Juke Box - les cinglés du Single ...

[Texas Rangers]

@ grievous : je préfère également la version de Roger Daltrey. Interprété par lui, ce titre n'en a que plus de saveur .
D'une manière générale, R. Daltrey a fait paraître des galettes hautement recommandables !

[Texas Rangers]

"Allons-y jeunesse, prenez place dans le train le plus rapide du monde ! Emotion garantie ! Eloignez-vous de la bordure du quai, la chenille va partir !!"

Et aussitôt après, l'animateur diffuse cela à plein tube :

Il s'agit du groupe Focus, dont la pochette du simple s'exhibe fièrement derrière la vitrine du patron de manège. Ma baby doll et moi prenons place dans le wagon et c'est parti pour quelques minutes de grimpettes et de descentes vertigineuses menées à un train d'enfer sous une bâche qui s'est soudainement déployée. Fin du tour. Mon estomac est monté jusqu'aux amygdales et mes jambes flageolent.
Une semaine plus tard, ce SP complétait ma collection ...

mon 45 tours focus-hocus-pocus.jpg (73.33 Kio) Vu 1830 fois

face B : Janis (beaucoup plus calme)

C'est qui ces Focus là ?

Focus est un groupe hollandais, fondé en 1970 par Thijs Van Leer, un flûtiste et claviériste qui s'adjoint les compétences d'un guitariste renommé dans son pays, Jan Akkerman. Un bassiste et un batteur compléteront la formation qui affiche l'intention de proposer des morceaux ambitieux, essentiellement instrumentaux, influencés par la musique classique, de tendance progressive sur base de hard rock.

Vaste programme aurait dit le Général ...

Après un premier 30 cm dont la notoriété ne dépassera pas les limites de leur pays d'origine, voici qu'apparaît, en 1971, l'album "Focus II" qui contient ce fameux "Hocus Pocus" faisant opportunément l'objet d'un 45 tours. Le succès international est immédiat.

Focus est admiré, fêté, vénéré. On lui prédit un grand avenir. Galvanisé par cette reconnaissance et cédant à la mode du moment qui exige que tout groupe à vocation "planante et/ou prog/psyché" se doit de fournir un album double, Focus le fait paraître en 1972.
Le single "Sylvia" en est extrait et c'est à nouveau le jackpot. Par ici la monnaie !!

Seulement voilà : "tant va la cruche à l'eau ..."

Deux ans plus tard, Focus propose le LP "Hamburger concerto" et tente le triplé avec le SP "Harem Scarem". Hélas, l'époque a déjà changé. Les goûts ont évolué et Focus peut ranger son "Harem Scarem" au rayon des bides (comparativement au retentissement des 45 tours précédents). L'Histoire ne repasse pas toujours les plats et celui-ci est un réchauffé de "Hocus Pocus".

En 1975, le 30 cm "Mother Focus" sert de révélateur à la situation du groupe : décevant. Laminé par la critique, boudé par les fans, l'album connaîtra très tôt les bacs de soldeurs. Le guitariste (Akkermann) quitte la formation. Van Leer le remplace par un guitariste de jazz, Philippe Catherine.

Mais l'ère Focus est définitivement révolue. Continuant malgré tout d'y croire, il s'accroche, sort des albums que plus personne n'écoute, tandis que la valse des personnels, comme celle des lilas, connaît plusieurs temps.

La nostalgie a toujours fait vendre et la musique des 50, 60 et 70's constitue aujourd'hui encore un précieux allié pour le monde de la pub. En 2010, "Hocus Pocus" servira de support publicitaire à la marque Nike (Mondial de football).

[grievousangel]

Texas

Les Pays Bas, l'autre patrie du Rock'n'Roll ...

Il y a eu une multitude de bons groupes la-bas ... beaucoup sont inconnus ou méconnus dans nos contrees ...

On ne peut que vous les conseiller :

Golden Earring,
Shocking Blue,
Q65,
Cubby & the Blizzards,
Outsiders,
Living Blues,
Earth & Fire,
Alquin,
Herman Brood and his Wild Romance,
Focus,
Nits,
Kayak,
...
pour n'en citer que quelques uns ...

[Texas Rangers]

J’ai eu la chance énorme de connaître les années 60 et le paradis musical qui les a accompagnées.
J’étais bien jeune, mais mes potes et moi étions branchés musique presque H 24.

Dès 1965, l’on pressent que des changements importants vont s’opérer dans le domaine. Stax, Tamla Motown, Revolver … Et puis voilà que déboule 1966 qui renverse la table sur laquelle s’étalaient les oripeaux d’un monde d’autrefois.
Le tumulte ne cessera pas. Fin 1966, début d’année 1967, un nouveau groupe que tout le monde s’arrache bouscule les codes.
Y avait les Who avec le bégayant "My Generation". Voilà un nouvel hymne générationnel, mais dédié au souffle de liberté qui arrive en fin de semaine.
- Son nom ? = « Friday on my mind »
- Les auteurs ? = the Easybeats !
- Son origine ? = l’Australie.
Le son ? = nouveau pour l’époque. Une sorte de prélude au prog, une ode aux Beatles, aux Hollies avec ses « la la la la la », un rythm’n’blues torve, une voix déchirée, bref : cette musique nous avait scotchés mes potes et moi.

