Voici encore un exemple d’un appareil avec quelques petits « soucis » et qui nécessite en réalité une énorme restauration. Cela dit, un L-550 Luxman, on ne refuse pas de s’y coller.
Apporté en main propre par ses propriétaires, ce fut l’occasion d’une belle rencontre avec des gens charmants.
Ce bel intégré dans un état esthétique quasi neuf est une première main.
La classe A et la température qui va avec font de cet appareil un vrai radiateur ou les composants et soudures sont soumis à rude épreuve.
Il avait eu droit à une petite réparation il y a longtemps. Quelques transistors et résistances avaient été remplacés sur un canal d’amplification.
Le symptôme décrit lors du dépôt à l’atelier était une coupure de l’appareil lors de l’utilisation d’une entrée phono.
Etait prévu également une bonne révision, et il en avait besoin.
Avant de le mettre en route pour faire un essai et visualiser les problèmes à régler, j’ai ouvert le monstre pour une inspection visuelle. Après cette petite visite il était clair qu’un simple essai était dangereux pour l’appareil…
Commençons par les cartes PB-1400-2, une par canal.
Nous avons droit à de la colle devenue corrosive et conductrice, des condensateurs bien usés et des soudures sèches un peu partout.
La réfection de ces deux cartes passe donc par le grattage de cette fichue colle (et ce n’est qu’un début !), le remplacement de la totalité des condensateurs chimiques, la mise en place de graisse thermique fraiche et surtout la réfection de la totalité des soudures.
Passons à la carte suivante sur la gauche, PB-1400-3.
Après les soudures, mise en place de graisse fraiche.
Je passe à une section de l’étage phono, placé sur le côté droit de l’appareil, à la verticale. Du travail !
Nettoyage de la colle (un calvaire sur cette section), remplacement des condensateurs chimiques, réfection d’une bonne partie des soudures..
Par la suite, j’ai tenté un démarrage de l’appareil (le fou ! 🙂 ) . Quelques mesures me confirment une panne sur l’étage phono. Il manque une tension d’alimentation sur un canal ce qui donne une tension de plusieurs dizaines de volts la ou il devrait y avoir seulement quelques millivolts. L’amplificateur se mettant alors en protection.
Je remonte sur la section alimentation. La section PB-1399
C’est ici que se perd la tension nécessaire à l’étage phono.
Des soudures HS sont responsables des ennuis d’alimentation. J’en profite pour remplacer les condensateurs chimiques.
Sous cette carte, on trouve le pont de diode et les connections aux deux condensateurs de filtrage qu’il faudra aussi remplacer….
Mais pour le moment, j’attaque une autre partie de l’alim, PB-1400-1
Ici non plus la fraicheur n’est plus de mise.
La colle utilisée en usine est carbonisée. D’ailleurs, il suffit de mettre les pointes de touches d’un multimètre n’ importe où sur ce résidu pour constater que celui-ci est devenu conducteur…
Nettoyage, remplacement des condensateurs chimiques, remplacement d’un strap rongé par la colle, ainsi que du pont de diode ou une patte était bien attaquée également. Graisse thermique et réfection des soudures pour finir ici.
La carte PB-1402-1. Protection, qui supporte donc les relais HP. Une des rares cartes à ne pas être trop « attaquée ».
Remplacement des condensateurs chimiques et quelques soudures refaites par sécurité.
Pour accéder à la section PB-1400 il faut démonter l’arrière de l’appareil.
Un peu « sport » mais faisable.
On prend les même et on recommence : nettoyage de la colle, nouveaux condensateurs chimiques et soudures…
Il faut ensuite accéder aux sections PB-1403 et PB-1403-2 (pour chaque canal). Pour cela il faut démonter le système de refroidissement.
Les radiateurs des deux canaux prennent en sandwich le caloduc.
Pour éviter de mettre l’appareil en pièces détachées un peu de réflexion s’impose et permet de sortir tout ce que je souhaite réviser.
