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4-Les oubliés "Louis Jordan "

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hencot
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4-Les oubliés "Louis Jordan "

Message par hencot »

LOUIS JORDAN
Comment être dans le vent en réparant les saxophones
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Dans les, années quarante, deux chanteurs noirs réussirent à sortir du classement de "race" (selon le terme retenu par Billboard
jusqu'en 1949, date où l'expression "rhythm and blues" fut adoptée) pour envahir le classement "pop". Nat King Cole
fut celui qui obtint le plus grand succès, mais il finit par se plier aux normes insipides de la musique blanche. Alors qu'il avait
été, au début des années quarante l'un des chanteurs de rhythmin'blues les plus inventifs, Cole en était réduit, peu avant sa mort,
en 1965, à chanter The Ballad of Cat Ballou ("La ballade de Cat Ballou") en duo avec Stubby Kaye. Le second de nos chanteurs était
un homme du nom de Louis Jordan. Bien qu'il soit tout à fait oublié aujourd'hui, Jordan fut, à cette époque, celui qui contribua
le plus à définir l'air du temps et à préparer les masses blanches à l'avènement du rock'n'roll.
Louis Jordan naquit le 8 juillet 1908 à Brinkley, petite ville de l'Arkansas à mi-chemin de Little Rock et Memphis. A l'âge de
douze ans, il s'enfuit de chez lui et partit rejoindre les Rabbit Foot Minstrels — les Ménestrels au Pied de Lapin — de Ma et Pa
Raincy. Deux saisons durant, il tourna avec cette troupe légendaire avant de revenir dans l'Arkansas. La famille Jordan s'installa
à Philadelphie en 1913 ; c'est là que Louis fut recruté par le trompettiste Charlie Gaines. Il partit pour New York jouer avec
Leroy Smith, puis avec Kaiser Marshall. En 1936, il commença jouer du saxophone alto dans l'orchestre de Chick Webb et,
le 29 octobre de cette même année, grava son premier disque,où on le distingue à peine derrière la chanteuse de Webb, Ella Fitzgerald.
Le 15 janvier 1937, Webb autorisa Jordan à chanter pour la premitre fois sur un disque. La chanson s'intitulait Gee,but you're swell
("Mince, qu'est-ce que t'es chic !")-
En 1938 Jordan quitta l'orchestre de Webb et forma son propre sextette. IL jouait à l'Elk's Rendez vous Lounge — "le Salon de Rendez-
vous des Elans" une petite boîte de Harlem, et se fit bientôt connaître sous le nom du Louis Jordan Elk's Rendezvous Band . Ce groupe
enregistra ses premiers disques chez Decca le 20 décembre 1938. Avant l'enregistrement suivant, début 1939, il avait déjà changé de nom,
devenant Louis Jordan & his Tympany Five "Louis Jordan et ses Cinq de la Timbale". Jordan continua d'utiliser ce nom jusqu'en 1955,
sans tenir aucun compte du nombre réel des membres du groupe .
Son premier tube fut I'm gonna move to the outskirts of town ("Je vais m'installer en banlieue"), en 1942, chanson écrite et
enregistrée cinq ans auparavant par le joueur de blues Casey Bill Weldon. En 1944, Jordan entra dans le classement "pop" avec
G.I jive ("La danse des G.I's") et on y retrouva régulièrement ses disques jusqu'en 1949.
Louis Jordan chantait rarement des chansons tristes. Il faisait de la musique festive, purement et simplement, et tous les aspects
de l'univers en expansion se traduisaient dans ses chansons par des histoires de poisson frit, de baisers baveux et de gin, tandis que
le saxophone délivrait un message transcendant toute connaissance. Avec des chansons telles que Caldonia What makes your big head so hard ?
("Caldonia, qu'est-ce qui rend ta grosse tête si dure", Choo choo ch'boogie ("Teuf-teuf boogie"), Beware ("Attention"), Boogie woogie
blue plate ("Plat du jour boogie-woogie") et Blue light boogie ("Le boogie de la lumière bleue"), Jordan devint l'idole des fêtards
de l'après-guerre. Au sommet de sa gloire, en novembre 1946, il occupait simultanément les trois premières places du classement de
"race": Choo choo ch'boogie était numéro un , Ain't that jus like a woman ("On dirait bien une femme, non ") numéro deux —
(c'est dans cette chanson que Chuck Berry a trouvé le riff de guitare de Johnny B Goode) et Stone cold dead in the market ("Raide
mort dans le marché") numéro trois. Sa chanson That chick's too young to fry ("Cette poule est trop jeune pour qu'on la fasse frire")
était numéro quatre ex-aequo avec Ethel Mae d'Arthur "Big Boy" Crudup. Il termina l'année 1946 avec quatre disques parmi les cinq meilleures
ventes de disques de "race". (Le cinquième était Christmas song de Nat King Cole.)
Tout au long des années quarante, Jordan a aussi fait des films : Follow the boys ('Suivez les garçon?, Universal,1944 ;
Meet Miss Bobby Socks ("Faites connaissance avec Mlle Bobby Socks", Columbia,1944) ; Caldonia ,(Soundies, 1945); Swing parade of 1946
(La parade du swing de 1946", Monogram, 1946) ; Toot that trompet ("Fais sonner cette trompette", 1946) ;Beware ("Attention , Astor 1946),
présenté par la publicité comme "le premier grand film musical tout en couleur" (le mot couleur dans ce cas indique à la fois que le film
est en couleurs et et met en scène des musiciens de couleur) ; Reet, petite and gone , 1947); Look out sister ("Fais gaffe, sœurette", 1948) ;
et plus d'une douzaine de chansons filmées. (Soundies), de 1942 à 1946.
(Plus tard, en 1952, on l'entendit dans un dessin animé de Tom et Jerry: Smitten kitten, "Le chaton amoureux",)
Dans son interprétation la plus impressionnante, Let the good times roll ("Laisse le bon temps rouler") — chanson écrite par le
mystérieux Sam Theard, également connu sous les noms de Lovin" Sam ("Sam l'Amour") et de Spo-Dee-O-Dee ,Jordan proclamait

