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25-Les disparus " Bobby DARIN "

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hencot
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25-Les disparus " Bobby DARIN "

Message par hencot »

BOBBY DARIN
Le cœur à rebours ou Le syndrome de Frankie

Quand on dévisageait Bobby Darin, on pouvait deviner sans peine quel genre d’enfant il avait dû être, dans sa cour de récréation ou à la pension, au temps du Bronx, des dimanches à Harlem. Fier, têtu, bon prince et parfois mauvais joueur, mais pas rancunier pour un sou. Solitaire bien sûr, mais volontiers volubile, démonstratif : latin. A la fois sociable et sauvage, enjôleur et hâbleur, avec juste ce qu’il faut de frime et une petite moue rebelle de Photomaton, un sourire des pommettes qui chavirait les cœurs : touché. Le gars qui gagne toujours vos billes, mais vous les rend magnanime à la sortie. Gentleman à ses heures, seigneur des losers, dissimulant sous un trop-plein d’attentions, de gestes et de superlatifs un vieux doute qui l’amenait à rêver d’être un autre, à se projeter dans les affiches comme dans un miroir. Et avec lui, cet autre s’appelait toujours Frank Sinatra. Un Rital comme lui, crooner swing comme il les aimait, acteur comme il rêvait de le devenir, homme-orchestre et mentor, tout ce qu’il aurait aimé qu’on dise de lui au bout du chemin : « Je voudrais être un type bien et un bon professionnel » (« My goal is to be remembered as a human being and as a great performer »).
Et à la fin, on put presque le dire, à cette nuance près qu’il n’avait que 37 ans, plein de vies derrière lui et pas mal de faux départs, un cœur fragile et une tonne de médailles, tant musicales que cinématographiques, accrochées au revers, plein de standards en commun où il s’efforçait de dépasser l’original, et une vie privée plutôt dissolue qui le rapprochait vraiment de son modèle. Robert Walden Cassotto, alias Bobby Darin, avait en effet mis le paquet, appuyé sur le champignon, touché à tout, et mélangé le reste avec le même bonheur, au gré des âges et des modes : rock, variété, jazz, chanson, country, folk, musical, ciné, télé... Qui donc aurait pu commencer par Splish Splash, continuer par Mack The Knife et terminer par If I Were A Carpenter ? Il voulait tout, tout de suite et à la fois, jouer et chanter, animer et écrire, pour lui et pour les autres, la batterie et la guitare, la blonde et la brune, et finissait par ne jamais rien tenir, rien garder, qu’une poignée de sable qui se transforma en cendres. Il suffisait de lui mettre un instrument entre les mains, une mélodie en tête et une caméra en face pour qu’il démarre au quart de tour, avec une idée fixe : dépasser l’ « autre », Frankie, le gars d’Hoboken, lui damer le pion et le coiffer à l’arrivée. Être le roi. Comme d’autres rêveraient d’être Presley, il se voyait Sinatra, et, comme de bien entendu, il ne pouvait y avoir deux parrains au pays du show-business, deux dieux au paradis. Alors, il passa la main, car il n’avait jamais été très patient, pas doué pour les seconds rôles et les politesses : il n’en avait pas le temps, à la manière d’une Ferrari ou d’une Maserati. Il faisait partie de ces gens qui ont toute leur vie rendez-vous, sans jamais savoir lequel, qui vous croisent en vous disant à chaque fois qu’ils voulaient justement vous voir, puis disparaissent jusqu’à la prochaine, comme happés par le destin. Un diable dans sa boîte ou plutôt, dans le cas présent, un génie dans sa bouteille.
