Le forum Audiovintage est privé.
En tant qu'invité, vous avez accès à certaines rubriques uniquement, l'ajout de nouveaux membres n'est pas possible pour le moment.

24-Les oubliés du R'n'R :"Jimmie LOGSDON

La base de notre passion !
Répondre
Avatar du membre
hencot
Super Modérateur
Messages : 2584
Enregistré le : mer. 31 mars 2010 18:46
Localisation : 33.. prés de chez Charles
Contact :

24-Les oubliés du R'n'R :"Jimmie LOGSDON

Message par hencot »

JIMMIE LOGSDON

L'homme qui n'avait pas de sous-titre

Cette histoire n'est pas drôle, alors ne vous avisez pas de rire.
Elle commence dans la petite communauté de Panther (Kentucky), non loin du puissant fleuve Ohio, qui sépare le Kentucky de l'Indiana. La scène
se passe le 1er avril 1922, et Jimmie Logsdon est en train de naître. C'est une naissance ordinaire, sans rien de remarquable, négligée par les sages
et, à vrai dire, par tout le monde en dehors de l'enfant lui-même et de ses humbles parents. Mais c'est tout de même une naissance . Le père, un
pasteur méthodiste, rend grâce à Dieu.
Le temps passe lentement, comme dans un rêve, et à mesure qu'il s'écoule nous commençons à être fatigués d'employer le présent de narration .
Le temps passa lentement, disions-nous donc ; oui, c'est bien cela comme dans un rêve, un rêve qui dura de nombreuses années.
Les nécessités du ministère du révérend Logsdon obligeaient sa famille à déménager fréquemment: de Panther à Bowling Green, de Bowling Green
à Olive Hill, d'Olive Hill à Corbin, et enfin de Corbin à Ludlow, qui n'est séparée de Cincinnati que par l'Ohio. Jimmie passa son bac au lycée de
Ludlow au printemps 1940. A l'automne, il se maria pour la première fois, avec une fille prénommée Evelyn.
En 1944, Jimmie Logsdon, âgé de vingt-deux ans, décida qu'il fallait sauver l'Amérique des nazis et s'engagea dans l'armée de l'air. On l'envoya à
Madison (Wisconsin), dans une école d'électronique, puis au Texas, où il fut affecté comme ouvrier à la réparation des B-17 endommagés. Deux ans
plus tard, en 1946, les nazis ayant été remis à leur place, l'armée de l'air remercia Logsdon. Il retourna dans le Kentucky et ouvrit un magasin de
radio à La Grange, localité située à une centaine de kilomètres de Cincinnati. Non content de vendre et de réparer des radios, Logsdon vendait aussi
des disques. Il se les procurait chez Jimmie Skinner, un distributeur de Cincinnati qui était aussi un chanteur de country à la gomme. Le jeune
Logsdon ne s'était pas trop intéressé à la musique jusque-là, mais à force d'écouter les disques de hillbilly et de blues qu'il vendait, il lui prit l'envie
de s'acheter une guitare. Il en trouva une pour onze dollars quatre-vingt-quinze au mont­-de-piété d'Abe Davis, à Louisville.
Je vous ai dit que cette histoire n'était pas drôle. J'avais oublié de vous dire qu'elle n'est pas intéressante non plus.
Au printemps 1948, Jimmie Logsdon commença à chanter et à gratter sa guitare à onze dollars quatre-vingt-quinze devant le micro de la station
WLOU de Louisville. En 1950, il obtint un quart d'heure de programme quotidien pour lui tout seul. La sensation du moment chez les péquenauds
s'appelait Hank Williams, et Jimmie Logsdon l'idolâtrait, bien que Hank fût plus jeune que lui. Logsdon écoutait sans arrêt ses disques, surtout les
rocks primitifs tels que Rootie-tootie ("Tohu-bohu"), et il s'identifia si bien à lui que les auditeurs de WLOU prenaient souvent sa voix pour celle de Hank.
En 1951, Logsdon embaucha un guitariste, Howard Whitehead, et un violoniste, Lonnie Pierce, pour assurer derrière lui quand il se produisait dans
les clubs. Peu après avoir formé son trio, Logsdon grava son premier disque. Financé par un homme d'affaires de Louisville nommé Art Rhodes et
enregistré à Cincinnati avec l'aide de Jimmie Skinner, It's all over (but the shouting) ("Tout est fini, sauf les cris") sortit sous l'étiquette Harvest .
Cette chanson, écrite par Logsdon, parlait d'une scène de ménage avec une pouffiasse. Il passa ce disque dans son propre programme sur WLOU,
restant dans les annales comme le seul disc-jockey à avoir pressenti quelle prometteuse carrière s'ouvrait à Jimmie Logsdon.
Il quitta WLOU en 1952 pour devenir présentateur en chef sur la radio concurrente, WKYW . A l'automne de cette même année, Logsdon se vit
confier la première partie d'un concert donné par Hank Williams à l'auditorium municipal de Louisville. Hank, qui vivait, à l'âge de vingt-neuf ans,
ses derniers mois, fut grandement impressionné par Logsdon; de retour à Nashville, il dit à Paul Cohen, le patron de la firme Decca, que ce type
devait être pris sous contrat.
.
logson3image.jpg
logson3image.jpg (229.33 Kio) Vu 14155 fois
JIMMIE LOGSDON (traduction libre image précédente)
"Son chant s'inspire en grande partie des rassemblements à l'église, où son père était pasteur.