Don't sit there mumblin' and talkin' trash
If you wanna have a bal ya gotta go out and spend some cash,
And let the good times roll.

Reste pas la assis à grommeler et dire des conneries
Si tu veux t'amuser t'as qu'à sortir dépenser du fric
Et laisser le bon temps rouler .

Dès 1949, les paroles de Jordan contenaient non seulement,l'esprit de ce qu'on nommerait plus tard le rock'n'roll, mais aussi des
références directes au concept même de rock, comme dans Saturday night fish fry ("Samedi soir, friture de poisson") :

It was rockin',it was rockin',
You neve seen such scufflin' and shufflin'till the break of dawn.

Ca secouait,ça secouait,
On n'avait jamais vu autant de bagarre et de bazar jusqu'à l'aurore.

Saturday night fish fry fut le dernier tube de Louis Jordan à entrer dans le classement "pop". Jordan apparut encore six fois
dans le classement "rhythm and blues" ; puis en 1951, il cessa d'avoir du succès. En 1954 il quitta Decca et signa avec Aladdin,
une firme plus modeste de la côte Ouest. Après sa période Aladdin, il grava une poignée de simples pour deux filiales de RCA
Vik et X. En 1956, il passa chez Mercury, où il fit ses derniers disques valables (essentiellement des reprises de ses vieux tubes
de la période Decca). Après avoir quitté Mercury en 1958, Jordan, fut de moins en moins actif. Il enregistra de temps autre et
sans succès tout au long des années soixante chez Lou-Wa et Warwick en 1960, pour la firme britannique Melodisc en 1962,
pour la firme de Ray Charles, Tangerine , de 1962 à 1964, pour l'éphémère firme de Paul Gayten, Pzazz, en 1968, et pour la firme
française Black & Blue en 1973. En 1974, il grava un disque chez
Blues Spectrum — "le Spectre du Blues" la firme de Johnny Otis. Ce fut son dernier.
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En septembre 1974 Louis Jordan eut une attaque alors qu'il se trouvait dans le Nevada. Il s'en remit et annonça qu'il comptait
faire une tournée en Europe. Mais il succomba, quelques mois plus tard, à un deuxième infarctus ; il mourut chez lui, à
Los Angeles, le 4 février 1975. Il avait soixante-six ans. L'événement fut à peine signalé dans Billboard .
Certains ont reproché â Louis Jordan d'avoir servi la soupe à son public blanc. Dans un entretien publié par,le magazine anglais
Blues Unlimited , quelques années avant sa mort, Jordan admettait qu'il avait parfois consciemment fait en sorte de rendre ses
interprétations acceptables par "les petits cons blancs". Cet esprit de compromission putassière était lui aussi d'une certaine
façon, en avance sur son temps. Avec le recul, il est aisé de voir que le véritable rock'n'roll a toujours été opposé à la pureté,
et que Louis Jordan n'était pas plus un Oncle Tom que Jimi Hendrix ou Michael Jackson.
Par-dessus le marché, il était bien mieux sapé qu'eux.
En 1946, la compagnie cinématographique Astor distribua une comédie musicale intitulée Beware, centrée sur le tube éponyme de
Louis Jordan, paru cette année-là . La vedette du film était censée être Milton Woods (présenté comme "le Basil Rathbone noir"),
(Acteur né en Afrique du sud en 1892 mort à New York en 1967,spécialisé dans les rôles de méchant à Hollywood,resté célèbre pour
avoir interprété Sherlock Holmes à l'écran.)
mais le film est dominé par Louis Jordan et son groupe ; ils apparaissent, dans une scène sauvage et angoissante, lancés-à cheval
au grand galop sur la prairie, portant des saxophones scintillants en bandoulière par-dessus leurs costumes en peau de requin.
Quel plus beau souvenir peut-on laisser de soi ?
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Alain..

Site sur le son et l' enregistrement de Claude Gendre http://claude.gendre.free.fr/
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