L'été dernier, je visite l' Emaüs de la région de Royan et je la trouve, la platine ERA 555 dans un sinistre état, tellement sinistre que même Kikook n'en avait pas voulu!
Vous connaissez mon intérêt pour les appareils de la marque, donc j'y vais de mes 5 euros et je repars avec la ruine sous le bras. Pas si ruine que ça! Un bon coup de nettoyage, un peu de restauration, je branche et voilà la platine qui tourne et lit correctement les disques que je lui demande de lire. Que demander de mieux? Et bien justement, c'est là où ça se gâte.
Retour à Royan en novembre et je me dis que ce serait bien de changer les câbles RCA. Tous les vintageux le font! Alors pourquoi pas moi, hein? Je vous le demande! Et allons-y... Vers la catastrophe.
Le défaut des platines ERA c'est que la carte du circuit imprimé faisant la liaison, câbles du bras de lecture-câbles RCA est fixée sur le socle et non pas sur la platine. Donc si vous ouvrez la "boîte" et bien très vite vous ne pouvez rien faire parce que la socle est solidaire de la platine du fait des 5 petits câbles du bras de lecture. Vous vous énervez un poil et hop, les câbles en question se retrouvent dessoudés de la carte du circuit imprimé. Je suis clair? Non, pas trop? Alors photo:
Fichier(s) joint(s): Donc voici le fond de la platine. Remarquez qu'il est en acier et pas en Isorel comme beaucoup de platines de l'époque (Thorens, Pioneer) Avantage? La platine ne fait pas boîte de résonance comme le signale à juste titre les publicités de la marque. Vous pouvez tapoter du doigt la platine lorsqu'elle fonctionne, vous n'entendez pas l'écho du choc dans les enceintes.
Fichier(s) joint(s): Zut! J'ouvre ou j'ouvre pas. Si jamais j'ouvre, j'aurais du mal à faire jouer la garantie du constructeur (un peu floue, la garantie!). Tant pis j'ouvre!
Fichier(s) joint(s): Pour ceux qui n'ont (encore) jamais ouvert une "boîte" ERA voici comment ça se présente, une fois qu'on a sorti le plateau, le contre-plateau, le bras de lecture.
Vous voyez les deux tiges de métal qui reposent sur ressort et qui assurent la suspension de l'ensemble plateau, bras de lecture. En haut, à droite le pivot du bras de lecture et juste derrière sur deux vis avec entretoise, le petit circuit imprimé sur lequel sont soudés les 5 câbles du bras de lecture (on pourrait dire les 5 fils tellement ils sont fins) et les câbles RCA avec celui qui fait masse.
En bas, à gauche, le commutateur marche/arrêt qui sert aussi de sélecteur de vitesse. J'y reviendrai à celui-là parce qu'il m'a joué un tour de cochon.
NB la 444 est conçue de la même manière. Sauf qu'elle n'a pas la suspension.
Donc en novembre, la platine 555 est cassée! Gagné! Le mieux est vraiment l'ennemi du bien en vintage surtout quand le mec qui est au fer à souder est une vraie... brèle (Alain ne dit jamais du mal de toi. Laisse ça aux autres, ils sont assez grands pour ça!)

Je commande donc un jeu de câbles de bras chez Hifi-phono-house une entreprise que je trouve pas très chère et vraiment efficace (non, je ne touche pas de royalties!) et j'attends le printemps et les congés pour retourner à Royan.
Et là, les primevères revenues, je me mets à réparer les dégâts que j'ai causés.
J'en profite pour faire un sérieux nettoyage de l'engin.
Fichier(s) joint(s): Et je recâble le bras:
Fichier(s) joint(s): Notez-bien que pour ce faire je décide de ne pas souder les terminaisons des fils de Linz, (je crois que ça s'appelle ainsi) sur le petit circuit imprimé qui supporte la cellule mais de les connecter directement sur la cellule à l'aide des cosses. Ce me semble plus facile et surtout je pense que ça offre une meilleure connexion.
Je vais donc remonter lorsque: Boum, explosion, grosse étincelle, et disjonction du circuit électrique. Damned! que s'est-il passé?
Et bien un superbe court-circuit dû sans doute à un truc qui trainait sur la table! Quand on est bordéliqie, (Alain ne dis pas du mals de toi

Fichier(s) joint(s): Donc ça a cramé. Mais quoi, un condensateur? Je jette un œil sur la platine ERA 1000 que je possède et je vois que ce qui a sauté c'est un pont en fer qui relie les deux points.
Je coupe donc un petit morceau de fil électrique que je soude entre les deux points. J'essaie en m'éloignant, la main sur le téléphone prêt à faire le 15, au cas où. Rien. C'est à dire que le moteur fonctionne à nouveau. Chance non?
Il ne me reste donc plus qu'à tout remonter...
Et voici le résultat:
Fichier(s) joint(s): Un petit défaut, j'ai laissé un peu trop de câbles à la sortie du pivot. Mais d'un autre côté, si je dois à nouveau ouvrir la boîte, j'aurais un peu de mou avant... d'arracher les soudures!
Enfin du travail pour obtenir ce que j'avais déjà; une platine qui fonctionne très correctement.
Le mieux ennemi du bien.
Lorsque je vous lis les amis, rois du fer à souder, empereurs de l'électronique, j'ai l'impression que tout cela est fastoche. Allez, je change les condos, et hop aussi dit aussitôt fait. Une panne? Je sors le multimètre, je te règle le bias, le courant au repos, et hop!
Et bien moi je vous le dis, c'est carrément de la publicité mensongère!

Parce que ce n'est pas si facile. Plus sérieusement, on arrive à casser davantage qu'on améliore.
Dernière aventure dans le genre, j'ai voulu changer la connexion RCA de ma Thorens 145. J'y suis parvenu mais du coup, l'arrêt automatique est légèrement déréglé.
Enfin, sauf lorsqu'on est expérimenté, je dois dire que les réparations que l'on bricole sont souvent pas très jolies jolies. Vous savez ce qu'on lit souvent: "La vache, le mec qui a réparé ça, était un vrai sagouin!).
Enfin moi, ce que j'en dis...
PS. Soyons réalistes et humbles: technicien, électronicien, ce sont des métiers qui s'apprennent. Il ne faut pas s'imaginer qu'on peut d'un coup acquérir ce type de compétences! Ah mais

En attendant, bon dimanche à tous![