1977
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It's too late to be late again.
C'était peut-être cela 77, peut-être que l'explosion vient de là. Peut-être, je ne sais pas. Je ne sais pas car à vrai dire, le Punk, je ne l'ai pas vraiment vécu comme une révolution, et puis, des punk, c'était pas dans ma petite ville de province que je risquais d'en croiser, ou alors juste des ersatz.
Bien sûr, God save the Queen, Anarchy in the UK viendront réveiller ma platine, en 45 tours bien sûr.
Mais déjà le White Riot des Clash m'attire plus.
Mais penser que ce mouvement va être important dans l'histoire du Rock, franchement, en 1977, je n'en suis pas conscient.
Dans le désordre des souvenirs dérivants 77 ce sont ces albums:
Japan : Adolescent sex (le début d'un long chemin avec David Sylvian
Boomtown Rats, le premier, quand Bob Geldof jouait au punk
Damned avec leur premier album aussi
The Clash pour ce disque qui annonce un grand groupe,
Et puis aussi Alan Vega et son Suicide.
Des disques comme des brouillons, et au final, avec le temps, que reste-t-il de ces disques qui ne me soit glissé entre les doigts. Le Japan peut-être.

La musique. Y revenir sans cesse. Parcourir encore le chemin, revivifier la mémoire, refaire l'histoire.
Réinventer des temps et des vies parallèles. Ceux et celles qui existent quelque part dans une autre dimension, au gré des carrefours et des choix faits ou mal faits.
Défaire.
Refaire.
De 1977, il reste quelques albums intemporels, ceux qui après avoir habillés les instants forts de cette année là, restent encore aujourd'hui ceux que l'on ressort quand le choix est si difficile.
Le Randy Newman, juste un grand disque, pour l'humour de Short People ou la beauté de Baltimore.
Le Billy Joel, le seul que j'écoute encore, surtout à cause de "Scenes From an Italian Restaurant" beau comme certains films de Scorcese.
Le Low de Bowie, pour cette trilogie Berlinoise.
Et puis le Stevie Winwwod, est-il encore besoin d'en parler ici.

Il existe des instants comme un éther évanoui, évaporé, dont ne reste que la fragrance entêtante du souvenir qui ne se fane pas.
C'est le printemps, sous la pluie de Paris, dans les locaux de Libération nous classons les petites annonces gratuites du mensuel Antirouille.
Le journal a fait appel aux lecteurs pour faire ce travail, et nous sommes là, une trentaine de lycéens, d'étudiants à nous retrouver les mercredis après midis (ou samedi je ne suis plus certain du jour).
Nous vivons ces instants de rien nécessaires pour croire en tout, en ces possibles qui rient aux éclats sous nos dents prêtes à mordre la seconde.
En bout d'une table, un peu à l'écart, face à moi la rousseur et l'éclat rieur d'un joli visage féminin; à s'amuser des textes de certaines annonces le moment est doux.
Un homme entre, s'approche de nos rires, vient nous saluer en quelques mots, quelques secondes, quelques minutes, je ne sais plus. Je ne sais plus les mots, ou alors je les garde précieusement au fond de moi, comme cet instant unique, bouleversant.
Je me souviens de la voix et du sourire de ce vieil homme qui me paraît immense, debout à nos côtés.
Je me souviens du trait de lumière du mot prononcé qui se pose sur nos bouches accrochées, suspendues à la moindre parole, appelant lèvres tendues la présence de l'autre.
Et l'instant deviennent clarté.
L'homme repart, il nous faudra de longues minutes pour revenir au monde.
Cet homme, c'était Jean Paul Sartre.
Vraiment, il existe des instants comme un éther évanoui, évaporé, dont ne reste que la fragrance entêtante du souvenir qui ne se fane pas.
Alors 1977, certes le punk, le rock, mais parfois quelques secondes nourrissent plus la mémoire qu'une année entière.
A suivre...