Ca y est, un canal est sorti. Les transistors de puissances sont dessoudés pour accéder à la face « soudure » de la carte. Réfection de l’ensemble de celles-ci, contrôle de l’ensemble des composants et remplacement de résistances. Nouvelle graisse thermique obligatoire.
Sans rentrer dans les détails, suite à la mort suspecte de l’un des transistors de puissances lors de tests qui ont suivi, j’ai du re-démonter tout l’ensemble, tout vérifier et remplacer les 4 transistors de puissances sur un canal (transistors originaux bien sur).
Remontage en cours. On peut voir la graisse fraiche appliquée sur le système de refroidissement.
Voici le circuit qui supporte le potentiomètre de volume.
Nouveaux condensateurs, les cartes derrière la façade ne sont pas soumises à la même température que le reste de l’appareil, les soudures ne souffrent pas ici.
Il me reste à remplacer les deux condensateurs de filtrage de 30.000uf 50v.
Le souci sur cet appareil, est qu’il est impossible de trouver des condensateurs chimiques de cette valeur de bonne qualité, et qui ne dépassent pas de l’appareil empêchant ainsi de remettre son joli coffret. Avouez que c’est ennuyeux.
La solution retenue ici est l’utilisation de deux condensateurs de 15.000uf 63v 125° Mundorf AG pour remplacer chacun de deux condensateurs de filtrage.
J’ai décidé de ré-utiliser les « clamps » des condensateurs originaux pour maintenir les nouveaux. Pour ne pas que ce soit « bancale » et exercer un vrai maintien, j’ai découpé des petites sections dans un tuyau en aluminium.
Tout est fermement maintenu.
Les connections sont ensuite facilement réalisées dans l’appareil.
N’oublions pas le passage en 240v.
Une partie des innombrables mesures et réglages à faire dans cet appareil…
Passage au banc de test, avec une mesure de puissance à l’écrêtage de l’amplificateur.
Quelques signaux carrés à 100hz, 1kh, 10kh.
Mise à jour du 22 avril 2019.
Suite au passage dans la région du propriétaire (et ami) de ce bel intégré de première main, j’en ai profité pour réaliser quelques mesures sur le banc Rohde & Schwarz UPV, plus performant que celui que j’utilisais à l’époque.
Durant ces mesures, une distorsion importante est apparu sur un canal phono (MM et MC). Ce souci a été réglé par le remplacement de quelques transistors sur l’étage phono MM.
Voici donc les mesures réactualisées.
Distorsion à puissance nominale sous 8 ohms.
Réponse en fréquence sous 8 ohms (1w à 1khz) entrée aux, tone-defeat.
Rapport signal/bruit sous 8 ohms (20w à 1khz) entrée aux, tone-defeat, pondération A.
Distorsion à 2x3w sous 8 ohms, entrée phono MM 20mv, tone defeat.
Réponse en fréquence sous 8 ohms (1w à 1khz), entrée phono MM 20mv, tone-defeat.
Distorsion à 2x3w sous 8 ohms, entrée phono MC 2mv, tone defeat.
Réponse en fréquence sous 8 ohms (1w à 1khz), entrée phono MC 2mv, tone-defeat.
Et si vous faisiez réparer et/ou réviser votre Luxman ?
Audiovintage : réparation et révision de vos appareils !
bonjour et félicitations . Travail tres important en effet . Je possede le même appareil . Acheté neuf en 1984
et régulièrement utilisé , il n’a jamais eu une panne ,même mineure . Cependant il chauffe… comme tous les
classe A . Il va bien un jour tomber en panne , nous prenons de l’âge tous les deux …
Bonne continuation
PS : avec des enceintes de sa classe, l’ampli marche magnifiquement , et sa souplesse d’emploi est incompa
rable : 3entrées phono, dont mm et mc avec impédances variables , 3 entrées magneto … . On n’avait jamais fait cela avant , ni jamais depuis .
Encore merci pour le travail réalisé sur mon L550, il a retrouvé une seconde jeunesse et le retrouver après être passé entre vos mains a été un vrai plaisir.
L’écoute est parfaite, graves profonds et bonne séparations des différentes fréquences !!!
