Les Marantz 4400 et moi, c’est une longue histoire. Il faut bien admettre que peu de techniciens acceptent de les prendre en charge. Compliqués et chronophages, ce sont bien là les adjectifs principaux qui ressortent dès que l’on retire le capot. Exemple d’une remise à niveau complète d’un bel exemplaire.
Je vais me répéter, mais je dois le faire, particulièrement pour ce modèle. Le compte rendu présenté ci-dessous passe sous silence un bon paquet d’astuces, de vérifications, tests et autre manipulations obligatoires quand on souhaite s’occuper d’un Marantz 4400. Il n’est jamais bon marché à remettre en état, la tentation est donc grande d’y mettre les mains avec des connaissances basiques (attention à la haute tension d’alimentation du tube…).
Ce n’est clairement pas une bonne idée, intervenir dans cet appareil n’a rien à voir avec une intervention classique, même un très gros receiver Marantz stéréo est très simple en comparaison.
Vous êtes prévenu !
L’exemplaire présenté ne fonctionne pas, pas de son. Il s’avère que de nombreuses commandes encrassées (et les relais de protection, hélas…voir plus bas) demandent un fastidieux nettoyage.
L’oscilloscope fonctionne malgré une petite tache sombre en son centre (habituel). A ce sujet, ne le laissez pas fonctionner si vous en avez pas besoin et éviter de pousser sa luminosité à fond à l’arrière de l’appareil. Avec un usage correct, ces tubes cathodiques ont une très longue durée de vie.
Autre souci, l’éclairage est défaillant, et les ampoules encore vaillantes éclairent bizarrement.
Ce Marantz 4400 de 1975 va avoir doit à une très grosse révision.
Retrait de la façade (entre autre). La pièce en plastique qui supporte les ampoules est fortement déformée, les quelques ampoules encore fonctionnelles ont un peu de mal à éclairer correctement bandeau radio et voyants.
Retrait en cours. La pièce ne va pas pouvoir être sauvée.
Impression 3D d’une pièce de remplacement. Utilisation de PLA 3D870 recuit pour supporter la température, qui sera bien plus faible qu’à l’origine par l’utilisation d’ampoules led pour le bandeau radio.
Le montage n’est absolument pas « plus and play », quelques retouches seront nécessaires ainsi que de la visserie différente de celle d’origine.
Je m’attaque ensuite au circuit de gestion de l’oscilloscope.
Retrait du tube cathodique.
Vérification de l’ensemble et remplacement de deux résistances ayant fortement dérivées.
Le but étant d’avoir un oscilloscope bien réglé, qui m’aidera d’ailleurs ensuite pour le réalignement du tuner FM. En effet, ce dernier n’est plus vraiment au top lui non plus !
Retrait du circuit d’alimentation basse et haute tension.
Une intervention passée est visible avec le remplacement d’un transistor. Curieusement, ce circuit d’alimentation n’est pas en trop mauvais état, deux condensateurs chimiques HS uniquement, alors qu’en général c’est un vrai cimetière…
Retrait du connecteur qui distribue les alimentations ; il arrive en effet d’y trouver un amorçage entre les pins de connections. Ce n’est pas le cas ici, mais pour être sûr, il vaut mieux dessouder.
Jusqu’à présent, dans les 4400, j’ai toujours pu éviter de devoir dessouder les relais pour les nettoyer, en faisant sauter les capots relais en place, mais les bonnes choses ont une fin…
Le démontage est cauchemardesque, mais je n’ai pas le choix.
Démontage. Relais près à être nettoyé. Les deux relais seront ensuite testés plusieurs fois avant leur remontage. Il est hors de question de devoir réintervenir ici !
Voici un des deux circuits drivers. C’est amplificateur quadriphonique. Nous avons donc ici deux canaux d’amplification.
Révision complète.
Le second circuit reçoit des soins identiques.
Tout comme les transistors drivers présents sur les circuits vus précédemment, les transistors sont retirés et testés (gain et absence de courant de fuite) et remontés avec de la graisse fraîche, et de micas neufs pour les transistors de puissances.
Le redressement est confié à deux double diodes Sanken au format To66. Hélas, j’ai de plus en plus affaire à des 4400 ou l’une de ces diodes lâche aléatoirement. Cela ne cause aucun autre dommage mais si on peut éviter…
Je monte désormais à la place un généreux pont de diode On-semi de 35A.
Le circuit « phase convertor ».
Le circuit « buffer & preamplifier ».
Toujours beaucoup de travail sur ce circuit. Remplacement de tous les condensateurs chimiques, de nombreux transistors et de quelques diodes.
Condensateurs chimiques neufs tout comme certains transistors.
Le circuit diode matrix qui supporte également les potentiomètres de tonalité.