C'était même son secret, de courir toujours derrière tout, de gagner du temps sur la vie, de compter ses tours et lutter contre l’aiguille du compteur, celle qui flirte avec la ligne jaune, depuis qu’il avait eu à 8 ans cette mauvaise fièvre rhumatique, qui l’avait laissé exsangue, comme un petit vieux, et lui avait mis le cœur à zéro et l’espérance à plat. Une sérieuse alerte, qui survenait après la perte de son père, l’année de sa naissance, et lui donnait un avant-goût amer de la vie, un peu comme un premier whisky. Ça vous écorche la gorge et puis on s’habitue : il faisait avec. Il vibrait, swinguait, picolait, aimait avec un cœur d’occasion, à l’essai, et ne savait jamais trop, quand il emballait ou enregistrait, s’il n’allait pas y laisser la peau, rester sur le carreau. Et ce sentiment curieux lui donnait des ailes, des fulgurances, un charme enfantin. Puisqu’il n’y avait rien à perdre, c’était qu’il avait tout à gagner : Emmy Awards, Golden Globes, nominations aux Oscars, et il rafla le tout. Comme il n’avait dans sa biographie qu’un temps imparti, exactement comme dans un show TV ou un concert, il donna le maximum : 29 albums originaux et 69 quarante-cinq tours en 15 ans, explorant tous les styles dans une dizaine de firmes qui allaient de Decca à Atlantic et de Capitol à Motown, 13 longs-métrages qui ne marqueraient certes pas les mémoires ni les rétines, des centaines d’émissions TV en tant qu’invité, animateur, producteur, acteur, homme à tout faire. Il était l’homme pressé du roman, indissociable du mot standard, donc crooner, au sens le plus swing du terme, et à défaut de pouvoir s’assurer un destin, il s’en était offert plusieurs, convaincu qu’il en atteindrait au moins un. Et comme souvent dans ce cas-là, sa carrière débuta par un quiproquo, ce qui se paye toujours plus tard.
En 1958, alors qu’il n’a que 22 ans et rêve d’écrire pour les autres, son premier succès, Splish Splash, est perçu comme son style, alors que c’est son seul rock, écrit en dix minutes, tout comme quelques mois plus tard son célèbre Dream Lover, devenu l’hymne des sixties, le rangera au rayon des juke-box et surprises-parties, en fera un chanteur pour draguer, lui qui s’y donne tant de mal. Un million d’exemplaires chacun, et une belle erreur sur la personne, qui corrigera vite le tir. Le voilà donc lancé comme tous les teenagers de l’époque, ces ados gominés à prénom seul qu’on place dans les films à côté de la star pour les introduire sur le marché, ou la remettre en selle. C'est en effet le temps des Dion, Fabian, Ricky, Ritchie, Bobby, Buddy, Danny, Pat, Frankie and co, des mômes à banane montés en graine et souriant à tout ce qui bouge, en stéréo et quadrichromie, des garçons de plage gravant en Technicolor leurs succès dans le sable, des serments haute fidélité de deux minutes trente, entre fin de Corée et début du Vietnam. Dans ce décor, Bobby Darin jure, tranche sur les autres Bobby, par sa maturité, sa qualité musicale, son sens du rythme, et il le prouve dès l’année suivante en enregistrant ce qui restera son titre emblématique, une reprise pop du célèbre Mack The Knife extrait de L'opéra de quat’ sous de Kurt Weill et Bertolt Brecht, dans le cadre d’un album entier de standards, à la Ole blue eyes.
Cette fois, ce seront deux millions de copies vendues, cinquante-deux semaines au Top Ten dont neuf à la première place, en tête du Billboard, et deux Grammy Awards pour la même année 59 : meilleur disque et meilleur nouvel artiste, touchant aussi bien les jeunes que leurs parents. C'est une première du genre. Et il transforme l’essai, en se produisant dorénavant dans les cabarets à la mode : Flamingo, Sands, Hilton à Vegas, Cloister à LA et Copacabana à New York, où il ne se contente pas de chanter, mais joue aussi les hommes-orchestres, remplace quasiment chaque musicien. La voie royale, ou si l’on préfère le Boulevard des Italiens, made in USA, et l’envie d’être tout le monde, à défaut d’aller au bout de soi : de prendre le meilleur de chaque vie. En ce début 1960, il est enfin le boss, le petit prince face au King, en 61 le plus jeune artiste à avoir son propre show télévisé, et en 64 nommé aux Oscars, ce qui est ici presque aussi important que de les avoir, et bombardé dans la foulée acteur le plus prometteur aux Golden Globes. Plus moyen d’allumer sa télé sans tomber sur lui-même, de remonter l’avenue sans se croiser dans les vitrines, d’acheter un journal sans avoir de ses nouvelles. Et bien sûr de ne pas se voir briller à l’affiche de tout Broadway, en lettres hautes comme votre villa de Santa Monica. De quoi faire de vous le plus grand piéton de la Cinquante-Deuxième, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, juste pour vous sentir exister et avoir confirmation que l’univers n’est jamais qu’un cercle tracé autour de vous, que c’est bien vous qui faites la pige à James Bond et Cleôpatre sur les tramways de votre enfance.
