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21-Les oubliés du R'nR : " The DOMINOES "

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hencot
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21-Les oubliés du R'nR : " The DOMINOES "

Message par hencot »

THE DOMINOES

La gloire de Bubbonia (Camelote en argot italo-ricain)

LES DOMINOES furent selon moi le plus brillant des groupes vocaux de rock'n'roll, celui qui avait la plus grande classe.Les Clovers et les Midnighters
étaient les caïds des ruelles, mais les Dominoes ne se servaient que dans l'étagère du haut et gardaient le petit doigt pointé vers l'étoile du matin.
Leur musique possédait un pouvoir différent. Leur maîtrise du rythme et du mètre, leur façon subtile d'entrelacer le grossier et le sublime, leurs
paroles qui n'avaient jamais l'air d'être là juste pour la rime: voilà des qualités si rares, si proches de l'essence de la poésie, qu'on est presque
tenté de faire sortir l'inévitable souris grise de sa cachette en employant le mot "art".
Mais ne t'inquiète pas, lecteur; je ne vais pas te jeter ce terme à la figure au point où nous en sommes.
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Le fondateur des Dominoes, qui resta toujours le chef du groupe, était un homme du nom de Billy Ward. Né à Los Angeles le
19 septembre 1921, il avait reçu dans son enfance une formation musicale classique de soprano et il se produisait en concert à l'âge de six ans.
Avant d'entrer au lycée, il avait étudié le piano, l'orgue et l'harmonie. Il commença à composer à quatorze ans. Après avoir remporté le "Gant d'or"
(Concours de boxe amateur), il fut successivement soldat, journaliste et répétiteur de chant au Carnegie Hall et ce fut à New York, en 1950, qu'il
forma les Dominoes.
Ward recruta Clyde McPhatter, autre ex-sopranino devenu ténor, avec une prédilection pour les aigus. McPhatter avait été enfant de chœur
l'église baptiste du Mont du Calvaire de Durham (Caroline du Nord). Parti s'installer à New York avec sa famille à l'âge de douze ·ans, Clyde croyait
fermement que sa voix était un instrument au service du Seigneur. Billy Ward ne parvint pas aisément à le convaincre de s'associer à son projet de
conquête du monde, mais il finit par y arriver. Les autres recrues de Ward furent James Van Loan, second ténor, Joe Lamont, bary­ ton, et Billy Brown,
basse.
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En novembre 1950, les Dominoes furent pris sous contrat par la firme King, qui fit d'eux les premiers artistes à enregistrer pour sa nouvelle filiale,
Federal. En décembre, le groupe se produisit dans un spectacle télévisé très populaire du lundi soir sur CBS: Arthur Godfrey's talent scouts
("Les chasseurs de talents d'Arthur Godfrey"). A la fin du mois, leur premier disque, Do something for me ("Fais quelque chose pour moi") sortit
chez Federal. Il entra dans le classement rhythm'n'blues le mois suivant et atteignit la sixième place.
Variety a toujours été la mieux informée et la plus intelligente des publications consacrées à la culture populaire. Ses commentaires hebdomadaires
concernant les Dominoes mettaient parfaitement en évidence ce qui rendait ce groupe si singulier. Le compte rendu de leur récent spectacle à
l'Apollo Theatre, paru dans variety le 4 février 1951, précisait que le "style inhabituel" des Dominoes était pour l'essentiel "une application des
caractéristiques du spiritual à l'interprétation des chansons pop". Et le mot spiritual renvoyait à une ferveur extravertie, sacrée, d'inspiration
divine.
Cette ferveur fut portée à son comble dans le grand tube des Dominoes, Have mercy baby ("Chérie, prends pitié"), enregistré à Cincinnati le
28 janvier 1952. Du premier rugissement de saxophone aux sanglots ouvertement sarcastiques de la fin, en passant par l'intermède dansant
associant hurlements et claquements de mains, Have mercy baby fut le chef-d'œuvre des Dominoes, un disque de rock'n'roll parfait, et l'un des
très rares qui méritent vraiment d'être joués à fort volume.

I've been a good-for-nothin',.................J'ai été un bon à rien,
I've lied and cheated, too ;.................. J'ai menti et triché aussi;
But l've reaped it ail, my darlin',.............Mais j'ai épuisé toutes ces joies, ma chérie,
And I don't know what co do..................Et je ne sais plus quoi faire.

