1978
L’aube lente s’est appropriée le ciel , le matin a décroché la lune, les étoiles, défroissé les draps du rêve.
La nuit est repartie vers ses ailleurs éternels. Le chant du silence s’est mêlé au chant de la terre.
Les aiguilles n’ont plus de ronde au cadran des marées mais les couleurs sont à l’heure.
On m’appelle, on me dit vient, mais je sais qui je suis.
Il y a ta voix venue de longtemps.
Il faut déshabiller les certitudes.
Le jour m’a posé là, dans le silence érigé en moi, pour écouter la mer caresser les rives familières. J’écris mes soleils au pluriel pour faire la lumière plus chaude au bout des couloirs vides
On m’appelle ; on me dit vient
Tout au coeur de l'émoi, tu te souviens ?
Une caresse sur ta peau de nuit, où déferlent sans trêve les rêves de demain, et s’embrasent les silences au bout de nos lèvres.
Naviguer de tes mots à mes murmures, pour mieux nous entendre vivre, et surprendre au pourtour de la nuit, le chant des terres mêlé au soupir du ressac.
La vie réclame
La vie attend
La vie appelle
La vie, le meilleur endroit pour les plus grandes évasions.
1978.
Tout et tant à dire. La vie qui déborde et les musiques qui s'emmêlent. Tant de choses que je ne peux qu'en oublier.
1978; premier travail, premier appart, première voiture.
1978, des disques, des concerts, des escapades.
1978: Technics SL 2000, Shure V15, Akai AM 2400, Advent New.
Un concert d'Archie Shepp qui m'explose la tête. Oh, je n'ai rien compris sur le moment. Mais une fois encore des portes qui s'ouvrent, des connexions qui se forment. Pour le Free Jazz ce ne sera pas immédiat, et je ne deviendrais jamais un adepte convaincu.
Mais si vous ajoutez Archie Shepp à la possibilité d'assister aux concerts à l'opéra de Lille, d'avoir le Forrest National et ses concerts Rock à une heure de voiture, vous pouvez imaginer le mélange détonant.
Beaucoup de premiers albums en cette année
Are We Not Men? We Are Devo! De Devo, The Cars, Dire Straits et surtout le Premier Costello This Year's Model.

Il y a aussi cette trilogie américaine
Hearts of Stone de Southside Johnny
Darkness on the Edge of Town de Springsteen
Running on Empty de Jackson Browne.
Trois des disques essentiels de ma discothèque
Il y a aussi le Easter de Patti Smith, un autre indispensable.

Impossible de ne pas citer le sublime My Song de Keith Jarrett, que je découvre sur France Musiques qui vient d'ajouter un S à Musiques.
Cet album est un de ces disques auquel je reviens toujours, pour le Sax de Garbarek qui navigue sur les notes de piano, avec aussi cette section rythmique d'une finesse incomparable.

Alors oui, j'en oublie, (Cosmic Messenger de Jean Luc Ponty par exemple ) j'en oublie parce que 1978 est une année qui déborde, et moi j'aime quand ça déborde d'émotions, de sensations.
1978 je l'ai vécue comme un été sans fin.
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