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Beautiful Losers and Lost Masterpieces

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grievousangel
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Beautiful Losers and Lost Masterpieces

Message par grievousangel »

Un thread pour parler de ces artistes qui sont passés à côté de la notoriété pour les raisons les plus diverses ...
Ils sont restés dans un anonymat suicidaire malgré de véritables chefs-d'œuvre qui n'ont révélé leur brillance que des années voir des décennies plus tard et parfois même après la disparition des artistes.
Les raisons étaient diverses, la faute à pas de chance, des contrats abusifs ou foireux, la présence au mauvais endroit ou au mauvais moment, la fin d'une époque ou d'une mode, la versatilité du public.
Robert (59)

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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces : 1 T.S. Bonniwell - Close (1969)

Message par grievousangel »

Un peu d'histoire, il était un garage band appelé Music Machine
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Music machine a eu en 1966 un tube inoxydable intitulé Talk Talk



Le chanteur de Talk Talk se nommait T.S Boniwell et à la séparation de MM, il allait retourner à ses premiers amours, le folk ... Eh oui !
Dans un registre plus proche de Val Stocklein, Tim buckley, Tim Hardin ou Gene Clark avec des chansons introspectives, souvent douloureuses, Boniwell allait graver un magnifique album intitulé Close chez Capitol, mais le tirage très confidentiel de 5000 exemplaires a limité sa reconnaissance à la seule Californie et il a fallu attendre son décés en 2011 pour que le disque rentre enfin dans la légende et l'établisse à jamais dans la catégorie des Beautiful Losers ...

Un titre pour faire connaissance :

T.S. Bonniwell - Black Snow



Pour ceux qui veulent en entendre plus, voici le lien vers cet album poignant dans sa totalité :
close.jpg
close.jpg (66.52 Kio) Vu 2337 fois
T.S. Bonniwell - Close 1969 (FULL ALBUM) :

Robert (59)

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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces : 2 - Skip Spence - Oar (1969)

Message par grievousangel »

Moby Grape était un autre groupe de la baie de San Francisco, dans la mouvance des Jefferson Airplane, Grateful dead, Big Brother ou Quicksilver Messenger Service.
Ils distillaient un rock psychédélique qui puisait ses racines dans le blues, le folk et même la country ...
moby grape.jpg
moby grape.jpg (66.22 Kio) Vu 2318 fois
Moby Grape - It's a Beautiful Day Today!



Le guitariste s'appelait Skip Spence et bizarrement il avait été le batteur originel du Jefferson Airplane, après avoir été le guitariste des débuts de Quicksilver MG ...
spence.jpg
spence.jpg (70.4 Kio) Vu 2318 fois
Personalité fragile à tendance schizophrénique, Skip abusait des drogues, un mauvais trip lui fit saccager un studio d'enregistrement et le mena en hôpital psychiatrique pour six longs mois ...
En 1969, à sa sortie de l'H.P., direction Nashville où il enregistre Oar sur le label Columbia, bien sur les ventes furent confidentielles.
oar.jpg
oar.jpg (38.82 Kio) Vu 2318 fois
Ensuite maladie et alcoolisme conduisent Skip Spence à une vie d'errance, il disparaît en 1999, à 52 ans d'un cancer des poumons et dans l'indifférence générale.
Alors seulement le business s'interesse à lui et des hommages sont rendus, dès lors son seul disque solo est encensé.

Alexander "Skip" Spence - Oar [FULL ALBUM] (1969)
Robert (59)

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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces : 3 - David Hemmings - Happens (1967)

Message par grievousangel »

Bien sur David Hemmings est d'abord connu pour avoir réalisé l'un des meilleurs films de 1966, l'excellent Blow-Up, sorti en janvier 1967 et où il tient le rôle de Thomas, le photographe du film. A l'affiche on trouvait également Jane Birkin, Vanessa Redgrave ou encore Gillian Hills ...

hemmings.jpg
hemmings.jpg (36.39 Kio) Vu 2312 fois
Dans Blow-Up, il est évident que Hemmings s'intéressait déjà au rock, cf la scène du concert des Yardbirds où l'on voit pour la première fois à l'image Jeff Beck et Jimmy Page réunis dans un morceau d'enfer intitulé Stroll On. Jeff Beck excédé par des grésillements de sa guitare la détruit totalement au grand plaisir de Jimmy Page qui termine le morceau en solo.