Un autre tube un peu moins remarquable, mais historiquement plus important, fut l'ode qu'ils consacrèrent en 1951 à l'endurance sexuelle de
Lovin' Dan ("Dan l'Amour") . Comme la plupart des chansons des Dominoes, elle fut écrite par Billy Ward en collaboration avec son imprésario,
Rose Marks.

Lookee here, girls, I'm tellin' you now;....................R'gardez par ici, les fil.les, c'est moi qui vous l'dis
They call me Lovin' Dan;.....................................On m'appelle Dan l'Amour;
I rock 'em, roll 'cm all night long;..........................J 'les secoue et j'les balance toute la nuit;
I'm a sixty-minute man.......................................J 'suis l'homme qui fait ça pendant soixante minutes.

Interprété avec une retenue parfaitement maîtrisée, Sixty­-minute man , enregistré à New York le 30 décembre 1950, cassa la baraque en 1951
et devint le plus gros tube rhythm'n'blues de l'année. Mais l'importance de cette chanson dans l'histoire du rock'n'roll tient au fait qu'en août 1951,
un peu moins de trois mois après son entrée dans le classement rhythm'n'blues, elle entra également dans le classement pop grand public.
Sixty-minute man fut ainsi le premier disque d'un groupe noir de rock'n'roll à devenir un tube. Cela ne laissait pas d'être surprenant, étant donné le
sujet de la chanson. A l'époque, Rosemary Clooney était numéro un du classement pop avec Come on-a my house ("Viens chez moi"). On imagine
avec curiosité ce qui se serait passé si Dan l'Amour l'avait prise au mot.
Sixty-minute man ne dépassa pas la vingt-troisième place du classement pop, mais cela n'avait pas grande importance. L'important, c'était d'avoir
réussi à pénétrer dans ce classement. Cet exploit prépara le terrain à ce qui allait venir. Dans les années qui suivirent, d'autres groupes de rock'n'roll
noir firent le cross­ over, "la traversée" de l'abîme jusqu'alors infranchissable séparant le classement rhythm'n'blues du classement pop : The Orioles
en 1953, avec Crying in the chapel ("En pleurs dans la chapelle"); en 1954, The Crows avec Gee ("Ça alors!"), The Chords - avec Shboom,
The Charms avec Hearts of stone ("Cœurs de pierre"), et The Five Keys avec Ling, ting, dong ("Ding, dang, dong"). Mais aucun de ces tubes n'était aussi excitant ni aussi bon que Sixty-minute man.
La composition du groupe se modifia considérablement en 1952. A James Van Loan, le second ténor, succéda Charlie White, ex-membre des Checkers
"les Contrôleurs" -, un groupe de l'écurie King qui n'avait pas fait de tube. Billy Brown, l'homme à la voix de basse, parti rejoindre les Checkers, fut
remplacé par David McNeil. Mais le changement qui altéra irrévocablement le groupe fut le départ de Clyde McPhatter, qui s'en alla enregistrer chez
Atlantic avec les Drifters - "Les Vagabonds" - en juin 1953· (L'immense succès du premier disque des Drifters, Money honey - "De l'argent, chérie" -,
sorti en août, prouva que McPhatter ne s'était pas trompé.) Billy Ward remplaça McPhatter par un autre chanteur qui allait être appelé, quelques
années plus tard, à connaître le succès pour son propre compte: Jackie Wilson .
Le nouveau groupe, qui s'appelait désormais Billy Ward & his Dominoes , fit encore des tubes pendant toute l'année 1953·Mais ce furent des tubes
franchement mineurs, qui n'avaient pas été écrits par Ward: une interprétation du standard These foolish things (remind me of you) ("Ces choses
idiotes te rappellent à mon souvenir") et une reprise du succès de Tony Bennett Rags to riches ("De la misère à la richesse"). Les Dominoes tentèrent
d'exploiter la mode des films en relief, qui faisait fureur cette année-là, avec une chanson intitulée My baby's 3-D ("Ma poupée est en 3-d"), mais ce
fut un pitoyable échec.
Ward et les Dominoes quittèrent Federal et entrèrent chez Jubilee en septembre 1954· Au printemps 1956, ils partirent chez Decca .
Leur premier simple pour cette firme, sorti en mai, fut St. Therese of the Roses ("Sainte Thérèse des Roses"). Cette chanson était à mille lieues de
Sixty-minute man et de Have mercy baby, mais elle réussit à faire revenir le groupe dans le classement pop. (Sainte Thérèse, toutefois, ne parvint
pas à faire aussi bien que Dan l'Amour.)
Au printemps suivant, ils signèrent chez Liberty. Le premier disque sorti sous cette marque, une version de Stardust ("Poussière d'étoiles"), fut un
tube mineur tant dans le classement rhythm'n'blues que dans le classement pop. Deux autres petits tubes pop lui succédèrent, toujours chez Liberty :
Deep purple ("Pourpre profond") à l'automne 1957 -à cette date, Jackie Wilson était parti enregistrer chez Brunswick - et Jennie Lee au printemps 1958. Durant l'été 1960, ils firent une poignée de disques pour ABC­ Paramount, comprenant la version la plus apathique de The World is waiting for the sunrise ("Le monde attend l'aurore") qu'on eût entendue depuis 1919. Les dix ans qui s'étaient écoulés depuis 1950 avaient vraiment été longs,
très longs.
Dan l'Amour, bien sûr, avait vu venir tout cela. En 1954, lors d'une de leurs dernières séances dignes d'intérêt, les Dominoes avaient enregistré
une chanson intitulée Can't do sixty no more ("J'tiens plus les soixante"). Comme Frank Costello (célèbre gangster qui révéla en 1963, avec Joe Valachi,la structure de l'organisation mafieuse "Cosa Nostra") le fit observer un jour, quand le chargeur est vide, il n'y a plus de balles.
Chérie, prends pitié et passe-moi le programme télé.
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FAITS ET GESTES DES DOMINOES ( Traduction de la page précédente)

