour fraude fiscale) . Fin 1955 et début 1956, Wanda
partit en tournée avec Elvis Presley, qui venait de signer chez RCA et s'apprêtait à devenir la plus grande sensation américaine depuis l'invention du
Coca-Cola. En avril 1956, Wanda prit pour manager Jim Halsey, qui gérait également la carrière de Hank Thompson. Halsey la fit engager par Capitol,
chez qui Thompson enregistrait depuis 1947; et ce fut pendant l'été 1956, à Los Angeles, que Wanda Jackson commença à chanter comme le Diable
voulait qu'elle chante.
De son premier disque Capitol, I gotta know ("Faut qu'je sache"), sorti en août 1956, à sa version de Riot in cell black # 9 ("Emeute dans le quartier pénitentiaire N° 9"), sortie en février 1961, Wanda se révéla l'une des stylistes les plus exceptionnelles du rock'n'roll d'hier et d'aujourd'hui. Sa voix, un tourbillon sauvage subtilement sexy traversé d'éclairs de brutalité, de feulements de panthère et de hurlements de succube en délire, était la
chose la plus merveilleusement vulgaire qu'on pût entendre. Cette fille savait rugir. Et surtout, c'était la seule fille capable de tenir la dragée haute
aux rouleurs de mécaniques de l'âge d'or du rock'n'roll, comme elle le prouva lors de ses tournées de 1955- 1956 avec Elvis et de 1957 avec
Jerry Lee Lewis et Carl Perkins.
La plupart (et les meilleurs) de ses premiers enregistrements Capitol étaient des chansons rapides et fortes, qui constituaient une apologie
ambivalente de la chair. Hot dog! That made him mad ("Nom d'un chien, ça l'a rendu fou!", 1956) était une célébration du pouvoir des garces, et
Let's have a party ("Faisons la fête", 1960) une évocation lubrique de l'amour prophylactique . Dans Mean mean man ("Un homme si méchant", 1960), Wanda, les lèvres humides, s'extasiait sur la joie de recevoir des baffes. Mais la réussite suprême était Fujiyama mama , qui sortit pendant les premiers jours glacés de 1958. (La version originale, par Anisteen Allen, avait vu le jour chez Capitol trois hivers plus tôt, au début de l'année 1955.)
Wanda chantait les paroles audacieuses d'Earl Burrows comme si chaque mot lui rappelait une expérience vécue :

I been to Nagasaki, Hiroshima, too- ...........................................J'étais à Nagasaki,à Hiroshima aussi
The things I did to them, baby, I can do to you...............................Et c'que j'leur ai fait chéri,j'peux t'le faire à toi mon p'tit
Cause I'm a Fujiyama mama, and I'm just about to blow my top-..........Car j'suis une nana Fujiyama,et j'vais entrer en éruption
Fujiyarna-yama, Fujiyama-.......................................................Fujiyama-yama,Fujiyama
And when I start eruptin', ain't nobody gonna make me stop...............Quand ma lave s'met à couler,rien ne peut plus m'arrêter.

On pouvait se procurer au Japon pour trois cent cinquante yens, sous l'étiquette de la "Compagnie électrique Shibaura", une édition de ce disque
avec pochette illustrée représentant Wanda et, à l'arrière-plan, le vénérable mont Fuji.
Wanda Jackson n'avait pas encore vingt ans et elle chantait déjà comme si elle pouvait faire frire des œufs sur son mont de Vénus.
Là était le problème; car, alors que ses disques comptaient parmi les plus frappants et les mieux construits de son temps - jusque dans les moindres
détails, puisqu'ils étaient produits par l'un des artisans les plus habiles des studios de la Côte Ouest, Ken Nelson, qui avait su utiliser au mieux les
talents du guitariste Joe Maphist et d'un autre de nos héros oubliés, le pianiste Merrill Moore -, le public n'était tout simplement pas prêt à accepter
une jeune dame ayant l'allure et la voix de Wanda Jackson.
Le produit était trop brûlant pour être mis en vente libre. Teresa Brewer, Connie Francis,oui ; Wanda Jackson, non. De tous les disques qu'elle fit chez Capitol de 1956 à 1960, un seul, Let's have a party, entra dans le classement ;mais il ne dépassa pas la trente-septième place.
En 1961, Wanda partit enregistrer à Nashville, recroisant les jambes et se tournant une fois de plus vers les eaux tièdes de la country. Right or wrong ("A tort ou à raison"), sorti en mai de cette année-là, atteignit la neuvième place du classement country & western et la vingt-neuvième du classement pop. La photo de couverture de l'album éponyme, commercialisé à la fin du mois d'août (c'était son quatrième album, et ce fut le premier qui se vendit relativement bien), donna à voir pour la dernière fois "la bimbo fatale du rock'n'roll" avec sa petite moue, un corset étroitement lacé accentuant ses dons extramusicaux.
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w2.jpg (14.72 Kio) Vu 9495 fois
Mais ce que le Diable avait fait, Dieu le défit. Elle eut assez de chance pour gagner quelques dollars supplémentaires en interprétant des chansons
plus douces et moralisatrices: A girl don't have to drink to havefun ("Une fille n'a pas besoin de boire pour s'amuser"), assurait-t-elle en 1967; encore deux ans et elle chanterait une version bancale d' If I had a hammer ("Si j'avais un marteau") . Le feu de Wanda était éteint. En octobre 1961, elle épousa un programmeur de chez IBM nommé Wendell Goodman. Elle eut une fille, Gina Gail, l'année suivante; un fils, Gregory Jackson, en 1964.
La nana Fujiyama était devenue une femme d'intérieur accroupie devant son "hibachi" (braséro japonais,sorte de barbecue): la survie est à ce prix dans une démocratie qui ne valorise que la médiocrité .
Wanda enregistra chez Capitol tout au long des années soixante et au début des années soixante-dix.
De 1965 à 1967, elle eut son propre programme de télévision, intitulé Music village ("Le village musical").
Son dernier album Capitol, Country keepsakes ("Souvenirs country"), vit le jour en janvier 1973. Un an plus tard, elle fit une brève apparition dans les derniers rangs du classement country avec Come on home to this lonely heart ("Rentre à la maison vers ce cœur solitaire"), un simple sorti chez
Myrrh , une firme spécialisée dans le gospel. En 1975, elle fit un album pour cette même firme, Now I have everything ("Maintenant j'ai tout"), suivi
de quelques autres, au crépuscule des années soixante-dix.
Puis cette voix qui, vingt ans plus tôt, brûlait dès qu'on s'en approchait, ne se fit plus entendre.
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Car il est écrit : la ménopause ne fait pas de quartier sur cette terre. Ou quelque chose comme ça.
.
A suivre : "Johnny ACE "
Alain..

Site sur le son et l' enregistrement de Claude Gendre http://claude.gendre.free.fr/
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CHARLES33
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Re: 26- Les oubliés du R'n'R : " Wanda JACKSON"

Message par CHARLES33 »

"Let's have a party", "Long tall Sally" :cfou:
Si elle avait le caractère aussi bien trempé que la voix, elle devait pas être commode Wanda :o
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