" The Precision Makes The Difference "
Il est des passions comme des voyages, certaines vous transportent loin, très, très loin.
L'une d'elle me porta jusque en Chine, en fait je devrais dire rue de la Chine, à Paris dans notre belle capitale au cœur du 20 ème arrondissement au cours des années 70.
Alors que je raccompagnais un copain d'école chez lui, je passais devant un local dont le mur était en partie constitué d'un pavage de verre entouré d'un cadre en bois vernis d'où une lumière laissait apparaître une ombre humaine qui semblait plus ou moins figée.
Sur ces pavés de verre une publicité attira vivement mon attention car on y voyait des tournes disques de la marque Dual dont j'avais pris connaissance de l'existence peu de temps avant, une amie de mon père avait une 1214 et je dois dire que ce modèle m'avait déjà fortement impressionné par sa qualité de fabrication, malgré ma très jeune expérience en ce domaine.
Ce fût ma deuxième rencontre avec des tournes disques HIFI, la première eu lieu non loin de là, rue Pelleport devant une vitrine " exhibant " du matériel de marque ERA.
Prenant mon courage à deux mains, je poussais la porte et, tout penaud en m'adressant à un monsieur d'un certain âge, je lui demandais si je ne pouvais pas avoir un catalogue des produits proposés par Dual.
Ce monsieur très gentiment me présenta le dernier catalogue de la marque en me montrant la production qui déjà en imposait à ma petite personne.
Ce beau catalogue de l'époque, haut en couleurs et parfois même en mise en scène, me fascinaient et je ne cessais de le compulser et surtout de regarder les tournes disques, tous plus beaux les uns que les autres.
Nous étions en fait en 1974 et une nouvelle " platine " venait d'être mise sur le marché, la Dual CS-601, entraînée par courroie.
Il faut savoir, pour la petite histoire, que Dual passa directement de l'entraînement par galet à l'entraînement direct, en proposant la fameuse CS-701, développée en 1972 et commercialisée en 1973 et ce fût d'ailleurs la première platine HIFI à entraînement direct proposée pour le grand public, tout en sachant que c'est Thorens qui déposa le brevet de ce type d'entraînement.
Cette CS-601 ne fût que deux ans au catalogue.
Elle reprenait tout l'architecture de base des platines Dual, l'automatisme, la contre platine suspendue par quatre ressorts à boudin et un bras monté sur un double cardan équipé de roulements à billes de haute précision.
Je reviendrai plus en détail à ce sujet.
La nouveauté pour Dual était donc l'entrainement du plateau, en alliage rectifié non magnétique, équilibré et recouvert d'un couvre plateau en caoutchouc collé directement dessus, par l'intermédiaire d'une courroie plate elle aussi rectifiée prenant place autour d'un sous plateau réalisé dans le même alliage que le plateau. Deux très belles pièces de fonderie qui soit dit en passant, sont faites d'un alliage qui ne s'oxyde pas avec le temps.
Le tout tournait avec un axe en acier trempé dans un palier en laiton avec fond amovible pour une entretient poussé et sérieux de l'ensemble.
Une vis de sécurité venant bloquer la sortie de l'axe pour éviter tout incident.
Le moteur était un 8 pôles asynchrone et avait comme particularité d'avoir une poulie segmentée dans laquelle un cône en métal venait plonger afin de faire varier le diamètre de la poulie, cela par l'intermédiaire d'une potence amovible que l'on actionnait au moyen d'une petite courroie crantée entraînée par un bouton rotatif placé au dessus du sélecteur de vitesse 33 et 45 trm.
La variation était de l'ordre de + ou - 6%.
Il est aussi à noter que le changement de vitesse ne s'effectuait que lorsque le plateau tournait, effectivement un système très ingénieux évitait toute torsion de la courroie au repos afin de ne pas la déformer.
Un stroboscope, grand luxe à l'époque, venait compléter cet ensemble mais seulement utilisable avec la vitesse de 33 trm.
Il était gravé directement sous le plateau et grâce à une lampe néon, un jeu de miroir et une petite glace en plastique transparent était visible juste devant la tête de lecture.
Le bras de lecture était un 9 pouces constitué d'un double cardan monté donc sur roulements à billes de hautes précision mais là ne s'arrêtait pas ses formidables caractéristiques.
Cette pièce était aussi une très belle pièce de fonderie, parfaitement finie, peinte et brossée dans laquelle venait prendre place un tube en aluminium muni en son bout d'une tête amovible spécifique à Dual.
Cette tête détachable était maintenue, grâce au lève bras manuel (à ne pas confondre avec le lève bras amorti) placé en bout de bras, par une action de pivotement de celui-ci.
Le standard d'écartement était au standard toujours utilisé à l'heure actuelle.
Indiquons aussi que sur la Dual CS-701, les manettes ainsi que la tête de lecture étaient en alliage et non en plastique comme sur la CS-601, que la caisse était en bois plaquée et que le capot avait une épaisseur correspondant au double de celui de la CS-601, déjà on grignotait sur la qualité...
La pression de l'aiguille se faisait au moyen d'un ressort calibré placé à la droite du cardan dans un tambour avec une graduation allant jusqu'à 3 grammes.
Le système " antiskating " était confié lui aussi à un ressort calibré placé sous la platine et par traction réduisait au mieux la force centripète.
Le contre poids, monté sur un ensemble en caoutchouc, prenait place sur une tige filetée à grand débattement et comble du bonheur, cette tige elle même venait coulisser dans le tube du bras afin de pouvoir adapter la masse du contrepoids à une cellule de poids important.
Un écrou de serrage venait figer l'ensemble après réglage.
L'équilibrage du bras était dynamique et à l'instar du bras EMT 929, on pouvait incliner fortement la platine en cours de lecture sans le diamant quitta le sillon !
Il était pas bien conçu ce bras ?
Ces séries de tables de lectures étaient aussi équipées d'un très performant système automatique de pose et retour du bras, d'un silence de fonctionnement qui force le respect même après des décennies d'utilisation et sur la CS-601 il y avait la possibilité de jouer la face à l'infini en actionnant un petit sélecteur placé à droite du porte cellule.
Un autre système très ingénieux consistait à couper la transmission audio pendant la manœuvre automatique, cela grâce à une came qui venait décoller un jeu de lames contact reliant le câble de modulation.
Un petit coup de KF-F2 de temps en temps évite l'oxydation de ce jeu de lames.
D'origine elle était équipée d'une très bonne cellule MM Ortofon M20E, j'ai d'ailleurs retrouvé un diamant NOS pour la mienne.
Dual, mettant un point d'honneur à sa partie mécanique, avait aussi pensé que lors du transport tout ce petit monde pouvait se dérégler.
La grosse différence avec les autres systèmes automatique vient du fait que le principe de Dual était en partie à friction et ne pouvait donc pas se bloquer et qu'il suffisait simplement de maintenir le bras sur son support et de mettre la platine en " route " en actionnant le départ automatique afin que toute la cinématique technique revienne en place.
Voilà, j'oublie sûrement des tas de petits " trucs " mais je laisse la place à aux photos et bon voyage à tous :
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