Voici des faits sur ce que les Dominoes ont accompli depuis qu'ils ont fait leur entrée, il y a peu, sur la scène du R&B.
C'est vrai ; ce sont les faits, mec !

Billy Ward et ses Dominoe's ont été si appréciés quand ils se sont récemment produits au somptueux Sahara Hotel de Las Vegas que Bill Miller,
le patron de la boîte, a loué un appareil à air conditionné pour que les garçons puissent se reposer confortablement entre leurs sensationnelles
performances. Et lorsque Billy a loué une maison à Las Vegas, le Sahara a fourni tout le mobilier.

Billy Ward et ses Dominoes, mondialement célèbres, vont faire dans un très proche avenir plusieurs concerts de bienfaisance au profit de
l'Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP) Le secrétaire général du NAACP ,Walter White, a fait appel aux Dominoes,
reconnus dans le monde du spectacle comme l'un des groupes les plus rentables, pour qu'ils-aident l'association à récolter des dons. Ward a
saisi cette occasion de se rendre utile et a fait l'éloge du "remarquable service que le NAACP rend à l'humanité" .

Les propriétaires du Pep's Lounge de Philadelphie ont été si impressionnés par le "Grand rassemblement des adolescents" de Billy Ward,
récemment organisé chez eux, qu'ils envisagent d'organiser une matinée spéciale hebdomadaire pour les petites minettes. La matinée organisée
par Billy a rassemblé 600 gosses; Billy a fourni gratuitement les boissons sans alcool, la nourriture et un spectacle complet.

Tous les membres des Dominoes de Billy Ward ont versé des acomptes pour leurs maisons sur un fonds spécial créé à cet effet par leur
imprésario bien-aimée, Mme Rose Marks. Les ténors Jimmy Van Loan et Jackie Wilson vont s'installer respectivement à Philadelphie et à Detroit ;
le baryton Milton Merle et la basse Cliff Givens à Newark (New Jersey); et Billy, pour sa part, à Los Angeles.

Ouais, m'sieur, voilà seulement quelques-unes des remarquables choses que les Dominoes ont faites, et ils vont faire encore beaucoup, beaucoup
d'autres choses. Ne quittez pas des yeux ces Mecs Dans Le Vent, car ils ont de la classe à revendre !

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A suivre : " Jackie BRENSTON"
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Alain..

Site sur le son et l' enregistrement de Claude Gendre http://claude.gendre.free.fr/
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