A moins de 30 ans, Bobby, qui se dit condamné à partir tôt en raison de sa malformation cardiaque et n’a plus une seconde, un générique ou une première à perdre, avoue désormais vouloir devenir « plus grand que Sinatra », comme on rêverait d’aller plus haut que l’Himalaya, et il emboîtera souvent le pas au maître, avec toujours cette obsession de la fin, de la « panne générale » qui hantait en France un Boris Vian, pour des raisons similaires. Même maison de disques, que l’autre vient de quitter – Capitol –, mêmes reprises, mêmes clubs, même petite taille, même cour version sixties, même niaque vengeresse et canaille. Ce que l’autre a fait, il le fera aussi, et même mieux puisqu’il écrit et compose, avec le sentiment puéril de marquer des points à chaque note, de graver à chaque sillon une victoire sur l’inconnu, qu’il ne connaît que trop. Comme certains batifolent en décapotable ou posent au bord du Pacifique, il arpente jour et nuit ses plages noires, en forçat des studios, convaincu que si tout devait s’interrompre à la seconde d’après, si cette chanson devait être sa dernière, ce serait forcément la meilleure.
C'est sa manière, sa marque de fabrique : enregistrer chaque mot comme s’il était ultime, une sorte de testament professionnel. Cracher chaque couplet, chaque refrain comme un adieu, même le plus léger. Guetter chaque prise comme on va à un rendez-vous, sans cesse repoussé, ne jamais s’oublier, se lâcher, se perdre de vue. Vivre sur le qui-vive, produire en état d’urgence, et ne s’endormir que d’un œil, de préférence sur le côté droit de la poitrine : on ne sait jamais. Quand une femme en veut à son cœur, commence à lui dérober ses émotions, il se protège, se couvre comme un boxeur : un coup de pompe est si vite arrivé. Il prend facilement froid aux sentiments. Ce n’est pas évident de conquérir chaque jour l’Amérique, traverser la vie avec un cœur qui peut ne plus répondre, vous renvoyer la balle, si le cœur lui en dit soudain. Avec un signal d’alarme qui vous clignote tout le temps en pleine poitrine, dans un métier de tensions, de crises et de frissons, de bas et de haut-le-cœur, le plus grand poker menteur de Californie où mieux vaut l’avoir bien accroché, et même ne pas en avoir du tout si l’on veut survivre. Et il a beau ne pas y penser, faute justement de temps à perdre, il s’est rendu compte qu’il y réfléchissait quand même, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, que l’idée de la chose ne le quittait plus, même en rêvant : qu’est-ce qui se prépare là-dedans, quelle pause ou quelle panne, quelle grève surprise ou coupure de son ? Quand donc est programmé le top départ, la fameuse seconde? Combien de temps, de Noëls, d’aurores, d’albums et de trains pour l’été? Combien de nuits à attendre la nuit? Pour conjurer ses démons, il compose, enregistre, joue, grave en image et en son tout ce qui peut l’être, tel un Sinatra de poche. S'ingénie à reprendre derrière lui les mêmes standards, au moment où l’autre les réenregistre lui-même pour son nouveau label, Reprise. Lui pique ses orchestrateurs et ses musiciens, ses fans et ses vannes. Sa clientèle. Lui fait les poches et les pochettes, les façades et le fonds de catalogue. Et accuse le coup, d’une pointe d’aiguille, de saphir dans le thorax, quand l’autre met dans le mille, décroche le jackpot avec Strangers In The Night ou My Way. Touché, et le souffle coupé, mais jamais le micro : il repart à l’assaut du Top. Né pour ça : pour vivre, c’est-à-dire chanter.