Encore bravo et merci…
Le propriétaire
Une très belle machine et un propriétaire sympa, merci pour votre confiance !
effectivement une bien belle machine
mais la chauffe fait partit des contrainte
y a t il des systeme prevue a l’origine pour raffraichir les Luxman de ce type ?
Le système de refroidissement d’origine est déjà bien « costaud » et fait appel à un système de caloduc ou « Heat Pipe ». Il est d’ailleurs fortement recommandé de ne pas faire fonctionner les appareils de ce type « sur la tranche », le refroidissement n’étant alors absolument plus optimal.
Un transistor à 90°, cela peut paraitre beaucoup, mais ce n’est pas le cas, c’est plutôt la proximité du circuit imprimé (et des soudures) ainsi que des autres composants qui fait que la température est problématique sur la durée. Et encore, peut on reprocher à un appareil « commercial » (et donc conçu avec des objectifs de rentabilité comprenant entre autre le poids et le volume) d’avoir besoin d’une grosse révision après plus de 20 ans d’usage ?
Non, bien sur. Luxman aurait pu monter des radiateurs quatre fois plus gros et lourd, dans un boitier beaucoup plus volumineux et aéré, mais cela aurait été sans doute un suicide commercial…
L’idéal est donc de ne pas disposer ce genre d’appareil dans un meuble fermé, et de favoriser la circulation d’air dessus et sur les côtés en évitant de le coller à d’autres appareils.
L’utilisation de ventilateurs issus du monde informatique et connectés à une alimentation externe réglable est aussi une solution pour rafraichir la « bête », il suffit souvent d’un petit mouvement d’air pour faire baisser drastiquement la température.
Bonjour..
Je possède également cette merveilleuse machine. Un entretien semblable à déjà été effectué et il gagné une nouvelle jeunesse depuis 1 an, nous vivons ensemble depuis 1990 !! .Il est vrai qu’il est passé souvent en réparation. Si je puis me permettre j’ai un petit conseil à donner concernant son refroidissement.
c’est de déposer la grille interne du boîtier,( les aérations sont trop petites). Ensuite j’ai placé 2 ventilateurs extrèmement silencieux de marque « NOCTUA » NF-12-1200 sur l’appareil.
Des petits pieds en caoutchouc sont livrés à cette fin. Il suffit de brancher les ventilos sur un bloc 12V continu qui sera commandé par les prises « switched » à l’arrière de l’appareil. De cette façon ils se mettront en route et se couperont en même temps que l’ampli.
Je souhaite encore beaucoup de bonheur à tous les heureux propriétaires de ces amplis exceptionnels.
Patrick de Bruxelles
Bonjour Thierry,
Grâce à ce rectificatif,je suis certain à présent que les distorsions de mon 550 ne malmènerons pas mes oreilles …….
Avec toute mon amitié . Bernard
Bonjour Bernard,
Comme d’habitude ce fut un plaisir de te voir, à très bientôt !
Amitiés, Thierry.
Salut
Je voulais acheter un luxman l510, 530 ou l550 mais le problème c’est le manque de transistors d’origine. J’hésite encore, mais c’est une loterie. Après tout, j’ai lu que ces Luxman classe A sont d’urgence
Bonjour Bart, la fin de votre message n’est pas compréhensible. Toutefois, concernant le manque de transistors d’origine, c’est le cas de 95% des appareils anciens. Dans la grande majorité des cas, les références utilisées ne sont plus fabriquées depuis très longtemps. En cas de panne, on peut tenter de trouver un vieux stock quelque part, parfois hors de prix, on peut également croire au Père Noël et acheter chez nos amis chinois des transistors introuvables qu’ils proposent miraculeusement à le vente par paquet de 12 pour moins cher que les frais de port et qui permettront de fêter dignement le 14 juillet à l’allumage de la machine fraichement « réparée », mais on peut aussi confier le malade à un technicien qui prendra du temps (généralement non facturé) pour chercher s’il est possible de remplacer ces anciens transistors HS par des références modernes à la provenance connue, ce qui n’est hélas, pas toujours possible. Thierry.