J'avais, il y quelque temps, réalisé un banc d'essai des supravox Picola 2 équipées du T 215 SRTF , une version à bicône donc. Je viens de recevoir aujourd'hui une paire de Dauphine équipée du 215 RTF 64, donc sans bicône, et m'en vais de ce pas vous communiquer mes premières impressions.
Présentation: L'enceinte se présente sous la forme d'une ébénisterie soignée aux dimension de 32 x 60 x 25 plaquée de Teck. Le tissus de façade, semblable à celui de la picola mais un peu plus luxueux, consiste en une toile brune rayée de beige aux reflets légèrement dorés. Le résultat et assez agréable. La petite plaque de métal "procédés Supravox" en lettres d'argent sur fond noir clouée sur la façade ajoute un charme certain au style sobre et discret de ces enceintes. La présentation d'ensemble marque toutefois son âge, ce qui n'a rien d'un inconvénient en collection, mais les rendra moins discrètes dans un intérieur moderne que des enceintes des années 70. Le haut parleur est monté en ventral sur un panneau de contreplaqué. le reste du coffret est fabriqué en agglo de 17 mm. Le fond est identique à l'infâme plaque d'agglo de 11 mm des picola, responsable de certaines colorations de coffret dans le bas-medium. Il faudra faire avec. Le bornier consiste en une fiche din femelle apparemment source de mauvais contacts avec l'âge. Bien que convaincu des bienfaits du respect de l'origine, il me faudra certainement la remplacer par deux bornes pour fiches bananes. La musicalité y gagnera certainement. Le câble interne est un câble cuivre apparemment 1, 25 ou 1, 5 mm de section. On trouvait fréquemment plus fin à l'époque, c'est donc tout à fait décent.
Ecoute: il est très probable que ce banc d'essai soit modifié dans le détail ultérieurement, car je ne suis pas en mesure actuellement de tester ces enceintes dans les meilleures conditions. Le local d'écoute possède une acoustique trop mate, le positionnement des enceintes est inadéquat (trop haut) et le câble de mauvaise qualité. Toutefois, leurs caractéristiques les plus distinctives ressortent suffisamment clairement pour que je pense justifié de communiquer ici les premiers résultats. Sur du piano (Brahms, pièces pour piano, par W. Backhaus, 1932-33), la précision est remarquable et notamment en termes de grain et de timbre de l'instrument. Bien que ces enregistrements soient très anciens, ils sont de fort bonne qualité et les supravox, très riches dans le medium, mettent en valeur toutes leurs qualités. Sur des enregistrements plus récents, il est clair que la bande passante dans le grave est tronquée, ce que l'écoute d'un orchestre symphonique confirme (Debussy, prélude à l'après midi d'un faune, par Ansermet, Decca 1957). Une certaine profondeur est néanmoins sensible, et par dessus tout une abondance de détails et un pouvoir d'analyse dans le medium/haut-medium exceptionnel.
Pour synthétiser leurs propriétés acoustiques, je dirais que le son est plus massif que sur les picola équipées d'un bicône, mais que l' aigu est en contre partie un peu moins fin, à cause de l'abondance du haut-medium qui tend à l'épaissir et à passer sensiblement par dessus. La courbe de réponse du HP le confirme (bosse entre 3000 et 6000 Hz). Le grave n'est pas vraiment meilleur que sur les picola, peut-être un peu plus vigoureux en terme de texture, ce qui semble davantage provenir d'un meilleur rendement entre 100 et 500 Hz que sur la version bicône, que du volume de charge plus généreux. Autrement dit, c'est plus une question de qualité que de quantité. Le medium haut-medium est encore plus analytique que sur la version bicône. Au final, la musicalité du RTF n'est pas vraiment supérieure (du moins dans ces enceintes) à celle du SRTF dont l'aigu plus fin offrira peut-être plus de satisfaction à la plupart des auditeurs. Les qualités du RTF sont néanmoins bien réelles et les timbres sensiblement plus consistants plairont à ceux qui accepteront d'en rabattre sur l'aigu. personnellement, il m'est bien difficile d'établir une distinction absolue entre les deux. C'est plus une question de différence d'esthétique sonore que de supériorité de l'un sur l'autre. Que ceux qui ne possèdent que la version bicône se rassurent, il n'est pas du tout dit que le RTF leur plairait davantage.
Conclusion: les dauphines équipées du RTF sont des enceintes très intéressantes, mais la hiérarchie que l'on peut être amenée à faire entre le SRTF et le RTF est plus une question de goût qu'une question de supériorité absolue de l'un ou de l'autre quant à la musicalité d'ensemble. Dans le medium/haut-medium, le RTF est en revanche plus performant. Le surcroît de volume de charge n'améliore pas le grave de manière significative, ce qui corrobore les essais que j'avais faits d'enceintes construites autour de la version moderne de ce HP avec différents volumes de charge. L'effondrement du rendement en dessous de 100 Hz du HP fournit de toute façon la réponse la plus objective à cet état de fait. Il semblerait toutefois que ce HP monté en baffle plan donne des résultats supérieurs, une solution que je n'ai pu essayer. Il est clair en tout cas que l'écoute est très typée, plus encore qu'avec la version bicône, et ne conviendra pas à tous. Ce large bande doit savoir être apprécié pour ses qualités mais pardonné pour ses défauts, surtout dans le grave. Pour les amateurs, et j'en suis, les enceintes équipées du RTF possèdent un charme considérable.
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