Scarlatti par Wanda Landowska

[Alain wagneur]

Pourquoi s’attache-t-on à un artiste ? Peut-être davantage à cause de sa légende ? Peut-être à cause des images qu’il ou elle suscite ? Wanda Landowska me fait rêver. Rien que son nom, son histoire aussi. D’elle, on dit qu'elle "redécouvrit" le clavecin. Elle s’en serait fait fabriquer par Pleyel assurée que la musique de Bach devait être jouée au clavecin. Peut-être lui doit-on d’ailleurs d’avoir ressuscité la musique de Bach. Grâce à ses nombreux enregistrements, de plus en plus de gens se mirent à écouter du Bach. On lui doit, entre autres, la première intégrale des Variations Goldberg, d'abord gravées dans les années trente pour EMI puis, en 44, à New-York pour RCA.
Bach, Rameau, Scarlatti aussi. Ces disques furent souvent enregistrés dans son auditorium privé à Saint Leu la forêt, près de Paris (je me promets d’y aller un de ces jours). Elle avait réuni là une très importante bibliothèque musicale et puis une collection d’instruments anciens. Elle recevait ses élèves, un public sans doute choisi !
J’ai d’elle plusieurs disques, des 78 tours et des rééditions en 33 tours. J’ai les variations Goldberg (la version new-yorkaise). J’avais envie d’avoir le deuxième album des sonates de Scarlatti qu’elle avait enregistrées au printemps 40, toujours à Saint Leu la forêt. Ce qui me titillait (suis-je sot !) c’étaient les fameux trois coup de DCA que l’on entend sur la face 1 du premier des sept disques (DB 11.205) la Sonate en ré majeur. Trois coups de canon perturbant la grâce de cet « ingénieux badinage de l’art ». Trois coups annonciateurs de grandes catastrophes et de terribles orages.
C’est d’ailleurs étonnant qu’il n’y eut pas une prise pour remplacer celle-ci conservée malgré son défaut : ces trois bruits parasites.
Un peu plus tard, Landowska se sauva de Saint Leu (elle était Polonaise et Juive). Elle rejoignit le sud de la France plus les États-Unis où elle poursuivit sa carrière.
M’ennuyant, j’ai navigué sur la baie et je suis tombé par hasard sur ce coffret à vendre. Je n’ai pas trop hésité.
Il est en bon état de conservation et les disques ne sont pas abîmés.
C’est toujours émouvant d’entendre des sons gravés il y a plus de 80 ans. Émouvant d’imaginer les conditions techniques, artistiques, humaines qui ont entouré ces réalisations. Je suis bien incapable d’écrire sur le jeu de la grande Wanda, son interprétation. Juste dire le plaisir d’avoir ce bel objet en main et d’écouter les si brillantes sonates de Scarlatti en registrées en ce printemps 1940 triste prélude à l’apocalypse.

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PS si l'un d'entre vous possède la première version des Goldberg, (celle pour la Voix de son maître) et qu'il veuille s'en séparer... Qu'il me fasse signe!
RePS les disques ont été enregistrés en mars 40. Mais quand ont-ils été commercialisés?
Bel été à tous!

[vendin]

Alain!

Hé non, je ne vais pas me séparer de la mienne, souviens-toi nous avions écouté les deux versions chez moi.

Avec un label « La voix de son maître « c’est pressé après guerre.

[Alain wagneur]

Bonjour Pascal! Merci pour les précisions concernant le pressage. Et pour les variations... Et bien c'est un trésor à chasser!