Hélas, je ne possède pas cet amplificateur. Mais j'ai eu la chance de l'écouter régulièrement pendant quelques années, puisqu'il alimentait la voie grave du système du paternel, avant qu'il ne le vende (snif) on se demande encore pourquoi.
Parmi tout les amplis solid state que j'ai pu écouter, en large bande comme dans le grave, c'est celui-ci que je préfère, avec peut-être le Jeff Rowland 5.
Classé Audio est une firme canadienne, présidée par Dave Reich, un monsieur qui connait l'électronique. Cette marque a été créé en 1981. A cette date, sortait le DR-2, un ampli en classe A venant jouer sur les terres d'un certain Mark Levinson ML-2.
Puis en 1985 sortait le fameux DR-3, ampli toujours en classe A annonçant fièrement 2X25W et pesant une bonne trentaine de kilos. Je me rappelle bien à cette époque d'un audiophile toulousain qui, possédant cet ampli, m' avait demandé de venir chez lui car il n'arrivait pas à l'allumer. A chaque fois, son compteur sautait ! Il a fallu 40A tout de même...
Et puis, fin 87, le DR-3 VHC. VHC signifiant very high current.
Ici, on ne plaisante plus. Classé Audio annonce 2x40W/8 Ohms en classe A, 2x80W/4 Ohms 2X140W/2 Ohms et 2x230W/1 ohm, toujours en classe A !
L'ampli pèse 45Kg, 2 transfos de 500VA, 8 condensateurs de 30 000µF/ 50V, consommation 1000W.
1000W pour seulement 2x40W allez vous me dire à juste titre, quel gâchis ! Et oui... mais la classe A, la vraie, c'est ça. Nous verrons pourquoi.
Voici donc le jouet, photos du net.
Charmant, n'est ce pas ? Et l'écoute ?
La première chose qui étonne est la tenue du grave, et surtout, une sensation unique de poids et de matière sonore. Que l'écoute se fasse en multiamplifcation ou en large bande, l'ensemble est très homogène, aucun registre ne parait en avant comme avec beaucoup d'amplis transistorisés. Le haut médium aigu n'est jamais projeté, jamais agressif. On ne se pose aucune question, la dynamique est terrible, ça pousse à tous les étages, à vous lézarder les murs. L'image sonore est superbe, avec un très grand respect de la profondeur.
J'ai eu la chance ou plutôt la malchance d'écouter également cet ampli sur des Apogee diva. L'écoute des panneaux, je dois l'avouer, ne m'enchante guère... le propriétaire des diva, à l'annonce de la puissance de cet ampli a éclaté de rire... "mais vous êtes fous, les diva (moins de 82db de rendement, 0,5 ohms d'impédance à 2Khz) vont le faire fumer !
Après plus de 3 heures d'écoute, il l'a gardé. Le paternel, bon prince, (gros couillon, oui) le lui a vendu. Ou plutôt échangé... Solidarité idiophilienne... jamais je n'avais entendu des panneaux sonner ainsi. Quelle leçon, et quel ampli !

Voici, pour ceux que l'électronique intéresse un peu, le schéma : On peut noter le courant de repos énorme, 10A, soit 2,5A par transistor (4 X NPN 4 X PNP) pour une tension d'alimentation de l'ordre de +-45V soit 90V
On peut en déduire que, en classe A pour les puissances annoncées par classe audio :
Puissance de sortie = (Valim X Ic) / 4
Pour 40W, il faut donc 1,8A . Pas de problème.
Pour 80W, 3,6A. Ok
Pour 140W, 6,2A. On est bon.
Pour 230W, 10,2A On est juste...
Amusez vous à comparer avec les autres... je ne citerais pas de marque...
C'est ici qu'on se rend compte réellement ce qu'est la classe A, la vraie. Inutile de vous dire que même dans 40 m², après 3 heures d'écoute, pas besoin de chauffage. On ne laisse pas la mains sur les radiateurs, et si votre gazinière est en panne, pas de problème pour les œufs, mais ça serait dommage.
Dernière chose... si jamais vous trouvez un DR-3 VHC d'occasion, si vos moyens financiers vous le permettent bien sûr, sautez lui dessus comme la vérole sur le bas clergé ! Ou appelez-moi, je verrais ce que je peux faire.

Merci de m'avoir lu.
P.S. Un banc d'essai est sorti sur la NRDS n° 116 DE Mars 88. Je peux la mettre en ligne si vous voulez.