Je passais par là, après un détour volontaire de 3 kilomètres. La routine habituelle quoi ! Mais où donc ? À la friperie de l’Armée du salut. J’y avais laissé passer un Pioneer SX-680 à 35 $ récemment. J’y pense encore d’ailleurs. Donc, ce hasard provoqué m’amène dans la section audio et, malheureusement, je n’y vois que le vieux stock habituel. C’est en passant dans la section meuble que j’aperçois une vielle enceinte (si on n’était pas sur un forum audio ça porterait à confusion), cache de tissu beige, boite en bois. Je m’approche, je la tourne de tous les côtés. Rien, à part l’indication du marchant, « Set 1 of 2 – No Tweeter 8$ ». Pas de logo, pas de nom de fabricant, ni numéro de modèle. Un seul bouton à l’arrière marqué « Normal ». Le questionnement commence. À quelle marque ai-je donc affaire ? Fonctionne-t-elle ? Où est sa sœur jumelle ? Une enceinte bas de gamme générique ou un bon modèle que je ne connais pas ? Je commence à transpirer, j’enlève mon manteau. Quoi faire ? Autre détail qui n’aide en rien ma décision, elle est légèrement abîmée sur le dessus et la cache n’est pas en parfait état. Je demande à un vendeur qui passe par là s’il sait où se trouve la seconde enceinte. Il me répond qu’ils ne l’ont pas. Il ne l’a jamais vue. Il me propose de me faire celle-ci à 4$. « Belle décoration ! » Me dit-il. S’il savait à quelle vitesse mon appartement rapetisse avec toutes ces belles décorations… Pour ma part, ai-je besoin d’un autre projet inachevé ? « Dans le doute abstient-toi ». Je suis donc raisonnable, je passe mon tour pour le moment. Je quitte le magasin, mais non sans avoir mémorisé, visuellement, l’apparence de la boite en question.
De retour à la maison, je recherche « vintage speakers » sur Google. En moins d’une minute j’identifie la boite de son. C’est une Dynaco A25. Construite au Danemark entre 1970 et 1976, il semble que la compagnie en ait vendu des centaines de milliers. Entre 600 000 et 1 000 000 de paires dit-on (tout un jeu de mot, n’est-ce pas ?). Les critiques sont tellement bonnes qu’elles me convainquent de retourner à l’Armée du salut acheter cette unique exemplaire.
Une fois sur place le vendeur me reconnaît et me dit : « Hey ! J’ai trouvé l’autre boite dans l’entrepôt. Je vous avais cherché pour vous le dire, mais vous étiez déjà parti. » À ce moment je me suis dit « Ouf ! Heureusement que je n’avais pas pris la boite à ma première visite, car je ne serais pas retourné avant un bout de temps et on aurait sans doute vendu l’autre boite à un autre gars voulant décorer son appartement. » Quelle chance ! Le vendeur va chercher la seconde enceinte et, après de longue minutes, il revient avec une boite en parfait état, 9/10. De mieux en mieux. Il me fait les deux pour 10$. On emballe les enceintes avec des vieux sacs de plastique et on fait des poignés avec du ruban adhésif. J’ai ensuite marché environ 1.5 kilomètres avec ces paquets de 11 kilos avant de prendre l’autobus pour le restant du trajet jusqu’à chez-moi.
- Un emballage improvisé.
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Une fois entré, je pose les boites sur la table, je prends quelques photos pour la postérité et… je mets de la glace sur mes biceps. Puis, je prends le temps de souper, sans précipitation. Il faut savoir faire durer le plaisir, mais je me demande quand même ce qu’elles me réservent. Minutieusement, je prépare mes fils. Je n’ai que du calibre 22, mais ça fera l’affaire pour le moment. Pour le premier test, je les branche sur un Kenwood KR-A4040 qu’on m’a donné. Pas très bon ce receiver de 1992, mais ce n’est qu’un premier test et, surprise, ça joue, mais… soudain en montant le volume, qu’est-ce que j’entends ? Distorsion sur une enceinte ? Non, je suis idiot, c’est le tuner, qui n’a pas d’antenne FM, qui capte mal le signal lorsque je me déplace. Ouf ! Quelle frousse ! Je croyais encore avoir affaire à des citrons. On se calme ! On… Se… Callllllme ! On va essayer le iPod. Soulagement ! Quel joli son feutré. C’est vrai qu’il manque un Tweeter, mais c’est très agréable. Je pousse l’ampli presqu’au maximum et, sur une pièce que je ne peux nommer pour cause de iPod Shuffle rempli aléatoirement, un coup de timbale fortissimo est absorbé aisément par les caisses. C’est agréable, mais suspect. Premièrement, les deux caisses sont sur ma table de cuisine à quelques centimètres l’une de l’autre et, de surcroit, cette table est en verre sur une base d’acier.
- On remarque la cache légèrement abimée.
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- Un autre point de vue laisse voir le bel état du placage.
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- Une suspension en caoutchouc et un tweeter manquant.
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J’amène donc les enceintes dans la chambre et je les branche sur mon
Technics SA-404. Ce sera un test comparatif, puisque sur le Technics sont déjà branchées des…
DM4. En effet, il n’y a pas de meilleure façon de tester deux paires d’enceintes que de pouvoir les sélectionner rapidement sur un même ampli avec la même musique. Alors on entend toutes les différences soniques sans égard au choix musical.
- L'ensemble testé. Remarquez le tissu de la cache réinsérée comme il faut sur l'enceinte droite.
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Et le résultat ? Vous l’aurez deviné, les A25 ne sont pas dans la même catégorie. Elles n’arrivent pas à la cheville des DM4 pour la clarté du son, pour sa précision, ni pour sa présence et encore moins pour le naturel. Mais, quand vous commencez à les écouter seules, quelques secondes deviennent vites quelques minutes voir quelques heures. Oubliez tout ce que j’ai écris au début du paragraphe. La musique passe et vous frissonnez en entendant Gould dans les Variations Golberg. C’est carrément une autre conception du son.
Pour conclure, je ne sais pas si ça vaut les 300$ que certains semblent être prêt à payer sur eBay pour s’en procurer. Une chose est sûre, leur qualité ne s’évalue pas tant par des critères techniques précis que par un rendu global, ma foi, très agréable et envoutant. L’antithèse du son anglais.
Depuis que je collectionne du vintage, j'ai un problème de plus. En plus de me demander ce que je vais écouter, je dois maintenant me demander sur quoi je vais l'écouter.