1967, MGM Records signe David Hemmings pour l'enregistrement d'un album, l'envoie à Hollywood sous la houlette du producteur Jim Dickson et de l'arrangeur Jimmy Bond. Dickson appelle ses amis Roger McGuinn et Chris Hillman des Byrds ainsi que le batteur de jazz Ed Thigpen. Un inédit offert par Gene Clark et produit par Leon Russell sera même ajouté.
Dans un tel contexte, l'album intitulé "Happens" ne devait ni ne pouvait être un ratage, les musiciens étaient confiants mais l'album ne décolla pas par manque de promotion de la part du label qui avait d'autres chats à fouetter.

Happens.jpg
Happens.jpg (40.94 Kio) Vu 2312 fois

Pourtant Hemmings avait une voix honnête si toutefois pas la voix du siècle, McGuinn enluminait les morceaux de sa Rickenbaker avec force Ragas et soli et les arrangements de Bond étaient excellents. Dans l'esprit de beaucoup, Hemmings était un acteur et on lui reprochait alors une façon dramatique de chanter et un phrasé trop emprunté, trop forcé ...

Pourtant si "Good King James," "War's Mystery," and "Talkin' L.A." pouvaient sembler surjoués, ses versions de Clark de "Back Street Mirror," de Tim Hardin "Reason To Believe," ou de Bill Martin's "After the Rain" étaient des perles de folk rock. Sans doute Hemmings avait un peu forcé le trait et aurait du la jouer plus naturel.

A1 Back Street Mirror 3:21


A2 Reason to Believe 2:09


A3 Good King James 3:57


A4 Bell Birds 3:30


A5 Talkin' L.A. 7:29


B1 Anathea 3:09


B2 After the Rain 2:40


B3 War's Mystery 6:30


B4 The Soldier Wind 2:17
Robert (59)

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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces

Message par JiDé »

Graham Bond

Je ne sais pas s'il est Beautiful au vu de la photo.. mais loser sans doute.

Souffrant de multiples addictions (dont les drogues dures), bi-polaire, accusé d'avoir abusé de la fille de son amie, il se jette sous un train en 1974.

Mais il est aussi un organiste de génie et un saxophoniste hors pair (il jouait parfois les deux en même temps) et a formé un groupe qui sera très influent sur le microcosme musical british au milieu des 60's: la Graham Bond Organisation.

A l'époque le meilleur line-up du Royaume-Uni avec Ginger Baker aux drums, Jack Bruce à la basse et Dick Heckstall-Smith au Sax. La GBO mélange allègrement blues, R&B et jazz.

Deux albums à retenir:




A noter que pour l'album There's a Bond Between Us la première utilisation du Mellotron... c'était en 1965, bien avant les Beatles, les Moody Blues et autres groupes de rock progressif.
Fichiers joints
GBond1.jpg
GBond1.jpg (108.24 Kio) Vu 2298 fois
A: Sansui AU-222/Revox B260/B226/B795/Symbol MkII/Philips CDR 760/Teac VRDS-20

B: Revox B250/A720/B225/A76/B215/Ditton 33/Thorens 126 MkII

Les fillotes: Luxman SQ-202/2*Revox A50/B225/Denon DCD 510AE/Marantz CD 60/2*Revox Piccolo MkII/Kef C20
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grievousangel
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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces

Message par grievousangel »

J'aime beaucoup ce qu'a fait Graham Bond ...
Il avait un univers très particulier qui mêlait satanisme, magie noire, religions anciennes ... ce qui conférait à certaines de ses œuvres un climat particulier.
je vous propose de découvrir son LP Holy Magick



Ames sensibles s'abstenir !