En un rien de temps, les Easybeats sont devenus des stars mondiales, la réponse australienne aux Beatles, l’Australie où ces enfants d'immigrés furent plus populaires que les Fab Four, une Australie fière de voir ses boys conquérir la planète avec, comme seul point de mire, le vendredi.
Votre serviteur ne possédait pas d’électrophone en ce temps là. Ce n’est que bien des années plus tard, au hasard de soldes, que j’ai enfin pu mettre la main sur ce précieux 45 tours dont le titre phare nous avait tant réjouis.

Face A : « Friday on my mind »

Face B : “Easy as can be” (influences girls groups années 60)


Le groupe en quelques mots :
- Il se forme fin 1964
- « She’s so fine » leur 2ème single fait un malheur en Australie
Composé de 5 membres dont les familles avaient émigré récemment :

- Stevie Wright (chant) d’origine anglaise
- Harry Vanda (lead guitare) d’origine hollandaise
- George Young (guitare rythmique) d’origine écossaise (il est le grand frère des fondateurs du groupe AC/DC)
- Dick Diamonde (basse) d’origine hollandaise
- Gordon Henry Fleet (drums) d’origine anglaise

mon single des easybeats.jpg (175.09 Kio) Vu 1815 fois

Des anecdotes intéressantes :

- La chanson a été enregistrée aux studios Abbey Road à Londres
- Paul McCartney entend « Friday on my mind » dans sa voiture. Immédiatement, il téléphone à la BBC et demande à la station de radio de rediffuser le titre. Ce qu’elle fait.
- Angus Young (guitariste d’AC/DC) se rappelle de l’hystérie qu’avait suscitée les Easybeats dès 1965. Il était encore très jeune, n’avait jamais vu son frangin jouer et ne savait pas trop ce qu’il « bricolait », mais éprouvait les pires difficultés à rentrer chez lui après l’école. A cause des hordes de fans qui campaient devant le domicile parental, des policiers en filtraient l’accès.
Lassé de devoir se justifier après s’être frayé un passage pour pouvoir rentrer chez lui, Angus passait par la clôture du voisin de derrière.

Après « Friday on my mind », l’histoire sera la même, comme toujours : gloire dévastatrice, volonté de faire sécession, pognon, défonces, inspiration à bout de souffle parce que bouffie …
Le groupe fait paraître singles et albums. Certains titres seront interdits d'antenne.
Aucun ne connaîtra jamais plus le même engouement. D’Easybeats pur jus, leur musique se mue peu à peu en Tremeloes easy listening. Seul le SP « Saint-Louis » suscitera un léger regain d’intérêt, accrochant de justesse les bas-fonds du hot 100 US. Ils se séparent en 1969, après moult histoires concernant leur contrat et le désir d’aventure en solo du chanteur (écorché vif) Stevie Wright. Tandis que ses acolytes deviendront des producteurs et/ou des compositeurs reconnus et recherchés, S. Wright sombrera dans les pires addictions dont il mourra en 2015. « Friday on my mind » demeure à jamais l’un des morceaux les plus emblématiques d’une époque pourtant trèèèès féconde.

D’innombrables artistes inscriront ce brûlot à leur répertoire, dont David Bowie (album « Pin Ups »).

[grievousangel]

Nous sommes en pleine guerre du Vietnam, le mouvement hippie a submergé les états unis et dans une moindre mesure l'Europe ...

La jeunesse a besoin de changement, de bonnes vibrations, d'amour ... Ce n'est pas un hasard que l'on parle "d'été de l'amour" en cet année 1967.
La musique devient plus légère, plus ensoleillée et Les Young Rascals qui bientôt deviendront les Rascals s'inscrivent dans ce mouvement entre Sunshine Pop et Blue Eyed Soul ...

Les Young Rascals sont majoritairement issus de familles italiennes du New Jersey, rien d'étonnant dès lors qu'ils soient le groupe préféré de Tony Soprano dans l'excellente série du même nom ... Felix Cavaliere, le leader et chanteur a un réel talent de compositeur et est un maître des claviers ...

Groovin' avec son joli refrain, son harmonica et cette sensation de légèreté ultime, rafraîchissante est vraiment le tube de l'été 1967 et reste en haut de mon hit parade personnel, inséparable des souvenirs de l'été de mes quinze ans.

Sueno, comme son titre l'indique est un morceau hispanisant ...