Et les succès s’enchaînent : Queen Of The Hop, Multiplication, Things, Early In The Morning, You’re The Reason I’m Living, et même Milord et La Mer (Beyond The Sea), évoluant bientôt vers un autre genre, le folksong, avec le fameux If I Were A Carpenter et Simple Song Of Freedom du tourmenté Tim Hardin. Des perles noires qu’il ajoute à sa collection, en se disant égoïstement que celles-là, Frankie ne les aura pas, qu’il lui laisse provisoirement le jazz, McKuen, Jobim, Duke et Deodato, et emporte le protest song, qui n’a jamais été le fort du petit homme, ni sa tasse de cognac. Rarement on aura vu un artiste varier autant les plaisirs, les publics, des hit-parades de ses débuts aux grands hôtels où il revisite le répertoire des classiques et fait le show-man à merveille, devient un Rat Pack à lui tout seul. Comme un grand. Après tout, ne mesure-t-il pas quatre centimètres de plus que l’homme de Little Italy, qui ne fait jamais qu’un mètre soixante-dix, avec ses ergots et ses talonnettes? Et comme l’autre fraye un temps avec la famille présidentielle, via Peter Lawford, Bobby s’y met à son tour, d’autant plus volontiers qu’il est un vrai démocrate et en a pris un coup dans le buffet quand les quatre détonations ont retenti à Dallas. Il en garde encore le frisson. On n’est pas surpris de le voir s’engager alors aux côtés de Robert Kennedy, peu avant l’attentat fatal, et revenir sur scène avec moustache et cheveux longs dans un répertoire contestataire, en plein combat pour l’égalité des droits raciaux.
En 1968, année charnière de sa vie, il découvre même comme dans une sitcom, un mélo de gare, que celle qu’il croit être sa mère, Polly, est en réalité sa grand-mère, et que sa sœur, Nina, de dix-neuf ans son aînée, est en fait... sa mère ! Cherchez l’erreur. Il en gardera la secrète conviction que l’erreur, c’est justement lui, et ne s’en remettra plus, persuadé en bon Italo-Américain qu’à toute faute il faut un responsable et qu’il fait justement un coupable idéal. Sa mère pour sa sœur, pendant 30 ans ! La nouvelle le laisse sonné, estomaqué. Déboussolé.
Il a alors perdu ses repères, changé de maison de disques, brouillé son image, noirci son répertoire, en pleine révolution musicale, et même s’il anime son propre show à la télévision, le succès – le vrai – n’est plus là, et le temps où il rêvait d’avaler Sinatra déjà un souvenir. L'autre s’est refait une jeunesse avec Mia Farrow, 20 ans, et une virginité avec la commission d’enquête du FBI, et c’est tout juste si on ne lui a pas proposé le rôle du Parrain, où il se serait lui-même bien vu en Brando, initialement filmé par Preminger : n’y avait-il pas inspiré le personnage du chanteur Johnny Fontane, supporté dans le film par Don Corleone? Basta. A trop en faire, Bobby est usé, épuisé, désenchanté et traverse sans conviction des séries B : Le Shérif aux poings nus, c’est lui, avec un titre original idéal pour nos mercredis, Gunfight In Abilene, et une musique de son cru, et puis ce capitaine Newman qui lui vaudra d’être nommé aux Oscars. Mais il a tourné aussi avec Cassavetes (La Ballade des sans-espoirs), Robert Mulligan (Le Rendez-vous de septembre), José Ferrer (La Foire aux illusions), comme on pousse la porte d’un autre destin, juste pour voir, avant de changer de taille d’écran et de choisir le plus petit : il se méfie de ces chanteurs acteurs qui débarquent en plein désert à cheval pour en pousser une, sortent une guitare débranchée entre deux tipis comanches, et roucoulent en faisant tourner leur barillet. Il ne