Ps : Dick Heckstall-Smith cité dans le post précédent jouait également de 2 saxos en même temps, au sein de Colosseum par exemple.
Robert (59)

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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces

Message par grievousangel »

1973, Le Jefferson Airplane était en panne ...
Jorma Kaukonen et Jack Casady se consacraient au 4éme album de Hot Tuna intitulé "The Phosphorescent Rat" ...
Alors que Paul kantner et Grace Slick, en pleine lune de miel terminaient la parenthèse de la trilogie suivante : "Blows Against the Empire", 1970 - "Sunfighter", 1971 et "Baron von Tollbooth and the Chrome Nun", 1973.
En 1973 Grace Slick se consacre également à son premier album solo intitulé Manhole sorti le 4 janvier 1974.
Grace & Janis.jpg
Grace & Janis.jpg (12.6 Kio) Vu 2256 fois
En fait, le groupe en place pour Manhole deviendra le Jefferson Starship.
L'album a été conçu comme une bande originale, bien qu'il n'y ait aucun film de ce nom.

Le titre Theme from the Movie Manhole, d'une durée de plus quinze minutes, est chanté à la fois en anglais et en espagnol.
Grace Slick a réalisé toutes les illustrations de l'album et a écrit Child Type Odd Art by Grace sur la pochette

A noter le côté versatile et peu aventureux du public qui a superbement ignoré cet album, ce qui explique sa présence dans cette rubrique ...
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manhole.jpg (234.78 Kio) Vu 2256 fois


Face A
1. Jay 2:43
2. Theme from the Movie "Manhole" 15:23
Face B
1. ¿Come Again? Toucan 4:40
2. It's Only Music 4:32
3. Better Lying Down 3:15
4. Epic (#38) 7:23

Personnel :

Grace Slick – vocals on all tracks except "It's Only Music", rhythm guitar, piano
Peter Kaukonen – bass, lead acoustic guitar, mandolin
David Freiberg – vocals, rhythm guitar, percussion, bass, organ, 12-string guitar
Paul Kantner – vocals, 12-string guitar, rhythm guitar, glass harmonica
David Crosby – vocals
Ron Carter – bass
Jack Casady – bass
Craig Chaquico – lead guitar
John Barbata – drums
Gary Duncan – lead guitar
Pete Sears – piano, bass
Keith Grant – synthesizer programming
London Symphony Orchestra
Robert (59)

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Texas Rangers
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Re: Beautiful Losers and Lost Masterpieces

Message par Texas Rangers »

Bien le bonjour à toutes zé tous ! :hello:

Excellente rubrique proposée par Grievous, ce topic dédié aux losers magnifiques mérité d’être complété par les 5 de Détroit, à savoir les Motor City Five MC5, dont le destin a été scellé à l’issue de 2 albums mythiques, malgré les rebondissements, les ruptures, et changements de personnels ultérieurs.

Je ne veux surtout pas piétiner tes plates-bandes Grievous :stop: , aussi ne vais-je évoquer que leur deuxième album « Back in the USA », aujourd’hui considéré comme un chef d’œuvre absolu, l’un des meilleurs disques de l’histoire du Rock, livré par un groupe dont Tom Morello (guitariste américain, ex membre du groupe Rage Against the Machine, très engagé à gauche politiquement) dira qu'il ne pouvait rien rater tant il était fantastique.
mc5.jpg
mc5.jpg (40.45 Kio) Vu 2231 fois
D’après ce que j’ai lu, si leur 1er album « Kick Out the Jam » (chroniqué par Grievous) a été une véritable rév(olu)élation, un énooooorme pavé dans la mare, il a aussi apporté pas mal d’ennuis aux 5.
Lester Bangs, journaliste influent, porte un jugement assassin et destructeur sur MC5 (ex : ils ne savent pas jouer et masquent leur incompétence par du bruit) et leur « Kick Out … » dans Rolling Stone Magazine. Premier article, premier coup de grâce ... avant le déluge!

Critiqué de toutes parts, boudé par le grand public, jugé inaudible, insurrectionnel et de très mauvais goût, « Kick out the Jam » passera cependant à la postérité grâce à un solide noyau de critiques et de fans, mais poussera aussi le groupe vers la sortie, puisque Elektra les vire.

