Oh non, encore un énième « intégré » sur Audiovintage ! Non mesdames, non messieurs, bien qu’il ne le porte pas sur lui au premier regard, ce Yamaha CA-2010 est bien plus que cela.
Qu’on le veuille ou non, les deux marques « généralistes » que sont Yamaha et Sony ont été les seules à être aller aussi loin en hifi. Ces gros groupes ont su développer des composants pour leur seul usage en hifi et certains appareils de ces marques sont de véritables réussites, n’ayant rien à envier à des marques plus élitistes.
Bien évidemment, les appareils « vitrines » ont été commercialisés principalement pour démontrer le savoir-faire de ces marques, le gros des ventes ayant été fait sur des appareils souvent bien moins remarquables et également beaucoup moins chers 🙂
Le CA-2010 fait un peu plus de 20kg. Il développe 2×120 watts sous 8 ohms en classe B et 2×30 watts en classe A que l’on commute grâce à une commande en façade. Et avant d’aller plus loin, oui, il développe réellement 2×30 watts en classe A. Dans ce mode, la température monte en flèche et la consommation électrique est multipliée par 3.5.
Il dispose d’un étage phono MM et MC de très bonne qualité, associant des circuits hybrides Yamaha qui ne devront jamais au grand jamais tomber en panne…
Les commandes sont de grandes qualité, particulièrement les potentiomètres, celui de volume/balance est énorme.
Cet exemplaire fonctionne encore. Il y a hélas de multiples traces d’interventions, toutes plus moches les unes que les autres.
Les vumètres ne fonctionnent pas très bien (et ne fonctionneront plus du tout sans que je touche au circuit). Un intervenant à probablement tenté quelque chose ici à voir le bricolage réalisé sur les connecteurs des vumètres (qui ne sont finalement pour rien dans leur fonctionnement erratique)
Un canal à tendance à disparaitre, certaines commandes son encrassées. De soudures refaites (mal) sont visibles un peu partout, le circuit d’alimentation a été en partie revue avec des condensateurs ne respectant pas toujours les valeurs d’origine car c’est bien connu, les ingénieurs de chez Yamaha étaient des charlots.
J’en rajoute une couche ?
Démonter puis remonter les cames des sélecteurs c’est bien, le faire correctement c’est mieux. Ainsi toutes les positions auraient pu être sélectionnables 🙂
Retrait des étages de puissances. Fort heureusement, bricoltoumal n’est pas passé par ici pour appliquer son art, nous avons donc des circuits totalement d’origine.
Quelques condensateurs chimiques remplacés, des transistors et des résistances ajustables désoxydées. Bien évidemment, les contrôles habituels sur ce type de circuit et sur certains composants en particulier sont réalisés.
La classe A, ça chauffe fort. Les graisses s’étaient transformées en poudre.
Transistors démontés, testés puis remontés sur des micas neufs et de la graisse fraîche.
Les condensateurs de filtrages sont des Nippon chemi-con, soumis ici à une température importante.
J’en profite pour démonter le relais présent et le nettoyer.
Puis j’adapte (ce n’est pas plug and play) des nouveaux condensateurs de filtrage.
Le circuit d’alimentation et de protection.
On voit clairement que des condensateurs ont été remplacés. Bon, je ne suis pas fan des marques et référence utilisées, mais si les valeurs capacitives avaient été respectées, cela aurait été mieux.
Sous le circuit, en effet, ce n’est pas bien propre, un petit coup de nettoyage avant de remettre le circuit en place n’aurait pas pris beaucoup de temps…
Circuit révisé. Le relais a été démonté et ses contacts nettoyés. Les deux transistors sont désormais tartinés de graisse fraiche. Côté soudure, nettoyage et les soudures inspectées et refaites si nécessaire puis un second nettoyage est réalisé.
je ne le sais pas encore mais je devrait réintervenir sur ce circuit un peu plus tard…
Le circuit d’entrée avec l’étage phono.
Les condensateurs tantales étant absolument parfaits à la mesure, ils restent en place. Tous les autres, fatigués, sont remplacés.
Passons à la cerise sur le pompon, les vumètres. Et oui, s’ils bougeaient plus au moins sur le rythme de la musique, suite aux interventions réalisées ci-dessus, désormais dés l’allumage, le vumètre de gauche se cale à fond à droite et le vumètre de droite se positionne à la verticale, et ils ne bougent plus.
Voici le coupable, et c’est hélas un souci redondant sur ces appareils. Ce circuit, propre à Yamaha n’est pas documenté. On trouve un sujet intéressant sur un célèbre forum hifi américain, proposant entre autre d’en construire un nouveau avec les données plus ou moins complètes à disposition…Mouais..
On sort le couteau à huitre (de Marennes Oléron, les meilleures) et on ouvre.
Grosso-modo, on y trouve des résistances, des condensateurs tantales, des diodes diverses y compris germanium, des thermistances, des transistors et deux doubles AOP en boitier dil-8.
Après y avoir passé un certain temps, je ne trouve rien d’HS, mais je n’ai pas testé les AOP que je remplace sans trop me poser de questions, et que je monte sur des supports car je suis un gentil réparateur qui pense à celui qui devra peut-être intervenir un jour ou l’autre à nouveau dans ce module = circuit réparé 🙂
Les commandes sont nettoyées, les courants de repos sont ajustés en classe B et en classe A, tout comme les offsets. Les vumètres sont également calibrés, cela serait dommage qu’ils affichent n’importe quoi après avoir passé tant de temps pour réparer ce circuit !
Terminé ?
Et bien non, après quelques heures de fonctionnement, une alimentation négative commence à flancher, visible d’abord par le fait que les vumètres ne bougent plus du tout.
Remplacement de 3 transistors sur l’alimentation. Cette fois-ci, c’est la bonne !
Connectique. Les rageux rageurs rageront sur les borniers HP qui auraient pu être de meilleure qualité.
Les mesures sur entrée Aux :
Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Mesure en classe A. Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Distorsion à 2x130w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Mesure en classe A. Distorsion à 2x30w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Mesure en classe A : puissance de sortie sous 8 ohms à l’écrêtage. Entrée aux, tone defeat.
Distorsion d’intermodulation à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Puissance de sortie sous 8 ohms à l’écrêtage en IMD, entrée aux, tone defeat.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat, filtres activés.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, correcteurs au mini puis au maxi.
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Rapport signal bruit à 2x130w sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Les mesures sur entrée phono MM:
Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono MM, tone defeat.
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono MM, tone defeat.
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono MM, tone defeat.
Les mesures sur entrée phono MC:
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono MC, tone defeat.
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono MC, tone defeat.
Les mesures à l’oscilloscope :
Signal carré à 100hz, 1khz, 10khz et temps de montée à 10khz. 1w en sortie sous 8 ohms, entrée aux, tone defeat.
Et si vous faisiez réparer et/ou réviser votre Yamaha ? : L’atelier Audiovintage
Magnifique bestiau ! Bravo.