veut pas être le crooner de service, qu’on habille en GI pour allumer la caissière du coin et faire passer le justicier sur le retour, le complément de programme souriant à l’autre bout du cinémascope. C'est un métier trop sérieux pour en rire, et puis rien ne vaut le ring, c’est-à-dire la scène. Bien sûr, il y a toujours son éternel sourire, sa voix et son bagout, la pommette gourmande et ce regard à la dérobée qui a l’air de vous donner rendez-vous à la sortie, pour continuer le film. Ses mimiques et ses moues adolescentes, encore actives sous le brushing et les liftings du temps. Son p... de métier. Il n’a pas fait quinze ans les shows de Johnny Carson, Jacky Gleason, Andy Williams, Dean Martin, Flip Wilson et... Bobby Darin pour rien! Il sait s’y prendre, côté entertainment, et décroche même un contrat sur NBC, où il aura un rendez-vous régulier avec le public, comme beaucoup de ses confrères. Eux aussi commencent à ramer, galérer sérieusement, les Dion DiMucci et Frankie Valli, les enfants de la Petite Italie, poussés par la génération soul qui virera bientôt au disco : personne n’est parfait.
Mais il a divorcé de Sandra Dee, sa partenaire et compagne, et la mère de son fils, et papillonne autour des spots tels ces débutants avides de lumière qui mangent la caméra des yeux. Le spectacle, il en a besoin pour vivre, pour respirer, pour chanter, et là, il étouffe : tant de choses à dire, écrire, produire, et si peu de temps pour tout faire... Combien de titres devant lui, de shows, de secondes jusqu’à la fin? Parfois il compte les heures, en orbite au milieu de ses disques d’or comme un vaisseau perdu dans sa galaxie. Jamais l’autre n’en fera autant. Il peut dormir tranquille. En 1971, on l’opère une première fois à cœur ouvert pour corriger les dysfonctionnements de son enfance. En vain : on ne réécrit pas ainsi le début de l’histoire. Deux ans plus tard, le 20 décembre 73, il meurt pendant une nouvelle opération, laissant derrière lui un enfant de 12 ans, quelques centaines de chansons et un rêve inachevé : devenir plus grand que la vie. Bobby Darin ne sera jamais vieux, et claque des doigts dans notre mémoire comme on égrène les secondes, comme on bat le tempo du cœur. Vingt ans plus tard, Sinatra s’éteindra le jour anniversaire de sa naissance, en forme d’hommage involontaire, from a king to a kid.
Et c’est un véritable acteur, Kevin Spacey, qui rentrera trente ans après dans sa peau pour lui redonner vie, se mettra lui-même en scène pour retrouver enfin l’esprit du « Copa », le soir où Bobby swingua Hava Naguila et fit jaillir une fois de plus de son chapeau le couteau de ce bon vieux Mackie, dans le Berlin frelaté de l’entre-deux-guerres... Celle-là, « l’autre » avait beau la chanter, « il » ne l’aurait jamais, parce qu’elle était à lui, qu’il y avait mis toute sa vie, en trois minutes et douze secondes, et peut-être laissé sa peau, et qu’il en frissonnait encore de là-haut, à chaque fois qu’elle tournait sur le grand pick-up. Et le vieux s’était senti obligé d’ajouter un couplet à la plume de Brecht :

« Old Satchmo, Louis Armstrong, Bobby Darin
Did this song nice, lady Ella too
They all sang it, with so much feeling
That old blue eyes, he ain’t gonna add nothing new »...

C'était le plus bel hommage qu’on pût lui rendre, sa carte du club et la confirmation que Dieu l’avait accueilli au saint des saints, ad libitum.
Alain..

Site sur le son et l' enregistrement de Claude Gendre http://claude.gendre.free.fr/
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