Condensateurs chimiques neufs.
Intervention identique avec le remplacement des condensateurs chimiques et de quelques transistors.
Remplacement de transistors, condensateurs chimiques et autres condensateurs.
L’appareil est désormais configuré en 240v et non plus en 220v. Tension d’alim 35v ajustée, tout comme les différents bias et offset. Enfin, l’oscilloscope est réglé.
Connectique. Le joli coffret bois est neuf. Le propriétaire me l’a fait envoyer directement pour le monter sur son appareil.
Cet exemplaire a encore la petite étiquette qui précise de ne JAMAIS toucher au sélecteur Mode (Quadri/stéréo) appareil en route.
Les mesures sur le tuner FM :
Le réalignement a été partiel mais nécessaire. Deux mesures après réglage pour l’exemple.
Distorsion en FM stéréo, 98MHz, 70dBµV. Avant mon passage elle était de 0.8%.
Réponse en fréquence en FM stéréo, 98Mhz, 70dBµV.
Les mesures sur entrée Aux :
Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, mode stéréo (bridgé).
Distorsion à 2x125w sous 8 ohms, entrée aux, mode stéréo (bridgé). La puissance annoncée en mode stéréo est très conservatrice, on peut atteindre 2x180w avec une distorsion encore faible.
Distorsion d’intermodulation à 2x125w sous 8 ohms, entrée aux, mode stéréo (bridgé).
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, mode stéréo (bridgé).
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, filtres high et low activés, mode stéréo (bridgé).
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, loudness activé, mode stéréo (bridgé).
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée aux, mode stéréo (bridgé).
Rapport signal bruit à 2x125w sous 8 ohms, entrée aux, mode stéréo (bridgé).
Les mesures sur entrée phono :
Distorsion à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono, mode stéréo (bridgé).
Réponse en fréquence à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono, mode stéréo (bridgé).
Rapport signal bruit à 2x1w sous 8 ohms, entrée phono, mode stéréo (bridgé).
Rapport signal bruit à 2x125w sous 8 ohms, entrée phono, mode stéréo (bridgé).
Les mesures à l’oscilloscope :
Signal carré à 100hz, 1khz, 10khz et temps de montée à 10khz. 1w en sortie sous 8 ohms, en mode quadri.
Et si vous faisiez réparer et/ou réviser votre Marantz ?
Audiovintage : réparation et révision de vos appareils !
Toujours passionnant à suivre, même si je n’y connais presque rien en électronique ! Une question par contre là où j’y connais quelque chose : comment avez-vous fait pour le modèle de la pièce imprimée en 3D ?
Vous l’avez modélisée vous-même à partir d’un relevé de mesures sur l’ancienne pièce (enfin ce qu’il en reste…) ou des modèles 3D existent sur le web pour ces appareils ?
C’est de la pure curiosité, donc si c’est un secret, pas de problème !
Bravo dans tous les cas…
Stéphane
Bonjour Stéphane, pas de secret, la pièce se trouve sur le site Thingiverse. Il y a quelques petits défauts sur celle proposée mais c’est corrigeable/adaptable après impression. Si un jour j’ai un moment (je rêve !) je modifierais peut être le fichier 3D en conséquence. Il faut surtout choisir judicieusement le type de filament pour l’impression. Si on souhaite réutiliser des ampoules incandescentes “fuse type” et non des led, l’ABS est probablement obligatoire pour cause de température élevée, mais cette matière s’imprime plus difficilement et dans un environnement contrôlé.
Thierry.
Merci Thierry : voilà effectivement une application géniale et concrète de l’impression 3D ! Je l’avais déjà envisagé pour l’achat éventuel d’un appareil auquel manquent certaines commandes en façade (boutons), même si dans ce cas le challenge sera plutôt de reproduire l’état de surface de finition…
Stéphane
Sauf post traitement important (ponçage voir enduit, peinture), il n’y a aucune chance de pouvoir reproduire un bouton 100% identique esthétiquement à un original avec une imprimante FDM (fil fondu). Sachant qu’il y a aussi des contraintes importantes en terme de diamètre de trou et de cannelure en ce qui concerne les boutons qui viennent sur un axe de potentiomètre, cela va être compliqué sans devoir y passer des heures et des heures. A moins qu’il soit réellement introuvable, il est préférable d’acheter le bouton manquant à vil prix d’occasion sur ebay par exemple…
Par contre, je ne sais pas ce que pourrait donner une imprimante à résine dans le cadre de cette utilisation. Plus de précision, moins de post-traitement c’est sur, mais je n’ai pas d’idée sur la solidité de la pièce,; sans compter les contraintes plus importantes d’utilisation de ce type d’imprimantes.
Thierry.