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Parfois, il faudrait couvrir nos épaules de l'écharpe du temps passé
Il est des années à albums, et des années à chansons, telle est la première réflexion que je me suis faite en réveillant ma mémoire sur l'année 1976.
Car oui ce sont d'abord des chansons qui me sont revenues.
Hurricane de Dylan
Takin' It to the Streets des Doobies
Show me the way de Frampton et sa guitare qui parle
Tonight's the Night (Gonna Be Alright) de Rod Stewart
The Year of the Cat de Al Stewart
Love and Affection de Joan Armatrading
Il y a aussi le "Quand les hommes vivront d'amour" par les québécois réunis qui nous a pourri l'hiver à passer 40 fois par jour à la radio. ( Parce que, pour les plus jeunes, en 76 on avait le choix entre RTL Europe et France Inter et c'est tout dans la jolie France Giscardienne.)
A cette époque, valait mieux ne pas habiter trop loin des frontières pour capter BBC, Belgique, et en ondes moyennes radio Caroline ou Véronica.
Donc 76 aura été une bonne année pour les Juke Box.
Je me souviens que tout commence avec le Desire de Bob Dylan.
Et ce disque est un bon Dylan, surtout que la même année, le Zim sort aussi un live très électrique "Hard Rain".
Un live surprenant puisque comprenant surtout des chansons de Bloods on the Tracks et non de Hurricane et notamment une belle version de Maggies Farm .
http://videos.sapo.pt/PZJ6gJ9Wr5p9mETFdSks
Dylan avait ouvert l'année, mais c'est un disque de 75 qui allait illuminer ces premiers mois de 76.
Kevin Coyne : Matching Head and Feet.
Ce disque est un choc, une autre porte qui s'ouvre. La voix, le jeu de guitare de Coyne (ici accompagné du futur Police Andy Summers) sont différents, comme un blues sans les trois accords.

Dans cette fin de règne d'un rock trop propre sur lui, il existait encore des chemins de traverse pour des artistes hors normes
L'été fut caniculaire, et rien ne venait vraiment réveiller la torpeur ambiante.
Heureusement, depuis la fin 75, existait un journal différent : Antirouille.
Certes, il y avait déjà Libé depuis 73, mais pour trouver Libé chez moi, c'était vraiment exceptionnel. Je le ramenais chaque fois que j'allais à Paris, ou à Lille (même si même à Lille on ne le trouvait pas toujours)
Antirouille étant "mensuel", je suis toujours parvenu à le dénicher, mais jamais dans les librairies locales.
Mais je reparlerai d'Antirouille quand on sera en 77.

Je me souviens je me rappelle, c'était l'automne et Paris m'accueillait bien souvent.
Je me souviens d'une boutique de marionnette dans les petites rues de la Cité, c'était avec Annie, une parisienne rencontrée en 75 pendant le Bafa.
Je me souviens de cette boutique, que jamais nous n'avons retrouvée ensuite, jamais, comme si nous l'avions rêvée.
Je me souviens des cinémas de St Michel, des films des cinéastes japonais.
C'était l'automne et ce fût Lavilliers. Les Barbares et ce concert à Hénin.
Lavilliers qui ne m'a plus quitté depuis. Lavilliers qui me ramène à Ferré, au théâtre d'Arras.

Je me souviens aussi d'une voix de femme, d'un premier album magique.
Joan Armatrading

Et aussi du sublime Hejira de Joni Mitchell

Je me souviens de 76 comme d'une drôle d'année, une année de portes qui s'ouvrent, une année de promesses avant l'explosion de 77.