Personnel :
Felix Cavaliere (keyboards, vocals), 
Dino Danelli (drums), 
Gene Cornish(guitar), 
Eddie Brigati (vocals, percussion)

Young Rascals - 1967 - Groovin' / Sueño

5648361.png (472.03 Kio) Vu 1808 fois

Le single n'avait pas de pochette personnalisée ...

Face 1 :

Face 2 :

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La pochette de l'EP français ...

[Texas Rangers]

Très très beau ce "Groovin" que j'avais complètement oublié.
C'était effectivement l'une des célèbres douceurs de cette année 1967. Pour moi aussi, ce titre se rattache à pléthore de souvenirs, notamment amoureux ... Je ne connaissais pas "Sueno" cependant. Une magnifique découverte, vraiment ...
Bravo grievous, pour ce choix on ne peutn plus judicieux !!

[soulman]

Très très beau ce "Groovin" que j'avais complètement oublié.
C'était effectivement l'une des célèbres douceurs de cette année 1967. Pour moi aussi, ce titre se rattache à pléthore de souvenirs, notamment amoureux ...

C'est un super morceau qui a même été repris par des artistes noirs, comme par exemple Aretha Franklin :

[grievousangel]

Un autre titre dans la même lignée que le Groovin' des Rascals : Le Spooky des Classics IV ...

Classics IV est un groupe américain de Blue Eyed Soul ou Sunshine Pop, originaire de Jacksonville.
Formé par Dennis Yost, Leader, chanteur à la voix soul et surtout compositeur .
Je ne sais pas pour vous, mais je pense qu'il y a dans "Spooky" quelque chose qui annonce le Steely Dan quelques années plus tard ...
Entre autres versions, Atlanta Rhythm Section a également interprété cette chanson ...

classics IV 66259.jpg (97.44 Kio) Vu 1794 fois

Face 1 :
Face 2 :

[STAX 40]

Merci Grievousangel d'accord toi sur un petit côté Steely Dan bien vu ou mieux bien entendu.
Tu parles également de Atlanta Rhythm Section et j'écoute très souvent ce morceau ''Alien'' de l'album Quinella en 81 c'est cool et ça sonne très Californie la première fois que je l'ai entendu j'ai pensé à Christofer Cross

[Texas Rangers]

Tandis que je recherchais la caméra intrusive que grievous a sûrement dû planquer dans ma discothèque via des réseaux mafieux (j'avais préparé le SP des Classic IV hier soir !), j'ai déniché le 45 tours qui va le remplacer : "Time of the season", l'un des gros hits des Zombies.

Si je partage entièrement votre avis concernant Classic IV / Steely Dan (depuis que vous l'avez souligné cela me paraît évident), ce "Spooky" là m'a toujours fait furieusement penser à "Time of the season" des Zombies, paru la même année.
Il s'agit d'un extrait de leur album "Odessey and Oracle", considéré comme un pur chef d'oeuvre.

zombies.jpg (40.1 Kio) Vu 1773 fois

face A : "Time of the season"

face B : "Summertime" (une version délicieuse du célèbre tube composé par G. Gershwin)


face B originale (marché US) : "I'll call you mine"


Qui sont les Zombies ?

C'est un groupe anglais qui a été fondé en 1962 par le claviériste Rod Argent et le chanteur C. Blunstone.
Considéré à tort comme une formation "de seconde zone" en raison de l'hégémonie Beatles / RollingStones et accessoirement Animals / Hollies,
les Zombies ont marqué leur époque grâce à des titres comme "She's not there" (1964) ou "Tell her no" (1965) qui ont cartonné des 2 côtés de l'atlantique.

Leur style ?
pop/prog avec des incursions dans le rythm'n'blues (reprises) - cf : leur 1er 30 cm "Begin here" en 1965 -

En 1968, ils font paraître un concept album intitulé "Odessey and Oracle", considéré comme la "bible" des 30 cms progressifs et classé à la 100ème place sur la liste des 500 plus grands albums de tous les temps établie par le magazine Rolling Stone.

Quelques anecdotes :

- L'album "Odessey and Oracle" a été élaboré en 1967 dans la douleur en raison de contraintes budgétaires.
- Odyssée a été malencontreusement orthographié "Odessey ..." par le professeur d'art qui a conçu la pochette du LP.
- Trop ambitieux, "Odessey and Oracle" est sorti en Avril 1968 dans une relative indifférence. De toute façon, les Zombies étaient déjà séparés (décembre 1967) et Rod Argent travaillait sur d'autres projets.
- "Odessey and Oracle" a été publié aux States, grâce à l'intervention de Al Kooper qui a réussi à persuader le label. Un peu par hasard et parce qu'il fallait un single, c'est "Time of the season" qui avait été choisi ("I'll call you mine" en face B).
Contre toute attente, ce 45 tours au succès tardif fera partie des plus gros tubes du groupe ... alors qu'il n'existe plus.
- Rod Argent fondera "Argent" et reprendra "Time of the season" à son compte. La pub s'est d'ailleurs souvent emparée du titre.