Il est des années qui laissent moins de souvenirs que d'autres, et 1974 en fait partie.
Je ne saurais dire pourquoi, mais en ma mémoire, 1974 est une année floue, brumeuse. Une de ces années où l'on se cherche sans vraiment se trouver.
Ce pourrait être une année de lettres, A, B, Y.
Ces trois lettres déterminent les disques que j'achète, les Y étant souvent trop cher pour mon budget de lycéen d'alors, même si l'écart peut paraître minime aujourd'hui.
J'achète environ un disque par mois, et cela représente environ 70% de mon argent de poche. Je navigue un peu entre mon envie d'arpenter les sentiers nouveaux découvert en 1973 et ce que j'entends à la radio, que ce soit radio21 ou surtout Claude Villers tous les soirs de la semaine sur France Inter.
Fin 1973, j'ai acheté Transformer de Lou Reed, et ce sera mon disque de l'hiver.
Avec ce final de Walk on the wild side que je répète dans ma chambre d'ado
Jackie is just speeding away
Thought she was James Dean for a day
Then I guess she had to crash
Valium would have helped that bash
Said, Hey babe,
Take a walk on the wild side
I said, Hey honey,
Take a walk on the wild side
And the coloured girls say,
Doo do doo do doo do do doo

Et puis, en mars, j'achète Berlin.
Et si je ne devais aujourd'hui ne garder qu'un disque ce serait soit Berlin soit On the beach de Neil Young.

Mais je ne me suis pas aperçu tout de suite de l'importance de ce disque, il s'est insidieusement insinué en moi au fil du temps. Mais Berlin, c'est vraiment un disque que je trouve magnifique. ( même si je comprends que l'on puisse être insensible au charme glauque de cet album)
Et puis, quand même, c'est en 1974 que je découvre réellement le matériel hifi. Mon ami Michel rentre de son tour du monde avec la marine nationale avec une hépatite et une chaîne composée d'une platine dont je ne me souviens plus du modèle, d'un ampli Sony TA 4650 et d'une paire de JBL L36.
Et je découvre sur cette chaîne d'autres musiques et surtout un son fantastique.
Eagles, Byrds, le rock californien et tout ce qui est attaché à Clapton. Cet ami est un fan de Clapton.
Des Eagles, aujourd'hui, je n'écoute plus que cet album sorti en 1974 : On the Border notamment pour le magnifique "My Man".

Pour Clapton, je découvre le Wheels of fire de Cream et puis l'incontournable Layla.

J'aime toujours autant ce disque, avec cette version longue de Layla, le piano... Et c'est un album où il n'y a rien à jeter.
Cet album de Derek and the Dominoes m'emmènent vers les Allman Brothers, à cause de l'histoire tragique de Duane Allman..
Alors juste pour le plaisir, et cela rappellera des souvenirs à ceux qui écoutaient Claude Villers et Dominique Blanc Francard le soir sur France Inter en ces années 70
Evidemment, je me pencherai sur l'album de Clapton sorti en 1974, le très connu 461 Ocean Boulevard qui fera découvrir le reggae à beaucoup de monde par sa version de I shot the sheriff, mais ma préférence ira vers la période Cream et Derek and the dominoes.
A la fin de l'été, grâce au fantastique 1er salaire gagné en août (330 Francs) je pourrais m'acheter au Furet de Lille: Woodstock, Layla, The Allman Brothers live at the Fillmore, autant de double et triple albums qui jusqu'alors m'étaient interdits.
Et puis, fin 74, en Angleterre sort de manière assez confidentielle un des albums qui marquera mon année 1975.
Mais c'est une autre histoire..