"Ces dernières années, Jimmie a travaillé comme chanteur et disc-jockey de hillbilly sur les stations de radio de Louisville, et à présent il est sur
WINN . Il n'y a pas longtemps, il a enregistré deux de ses propres compositions pour la firme Harvest: it's all over (but the shouting) et
Road of regret ('La route des regrets')."

"Jimmie, natif du Kentucky, a une trentaine d'années. Il est marié et père de deux jolis enfants, un garçon et une fille."
Jimmie reçoit des tas de lettres d'admirateurs chez WINN. Son plus récent succès est un contrat avec la maison de disques Decca.
Ses disques vont bientôt se faire entendre dans tout Je pays."
.
Logsdon commença à enregistrer pour Decca le 8 octobre 1952. Le premier disque qui en résulta fut I wanna be mama'd ("]'veux être materné"").
Après toutes ces années, ce morceau reste l'une des meilleures chansons œdipiennes de la country, qui en a pourtant connu pas mal.
Ses enregistrements Decca, tous effectués à l'hôtel Tulanee de Nashville, étaient en majorité des chansons country, du genre de celles que chantait
son idole, Hank le Grand. (Hank mourut le 1er janvier, peu après le premier enregistrement de Logsdon chez Decca . Quelques semaines plus tard,
ce dernier écrivit et enregistra un hommage intitulé Hank Williams sings the blues no more ("Hank Williams ne chante plus le blues"). Par la suite,
il utilisa l'ancien groupe de Hank, les Drifting Cowboys "les Cowboys Errants" -, pour l'accompagner sur la plupart de ses disques.) Mais il enregistra
également pas mal de morceaux de rockabilly sanglant et de boogie-woogie, parfaitement adaptés à sa voix bluesy et dépravée. Les meilleurs furent
Let's have a happy time ("Passons un bon moment") - co-écrit avec Vic McAlpin, un collaborateur régulier de Hank Williams -, Midnight boogie
("Le boogie de minuit"), et une reprise d'un shuffle issu des marais de Crawley (Louisiane), intitulé Good deal Lucille (""Lucille est un bon coup"").
Mais malgré tous ses efforts, tant dans la country pur jus que dans le rockabilly, Jimmie Logsdon n'arrivait pas à faire de tube, et Decca l'envoya
paître au début de l'année 1955.
Plus tard cette même année, il grava deux disques pour la firme Dot, dirigée par Randy Wood. Sur l'un d'entre eux figurait Midnight blues , qui
passa souvent à la radio dans les environs de Nashville mais n'alla pas plus loin.
Jimmie Logsdon traversait une mauvaise passe. Sa carrière, qui n'avait jamais cassé trois pattes à un canard, paraissait morte. Son épouse avait
entamé une procédure de divorce. Quant à lui, il devenait, à l'instar de son idole, de plus en plus accro aux médicaments et à la boisson.
En 1956, il fut admis à l'hôpital pour surmonter ses faiblesses, et il y resta six longs mois.
Il enregistra de nouveau en 1957, chantant sur un magnétophone portatif dans la chambre à coucher de son violoniste, tandis que celui-ci jouait
des maracas (sous la forme d'une petite bouteille remplie de haricots) derrière lui. Les deux chansons qu'il mit sur la bande sortirent chez Starday -
firme qui n'était pas réputée pour sa haute exigence en matière de reproduction sonore.
Toujours en 1957, sous le nom de Jimmie Lloyd, il grava deux simples chez Roulette. L'une de ces chansons, I got a rocket in my pocket
("J'ai une fusée dans ma poche") - une ode de l'artiste à sa propre bite -ne finit pas seulement par devenir l'un des disques les plus recherchés de toute
l'histoire du rockabilly, mais incita également Iggy Pop à se prendre pour le nouveau Sinatra. Malheureusement pour Jimmie Logsdon, elle n'eut pas
d'effet plus immédiat. .
Il revint à Louisville en 1959, trouva un emploi de disc-jockey sur WCKY, où il resta jusqu 'en 1964. En 1963, il grava une poignée de disques pour
King, tout près de là, à Cincinnati, mais ce n'était dans l'ensemble que de la bouillie sentimentale country-pop, avec des trucs comme
Mother's flower garden ("Le jardin d'agrément de maman") .
A partir de 1964, Logsdon travailla dans plusieurs autres stations de radio du Kentucky et de l'Alabama, tout en enregistrant de temps en temps
pour de petites firmes évanescentes telles que Jewel , domiciliée à Mount Pleasant , dans l'Ohio, ou Clark County , dans le Kentucky.
Il abandonna la carrière de disc-jockey en 1972 et, depuis 1973, n'a plus rien enregistré, se contentant de gagner sa vie en travaillant dans
l'administration du Kentucky.
Ainsi s'achève, bouclant la boucle tant en ce qui concerne le temps des verbes que la géographie, notre petite histoire.
Nous avons beaucoup appris - ou seulement un tout petit peu - mais, au moins, nous n'avons pas perdu notre temps à rire inutilement.
C'est sûr, ce gars-là avait une fusée dans sa poche.
.
A suivre " Screamin' Jay Hawkins "
Fichiers joints
jl1.jpg
jl1.jpg (32.85 Kio) Vu 14155 fois
Alain..

Site sur le son et l' enregistrement de Claude Gendre http://claude.gendre.free.fr/
Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message