Piqués au vif, vexés et blessés, les 5 gaillards remettent les choses à plat et décident de revenir à la source. Et cette source rafraîchissante et bienfaitrice s’appelle Rock and Roll. Ils ont connu les pionniers, ont joué leur musique et ce style convient tout à fait à leurs cris de révolte.

Ils signent chez Atlantic Records, recrutent un jeune rock critic talentueux, Jon Landau, futur producteur de Bruce Springsteen (travaillera aussi pour de nombreux artistes comme Jackson Browne) qui a la lourde tâche de les produire.

Il s’y prendra à deux fois, mais réussira le job. Simplicité, efficacité, tels sont les qualificatifs qui entourent la sortie du 2ème 33 tours des MC5 en 1970. Pas de dope ni d'excès durant l’enregistrement, mais une vie saine avec séances obligatoires de jogging et des répétitions, plein de répétitions, jusqu’à atteindre l’ultime perfection …
C’est le prix à payer pour faire taire les critiques qui les prennent pour des baltringues !

Les titres (face A / face B) :

1) Tutti Frutti (le tube de Little Richard)

2) Tonight

3) Teenage lust

4) Let me try

5) Looking at you

6) High School

7) Call me Animal

8) The American ruse

9) Shakin’ Street

10) The Human being lawnmower

11) Back in the USA


Les textes évoquent la jeunesse à la dérive dans une Amérique moderne qui les oublie, le sexe, l’amitié, les bagarres viriles, bref, c’est un disque de rock and roll early years rapporté au début des seventies quoi …

Le titre emblématique « Shakin Steet » donnera son nom à un groupe français de hard rock fondé en 1975, dont Louis Bertignac (guitare) et Corinne Marienneau (basse) firent partie avant d’intégrer Téléphone.

Le groupe :
- Rob Tyner : chant
- Wayne Kramer : guitare, backing vocals, auteur des soli sur “Tutti Frutti” et “Looking at you”
- Fred “Sonic” Smith : guitare, backing vocals (mais lead sur “Shakin Street”), auteur du solo dans “American ruse”
- Michael Davis : basse
- Dennis Thompson : fûts, canons et caisse claire, les drums quoi!
Les keyboards de Danny Jordan et Pete Kelly ont renforcé l’armada

John Sinclair, leur premier manager, avouera dans une interview qu’il s’était trompé à leur propos : lui, le révolutionnaire, voulait en faire de nouveaux Mao alors que Rob Tyner et sa bande n’avait qu’une seule ambition : devenir les nouveaux Beatles.

La tactique du virage rock and rollien pris avec « Back in the USA » a parfaitement été intégrée par des formations comme Brownsville Station, Flamin’ Groovies, Meteors, tandis que des générations de Hardeux ont planché sur les plans de guitares, que les Dolls de New York ou Aerosmith leur ont carrément piqués (cf : « Looking at you »).

Mais c’était pour la bonne cause ...

Mais, hélas, "Back in the USA" allait décevoir les fans de la 1ère heure et ceux qui tenaient les MC5 en haute estime. Traité de groupe à minets, montré du doigt pour avoir pondu un slow, soupçonné d'avoir vendu son âme pour une place illusoire dans les charts, le groupe suscita pas mal de discussions houleuses, essuyant au passage et à nouveau pas mal de critiques acerbes.
Il faut dire qu'à l'époque et pour certains, dès qu'un titre était court, il devenait déjà suspect. Impossible de triper dessus. Alors, si en plus, il comportait une mélodie que tu pouvais siffler, chantonner et qui te rendait heureux, alors là, c'était la cata, l'excommunion. :pascontent:

Ce n'est que bien des années plus tard, à l'abri des passions, que "Back in the USA" fera l'unanimité.

Durant ma courte période « révolutionnaire », j’avais 2 albums de chevet :
« L.A. Woman » des Doors et « Back in the USA » des MC5

Et puis je l’ai vendu ou échangé je ne sais plus. Me reste plus que la K7 audio sur laquelle je l’avais enregistré. Mais le son est devenu mer..que.
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